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HANNELORE CAYRE |
Ground XoAux éditions METAILIEVisitez leur site |
2852Lectures depuisLe mercredi 5 Decembre 2007
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Une lecture de |
Raide comme la justice On croyait la justice raide comme un i, on avait tort. Sous les traits de Leibowtiz, elle est souvent raide comme lui est devenu alcoolique. Dans les trois romans de Hannelore Cayre (Commis d’office, Toiles de maîtres et Ground XO, tous publiés chez Métailié), l’avocat Christophe Leibovitz mène une vie de barreau de chaise. Défenseur des toxicos et des proxénètes, il a remisé sa robe depuis longtemps dans le placard de sa nostalgie. Dans ce troisième opus, il n’a qu’une envie : en finir (« Dans quelques jours, je fêterai une dernière fois l’anniversaire de ma prestation de serment et je raccrocherai la robe ».) Son serment, il l’a bu : « Je jure comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ». La dignité se Leibowitz s’est dissoute dans l’alcool, sa conscience a l’épaisseur de sa lucidité (proverbe polonais : La lucidité est une maladie provoquée par le manque d’alcool), son indépendance trouve ses limites dans le nombre de billets d’euros posé sur la table et sa probité se courbe comme le roseau. Quant à son humanité, vous vous êtes bien regardé dans la glace le matin ? Avec ce portrait flatteur, on a envie de s’éloigner de l’apibeau. On aurait tort. Outre que l’animal n’est pas si sauvage que cela, il flirte même quelquefois avec l’honnêteté qui, grâce à son auteure, avocate, sourd de ses aventures : système de l’esbroufe, entreprise privée, pognon roi. Leibowitz est un homme perdu côtoyant la lie et la crème mais ne sachant plus vraiment où se trouve l’une et où se cache l’autre. Alcoolique, il est tenu à des soins et rencontre régulièrement le docteur Amristad Khafar : « – Pourquoi buvez-vous autant ? Deux grammes huit, c’est énorme tout de même, non ? – Je ne bois pas. Je suis un bon vivant qui prend de temps en temps une cuite. – Vous n’avez pas eu l’impression de boire …. trop ? – « Trop », ça veut dire quoi ? (…) – C’est intéressant ça, cette idée du trop. (…) C’est sur cela que nous devrions travailler, vous ne pensez pas ? – Travailler ? ». C’est alors qu’il apprend le décès de « Tante Marguerite » et qu’il hérite… d’un domaine viticole, ça promet surtout quand Leibowtiz décide de booster les ventes en faisant du Cognac la boisson des rappeurs… Avocate au barreau de Paris comme son mari ("Moi ? Comme dit mon mari, je plaide comme une pelle.»), l’univers de Cayre est exotique, comme un week-end dans une exploitation familiale viticole de la région de Cognac sous perfusion musicale rap. François Braud (Mes 10 polars de l'année 2007, tome 3) |
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