l'enigme de la blancarde de Jean CONTRUCCI


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JEAN CONTRUCCI

L'enigme De La Blancarde


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Le jeudi 3 Aout 2006

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Jean CONTRUCCI




Une lecture de
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En 1891, La Blancarde n'était pas encore le 4° arrondissement de Marseille mais un hameau respectable situé à 3,6 km du Port et à 4,7 km de la Place de Lenche (si l'on rejoignait le Port par la rue Caisserie et l'avenue de la République, c’est-à-dire si l'on évitait le quartier réservé). Dans ce paisible bourg vivait une population de rentiers, de retraités et de petits bourgeois fuyant les fumées des usines de Marseille.
Qui aurait pu imaginer que, dans un lieu aussi charmant, la riche Mme Magnan serait sauvagement assassinée dans la nuit du 15 au 16 décembre ? Certainement pas le chef d'escadron à la retraite Charles Bonnafoux, voisin immédiat de la victime ! L'enquête fut menée avec célérité et le coupable rapidement arrêté. Tous les indices relevés accusaient une seule et même personne : le fils adoptif de la victime. Au procès, la jeune bonne de Mme Magnan vient corroborer les conclusions de l'enquête et contribua grandement à faire condamner au bagne à perpétuité ce fils adoptif.
Dans son avertissement au lecteur, Jean Contrucci nous informe que cette histoire est inspirée d'un fait divers réel. A ce sujet le critique R. Berano, nous révèle que ce même auteur avait déjà évoqué cette triste affaire dans une de ses chroniques de « La Provence », chroniques que l'on peut retrouver dans « Ca s'est passé à Marseille, 5 volumes, collection Autre Temps »
Mais, si les faits sont réels, l'histoire n'en est pas moins imaginaire !
« L'Enigme de la Blancarde » constitue l'acte de naissance d'une série de romans qui porte le sous-titre de « Les nouveaux mystères de Marseille », qui ont chacun pour décor l'un des futurs arrondissements de la cité phocéenne et pour personnages récurrents : « Raoul Signoret, sémillant chroniqueur judiciaire du Petit Provençal », Cécile son épouse toujours prête à lui donner un coup de main, son oncle Eugène Baruteau chef de la sûreté… et le petit peuple de Marseille de la Belle époque
Difficile fusion des diverses formes que revêt le roman policier (Whodunit, hard boiled, roman historique, roman d'aventures, polar à tendance sociale) la série « Des nouveaux mystères de Marseille », est bien plus que ceci, elle est aussi la réapparition d'un personnage hors normes dans le roman policier actuel : Raoul Signoret, journaliste et détective.
Bien sûr les personnages du détective n'ont rien d'exceptionnel dans la littérature contemporaine de genre policier, ils en sont même (indépendamment des oripeaux dont l'affuble l'auteur) une figure incontournable, mais à la différence d'un Sam Spade, Philip Marlow, Nestor Burma… qui poursuivent « la vérité et la justice en tant que but en soi », ils ne sont plus que « des rebelles sans cause, déçus et cyniques ».
« Même lorsqu'ils savent contre quoi ils se battent - contre des tortionnaires SS, des financiers réactionnaires, des tueurs pathologiques, des revendeurs de drogue et leurs patrons -, ils n'ont aucune idée de ce pour quoi ils se battent ou, pire encore, ils savent qu'ils se battent pour rien. Ils ne croient plus à rien, sauf peut-être à la possibilité de trouver pour le court terme une petite niche de bonheur personnel. Leur rébellion ne provient pas d'un espoir mais d'une amertume, pas de l'amour pour les opprimés mais de la haine pour l'oppression. Ils rejettent ta société telle qu'elle est, mais ils ne pensent certainement pas qu'il pourrait être possible de la remplacer par une société meilleure. » Ernest Mandel -Meurtres exquis-
Le personnage créé par jean Contrucci n'est pas de cela, il est d'avant.
Aux antipodes des héros actuels, s'il ne sait pas toujours contre qui il se bat, il sait toujours pourquoi il se bat :
« L'injustice révoltait Raoul, la misère sociale le bouleversait. Séduit par les idées socialistes et grand lecteur d'Émile Zola, il partageait les engagements du père des Rougon-Macquart. Ses études supérieures achevées sur une licence ès Lettres qui avait adouci le chagrin sans fin de Mme Signoret, la remplissant de fierté, il était devenu journaliste pour défendre plume en main ses idées progressistes. Tout jeune, il avait lu les comptes rendus, conservés par son père, du Congrès ouvrier socialiste de France, organisé à Marseille en octobre 1879, par Jean Lombard, Benoît Malon, Antide Boyer et le poète-journaliste Clovis Hugues. C'est à cette occasion qu'avait été adoptée la doctrine collectiviste chère à Jules Guesde. »
C'est peut-être pour cette raison que « Les nouveaux mystères de Marseille » constituent une saga, certes talentueuse, mais aussi et surtout, détonante et revigorante, que l’amateur aurait tort de négliger.
 
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