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ROBERT DELEUSE |
Les Maîtres Du Roman PolicierAux éditions BORDAS |
2332Lectures depuisLe samedi 2 Septembre 2012
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Une lecture de |
Pour être juste, autrement dit pour avoir sa raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d’horizons. Charles Baudelaire.
Les guides, les dictionnaires, les études consacrées à la littérature policière ne sont pas légion (cet article a été écrit en juillet 1991, bien avant la parution du DILIPO de Claude Mesplède, dictionnaire auquel j’ai eu le plaisir de collaborer), peut-être parce que les lecteurs se contentent de lire un roman, cherchant quelques heures d’évasion et s’empressent bien souvent d’oublier le titre de l’œuvre et le nom de son auteur. Quoique depuis disons une bonne décennie et les fameux et regrettés Almanachs du Polar de Michel Lebrun, la tendance est à une fidélisation et à un intérêt certain pour tout ce qui touche la littérature policière en particulier, et la littérature populaire en général.
Les auteurs dits sérieux osent s’aventurer dans ce domaine souvent considéré comme bassement vulgaire, mercantile, exploitant les bas instincts de l’être humain. Et tous ces auteurs ne réussissent pas à écrire un vrai roman policier, ne produisant qu’une pâle copie. D’autres, devenus célèbres, ont entamé leur carrière en écrivant sous pseudonyme (Jacques Laurent, Pierre-Jean Rémy, Claude Brami, Edgard Faure…) et ne dédaignent point accrocher à leur blason un prix littéraire de bon goût, genre Prix Goncourt.
Les Maîtres du Roman Policier, dû au compétent et parfois subjectif et partial Robert Deleuse est une somme de travail à saluer bien bas, malgré quelques imperfections, quelques omissions, ce qui n’enlève en rien à la qualité de l’ouvrage, mais en souligne pour le rédacteur d’une telle étude à être objectif et complet. Subjectif et partial, deux défauts ou deux qualités selon que l’on apprécie ou non ses prises de position. Notamment sa diatribe envers James Ellroy : L’imaginaire d’Ellroy commence avec des fantasmes au ras des pâquerettes pour se finir dans une rancœur très ordinaire. Plus loin, Deleuse écrit : Pour l’heure, Ellroy n’est ni plus ni moins qu’un Gérard de Villiers attardé. Tout ce qu’on a condamné, hier, chez l’un, avec raison, on le loue aujourd’hui, chez l’autre, parce qu’il est Américain. Et évidemment ce genre de parti-pris a provoqué l’ire de quelques critiques qui encensent Ellroy mais au moins on ne peut accuser Deleuse de flagornerie. Parmi les grandes omissions citons Mildred Davis, pourtant une grande dame du suspense, publiée aussi bien à la Série Noire que dans la collection Intimité des Editions Mondiales, et souvent rééditée. Et quelques autres qui représentent des gouttes d’eau dans un océan de références.
De ADG, le plus assassiné de nos auteurs, à Jean-Claude Zylberstein, directeur de collection avisé, en passant par Balzac, Poe, Zola, Durrenmatt, Exbrayat, Delteil, Ellroy, Fajardie, Semionov, Michel Quint, etc. la planète polar est représentée sous ses faces les plus cachées, les plus secrètes, ou les plus célèbres et souvent méconnues.
Un ouvrage très précieux, pratique, facile à compulser, et malgré mes toutes petites réserves, indispensable à tout amateur éclairé ou qui désire l’être. 285 auteurs passés à la moulinette ou à l’encensoir, une bibliothèque de bas, de nombreuses références de dossiers, d’articles, enquêtes, une bibliographie, fanzines avec leurs adresses, une sommité qui devrait, comme tout bon dictionnaire qui se respecte, être amélioré, enrichi, complété au fil des ans. Un regret : le manque d’iconographie. A noter que, jusqu’à preuve du contraire, Robert Deleuse n’a pas eu recours à des collaborateurs pour rédiger son dictionnaire, ce qui explique peut-être les omissions, et donc qu’il assume seul ses prises de position tranchées.
Ce dictionnaire date de 1991 et n’a jamais connu de refonte. Alors pour vous le procurer, une seule solution : vous tourner vers les bouquinistes avertis. |
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