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ALEXANDRE DUMAS |
Le Comte De MazzaraAux éditions MANUCIUS |
737Lectures depuisLe lundi 5 Janvier 2021
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Une lecture de |
Préface de Philippe Radé. Collection Aventures & Mystères. Editions Manucius. Parution mars 2019. 176 pages. 13,00€. ISBN : 9782845787032 Le conte du comte, ça compte ! Comme souvent, surtout dans les romans écrits dans les années 1860, Alexandre Dumas n’hésite pas à se mettre en scène, tout au moins dans les premiers chapitres. Ainsi nous le découvrons alors qu’il vient de recevoir un courrier de son ami Ferdinando Petrucelli della Gatina, un député italien qui séjourne assez régulièrement à Paris. Celui-ci lui propose un manuscrit à lire, corriger et éventuellement à publier sur le support qui lui semblera bon et dont le titre est Le comte de Mazzara. Dumas en profite pour informer ses lecteurs, qu’il avait participé auprès de Garibaldi à une échauffourée à Palerme, une révolte contre les Suisses envoyés par les Napolitains. Les Siciliens n’appréciaient guère cette ingérence. L’un des hommes de Garibaldi, que Dumas connaissait, devait lui narrer l’histoire du Palais Mazzara, mais blessé, il ne put décrire dans quelles circonstances ce Palais était devenu la propriété d’Alphonse de Quinzac. Or, dans le même temps, ce manuscrit est accompagné d’une autre lettre, émanant justement d’Alphonse de Quinzac, qui le prie de venir déjeuner lorsque bon lui semblerait. Dumas s’empresse d’accepter et le jour même il se rend à l’adresse susdite, d’autant que son fils est ami avec de Quinzac. Dumas remarque dans le salon le portrait d’une fort belle jeune femme et il s’avère qu’elle participe à l’histoire dont il va être le bénéficiaire. De Quinzac après ce repas, préparé par Dumas de conserve (mais ce sont des produits frais) avec la cuisinière, recueille le récit qui coïncide avec celui de Ferdinando Petrucelli della Gatina. Le comte de Mazzara habitait à Palerme et de Quinzac fut invité en son château. Or il remarque que les Palermitains, jusqu’aux domestiques, fuient ce comte qui semble attirer le malheur sur son passage ou à son contact. De Quinzac peut s’en rendre compte de visu lors des déplacements qu’il effectue en compagnie du noble. Les Palermitains et par extension les Siciliens sont superstitieux et ils ont décrété que Mazzara portait la poisse. Même Flora, la fille de celui-ci, ne vit pas au même étage. De Quinzac tombe amoureux de la belle Flora, d’abord en découvrant le tableau la représentant, puis en la dévorant des yeux lorsqu’elle se présente en chair et en os (non elle n’est ni maigre ni grasse). Seulement Flora possède un lourd passé et de Quinzac se demande comment, alors qu’elle a vingt-deux ans, qu’elle ne soit pas mariée, malgré sa beauté et sa richesse.
Dans ce roman, mi-grande nouvelle mi-causerie, qui fut publié en feuilleton dans Le Mousquetaire en 1866 et jamais édité en volume depuis, et l’on se demande pour quelles raisons, nous retrouvons les thèmes de prédilection chers à Alexandre Dumas. Les voyages et surtout l’Italie servent de décor à ce que l’on pourrait considérer comme un roman historique. Mais le personnage de comte porte-malheur nous entraîne dans une voie quelque peu fantastique. L’action et les combats sont abondamment exposés dans la première partie, et l’on apprend que Dumas transportait des armes à bord de sa goélette, armes qui étaient destinées à Garibaldi. Enfin, Dumas était un épicurien, et s’il aimait manger et boire en fin gourmet, c’était également un excellent cuisinier (d’ailleurs à l’époque de l’écriture de ce roman, il rédigeait son dictionnaire de cuisine) n’hésitant pas à prendre la place de la cuisinière. Et à lui délivrer un hommage regrettant que les hommes prennent trop souvent leur place, du moins dans les guides spécialisés. Un homme moins intelligent que vous aurait un cuisinier ; mais vous avez remarqué, vous, que la femme fait une cuisine plus fine, plus délicate, plus distinguée que l’homme. Le difficile est de la trouver jeune et déjà à l’apogée de son talent. Une cuisinière doit être belle, fraîche, coquette et avoir de vingt-huit à trente-cinq ans. Dumas émet comme on peut le lire quelques réserves (alimentaires) mais l’intention est là. Et au passage, il égratigne quelques confrères. Que voulez-vous, quand j’ai vu que ceux à qui je donnais des leçons de roman n’en profitaient pas, je me suis rejeté sur les leçons de cuisine.
Un bon petit roman méconnu qui sera fort bien accueilli comme invité au pied du sapin de Noël.
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