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JEAN CONTRUCCI |
Le Spectre De La Rue Saint-jacquesAux éditions JCLATTESVisitez leur site |
2389Lectures depuisLe jeudi 2 Novembre 2006
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En 1906, du 15 avril au 15 novembre, à Marseille se déroula la première Exposition coloniale réalisée en France. La cinquantaine de palais et pavillons, qui la composait, s'étendait du parc Chanot à l'actuel stade vélodrome et attira 1 800 000 visiteurs. Chacun put admirer, entre autres, les reconstitutions, du palais de l'Algérie, du palais de la Tunisie, de celui de Madagascar ou de la Cochinch… et quelques pousses-pousses Annamites. Bien sûr la presse fut priée d'agiter la louange et l'encensoir… mais le fut-elle vraiment ? En ce temps-là, il n'était nul besoin de loi pour souligner les aspects positifs de la colonisation C'est dans ce contexte que se déroule la cinquième aventure de Raoul Signoret, chroniqueur judiciaire du Petit Provençal, Rouletabille du Vieux Port et de l'Anse Maldormé… A Saint-Julien, non loin de Marseille, dans le parc de la propriété la « Mitidja » est retrouvé un cadavre de femme... vieux de dix ans ! Eugène Baruteau, chef de la police, soupçonne, Honoré Castellain, propriétaire de la «Mitidja » d'être l'auteur du meurtre, mais il ne peut rien contre ce riche colon qui prospère en Algérie En bon journaliste judiciaire, Raoul Signoret se rend sur les lieux pour tenter d'en apprendre plus au sujet de ce cadavre. Il constate très vite que le mur d'enceinte de la propriété a été refait depuis quelques années. N'importe qui aurait donc pu enterrer ce cadavre… Mais l'affaire rebondit très vite : le carrier qui a rebâti le mur est victime d'un attentat à la nitroglycérine ! Malheureusement, au Petit Provençal tous les reporters sont priés de couvrir l'exposition coloniale et Raoul Signoret n'a d'autre choix que de délaisser l'affaire de la « Mitidja »… durant un court laps de temps seulement, puisqu'à la suite d'un article peu élogieux sur la nature des « bienfaits » du colonialisme, son rédacteur en chef le met à pied. Avec ce cinquième tome des Nouveaux Mystères de Marseille, Jean Contrucci, se penche sur la période coloniale et par voie de conséquence sur les séquelles de celle-ci. A mille lieux des tendances actuelles du polar, pétri de désespoir, Contrucci opte pour le noir de l'espérance. Un noir qui ne met pas au cœur de son projet la résignation, mais la perspective non pas seulement de résister mais d'aller de l'avant. A son rédacteur en chef qui lui vante les mérites de la colonisation -la modernité de cette époque- Raoul Signoret réplique : « un journal socialiste devrait se faire un devoir d'informer ses lecteurs sur la réalité de la politique coloniale française » . A Honoré Castellain qui lui reproche de « réciter un catéchisme », de nier les réalités économiques, il soutient : « l'histoire récente de la France, je crois la connaître moins mal que vous ne le supposez. Évidemment, ce n'est pas l'histoire officielle dont la République nous bourre le crâne et dont on nous propose l'image idyllique en ce moment, à l'Exposition coloniale de Marseille. C'est à l'histoire des hommes, celle de leurs malheurs et de leurs souffrances que je m'attache. » Quant au spiritisme - distraction favorite des bourgeois de la Belle Epoque et qui est en ce début de siècle ce que sont aujourd'hui certains reportages télé- Raoul Signoret le traite comme il se doit, en faisant appel à un illusionniste et en n'accordant de réalité qu'à la cuisine de sa tante. Tous ces éléments, et quelques autres, font du Spectre de la rue Saint-Jacques, un polar revigorant et débordant d'optimisme et l'on ne peut que s'écrier, avec René Barone : « ce livre, comme ceux qui le précédent, est un vrai régal de lecture et déjà on a envie de dire : A quand le prochain ? » |
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