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GERARD DELTEIL |
Les Pilleurs De BagdadAux éditions L ARCHIPEL |
3342Lectures depuisLe vendredi 21 Novembre 2003
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Une lecture de |
Des collectionneurs et des marchands d’art américains ont-ils commandité le pillage du musée de Bagdad ? Telle est la thèse qui ressort du roman de Gérard Delteil Les pilleurs de Bagdad. Ce gros thriller de près de 400 pages raconte en effet l’aventure d’un commando de marines américains chargé par de mystérieux commanditaires de s’emparer d’un certain nombre d’objets de grande valeur. Dirigés par un officier d’origine mexicaine, expert en coups tordus et missions à hauts risques, ces soldats perdus sont couverts par un général qui, de toute évidence, appartient à l’état major des armées qui ont envahi l’Irak. Comme par hasard, les chars qui protégeaient le musée s’en éloignent sur des ordres venus de très haut à l’instant où le commando s’apprête à commettre son forfait… Les pilleurs de Bagdad reste un roman et non un ouvrage d’enquête. Pourtant, comme bien souvent, la fiction s’inspire et de la réalité et la rejoint. Le New York Times a en effet révélé récemment que l’Américan Council for Cultural Policy, association qui regroupe des collectionneurs et des marchands d’art, avait pris contact avec le Pentagone à la veille de l’invasion de l’Irak. Présidée par l’avocat Ashton Hawkins, spécialiste du commerce de l’art, l’ACCP revendique depuis longtemps la « liberté de circulation des œuvres d’art » et l’abolition du monopole d’Etats comme l’Egypte et l’Irak sur leur patrimoine culturel. Un de ses objectifs est d’alimenter le marché de l’art américain où l’offre serait insuffisante… Si le roman de Delteil ne cite pas de noms précis, sinon des initiales, certains personnages sont transparents : il est clair que de hautes personnalités de l’entourage de Georges Bush sont visées. Les « communicants » de la Maison Blanche, chargés de vendre la guerre aux médias internationaux sont aussi dans le collimateur de l’auteur. Car, si les public relations de l’armée américaine ont tout fait pour minimiser les effets du pillage, et mettre en valeur le retour de certaines pièces, tel le fameux vase de Warka et la « Mona Lisa de la Mésopotamie », qui jouent un rôle très particulier dans le thriller de Delteil, il n’en reste pas moins que 10 000 à 13 000 objets de grande valeur ont disparu. Il est permis de supposer qu’ils ne sont pas perdu pour tout le monde. Certaines pièces ont sans doute déjà trouvé preneurs sur le marché de l’art américain et figurent en bonne place dans des collections privées… Gérard Delteil Romancier et journaliste d’investigation Avec Les pilleurs de Bagdad, Gérard Delteil n’en est pas à sa première incursion dans le domaine de la politique fiction et du polar ancré dans l’actualité. La plupart de ses romans utilisent en effet des matériaux précis recueillis au cours d’investigations journalistiques particulièrement sérieuses. Cet auteur est connu pour son souci du détail et du réalisme. Son roman Riot Gun, adapté à la télévision, trouvait par exemple son origine dans une véritable affaire de tentative de meurtre dans les milieux de la viande où il avait assez longuement enquêté. Schizo venait après une investigation non moins méticuleuse sur les usines chimiques à risques, quelques années avant l’explosion d’AZF. Du sang sur la glasnost mettait en scène une tentative de coup d’Etat contre Gorbatchev six mois avant le putsch avorté. Pour écrire Les pilleurs de Bagdad, Delteil a bénéficié de l’aide de plusieurs reporters qui ont couvert le conflit. A son habitude, il s’est très longuement documenté, ce qui donne à ce thriller un parfum de réalisme et d’accusation. |
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