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JEAN CONTRUCCI |
Les Voleurs De MémoireAux éditions HERVE CHOPIN |
795Lectures depuisLe samedi 21 Mai 2022
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Une lecture de |
mai 2002, 253 pages, 19€ 4° de couverture : Pierre Désautel, journaliste au Provençal, vient d’hériter de la maison bâtie par ses grands parents maternels à Mazargues, au sud de Marseille. Dans ce refuge où l’enfant, éloigné de ses parents par la guerre, a grandi puis s’est fait homme, rien n’a bougé depuis un demi-siècle. Le temps est venu de changer le vieux décor. Mais la bâtisse recèle une bombe à retardement, cachée sous un escalier : une malle jamais ouverte. Pour le reporter commence la plus grande enquête de sa vie : la sienne. Cette vie qu’on lui a cachée en le privant de mémoire. Qu’est devenu son père, parti se battre pour son pays, dont on a perdu toute trace ? En quelles circonstances sa mère a-t-elle disparu à la Libération ? Comment reconstituer le puzzle éparpillé pour rétablir une vérité qui vient de lui éclater à la figure ?
De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’orée des années 2000, à travers l’histoire de Marseille, ce roman pose des questions essentielles : quel camp aurions-nous choisi en temps de guerre ? Résistance ou collaboration ? Héroïsme ou compromission ? Qui sommes-nous pour en juger ? D’une plume alerte servie par une connaissance profonde de sa ville natale, Jean Contrucci réveille les fantômes du passé. o O o Après la série des Nouveaux Mystères de Marseille et plusieurs romans historiques, Jean Contrucci revient à une période de notre histoire, celle de la seconde guerre mondiale, qu’il a récemment abordée avec « N’oublie pas de te souvenir », à travers l’histoire de Pierre Herbin qui, adulte, découvre un jour une vieille photo des ses grands parents maternels. Et tous ses souvenirs remontent à la surface. C’est d’abord son enfance avec mémé Claire et pépé Laurent à la campagne où ils se sont réfugiés pour échapper à la guerre et aux allemands qui s’étaient installés dans une villa près de la leur. Déjà, confusément, à cette époque il sent qu’on lui cache des choses sur son papa parti à la guerre et dont il n’est pas revenu. De son papa il ne reste que la photo d’un jeune et beau militaire. Qui était sa maman qui venait de temps en temps le voir le dimanche, presque clandestinement, puis qui repartait rapidement pour Marseille ? Sa mère qui aurait disparu lors d’un bombardement. Plus tard, devenu journaliste, c’est une autre découverte, celle d’une lettre de son grand père paternel qui va le bouleverser et le lancer dans une enquête pour enfin connaître qui étaient vraiment ses parents et ce qu’ils étaient réellement devenus, choses que ses grands-parents lui avaient cachées « pour son bien ». Et il ira de surprise en surprise dans cette quête sur son passé. Jean Contrucci sait construire un récit, en dosant les effets, mêlant ce qu’il faut d’humour pour alléger par moment un récit tragique, plaçant son texte dans la réalité de l’époque en évoquant des évènements qui ont marqué Marseille, le tout sans alourdir son récit. Et, en parfait connaisseur de « page-turner », en terminant chaque chapitre d’une petite phrase qui relance l’action et donne envie de lire le chapitre suivant. Un récit à la fois émouvant et parfois très dur, à la tension soutenue, servi par une écriture d’une riche simplicité, une écriture souple, qui coule, qu’on savoure, Des phrases qu’on déguste et qu’on a envie de relire. L’auteur de ces souvenirs est journalise au Provençal comme le fut Jean Contrucci et on devine des souvenirs personnels quand il évoque le temps « où le métier s’apprenait sur le tas, au contact des anciens qui vous tannaient le cuir […] mais vous apprenaient à « torcher une accroche ». Un grand, un très grand Jean Contrucci.
Mais aujourd’hui, pour faire plaisir à la femme qui entretient sa maison, celle dont il a hérité à la mort de ses grands-parents, il a décidé de bouger une vieille malle entreposée sous l’escalier, une vieille malle qu’il n’a jamais ouverte et qu’il sait ne contenir que des vieux papiers. Et c’est en fouillant machinalement son contenu qu’un fragment de vérité lui a sauté au visage À la lecture de la première moitié de ce roman, d’aucuns pensent au fil des scènes, tant elles sont empreintes de vérité, à un texte autobiographique, et ceci d’autant plus que Pierre Désautel évoque à chaque instant l’auteur. Mais lorsque le protagoniste ouvre la malle, le doute s’immisce et finalement une certitude s’impose. Non ce n’est pas une autobiographie : c’est la possible biographie d’une génération ! de ces enfants qui ont grandi en ces temps de guerre, en ces temps où les adultes devaient choisir entre résistance ou collaboration, à moins qu’ils n’optent pour la passivité, ou attendent la fin du conflit pour se métamorphoser en héroïques bourreaux… Plus d’un fidèle lecteur de jean Contrucci regrette qu’il ait renoncé à la saga des « Nouveaux Mystères de Marseille », mais tous lui crient « BRAVO ! ». Bravo et merci pour ce beau texte émouvant de simplicité et de véracité qui transforme une histoire imaginaire en autobiographie fictive ayant valeur d’universelle. |
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