Fleuve Noir, octobre 2005, 208 pages, 19€ 4° de couverture :Un aristo à tête de poireau, un député à la jambe déviée, quelques veuves sans preuves, des marmottes pas sottes, des gypètes pas bêtes, des lémuriens l’air de rien... mais aussi des rosesà haute dose, des bilets par pelletées, les enveloppes d’un misanthrope... et encore des bagnoles qui volent, des détectives qui dérivent, des mères qui colèrent, quelques bâtards épars. Surtout des bâtards épars. Et Lucas Rosarian, le marseillais défracté, qui aimerait bien savoir s’il fait partie de la trouble descendance de cette vieille couille d’André(Marie Villevirain de Saint-Chamons, vautour redouté du microcosme politique parisien, récemment carbonisé dans sa voiture de luxe. Le testament d’un excentrique C’est à se demander quand il trouve le temps de dormir. Philippe Carrese est en temps ordinaire réalisateur à la télé. Mais en moins de douze ans, il a pondu quatorze romans. Et depuis quelques années, il s’est lancé dans la réalisation de dramatiques dont la qualité et l’originalité lui ont valu des récompenses notables. Malaterra, film parlé en provençal sous-titré a raflé l’an dernier au Festival de Saint-Tropez le prix du jury et celui de la meilleure technique, et Liberata, parlé en corse, à nouveau le prix spécial du jury. Tout en mettant la dernière main à un polar pour enfants dans la collection Souris noire chez Syros, Carrese achève en ce moment le scénario de sa prochaine dramatique TV – Corridor 8 - qui aura pour cadre la Camargue en hiver. Et l’encre de son dernier roman est à peine sèche : c’est Les veuves gigognes. On y retrouve un personnage croisé dans Une petite bière pour la route et Une belle histoire d’amour : Lucas Rosarian, inspecteur de police qui, cette fois, est directement impliqué dans l’affaire sur laquelle il enquête puisqu’il s’agit de retrouver la trace d’un homme qui fut jadis l’amant de sa mère et (peut-être) son père… C’est l’excentrique testament de cet homme, officiellement mort dans l’accident de la route qui ouvre le livre, et lance Lucas Rosarian dans l’aventure quand le fils cadet du défunt, Jean-Marie Vilevirain de Saint-Chamons, fin de race et cul cousu, vient lui exposer les dispositions testamentaire de celui qui est (peut-être) leur père commun. Il s’agit de retrouver dans l’ordre chronologique où l’ex-député (de droite) les a connues, les huit femmes avec lesquelles il a vécu des liaisons extra-conjugales, tout en prêchant l’ordre moral. Il faut leur remettre à chacune un bouquet de fleurs et une somme d’argent conséquente. On ne vous racontera pas le périple qui - de Marseille au Mercantour en passant par Le Havre, Nice ou Saint-Jean-Cap-Ferrat lance le duo sur la piste des veuves-gigognes dont il est interdit de connaître la suivante avant d’avoir rencontré la précédente. De coups du sort en coups tordus, de coups de théâtre en coups de pieds de l’âne, se dessinent des personnages tous plus ou moins pourris – moralement parlant – les uns que les autres, au fur et à mesure de l’exhumation de secrets de famille peu ragoûtants, que Philippe Carrese croque avec le crayon d’un Daumier qui aurait lu San Antonio. Comme d’habitude, son style inimitable n’engendre pas la mélancolie, mais plus ça va et plus le pessimisme prend le pas sur la franche rigolade. C’est d’un œil noir comme le roman de même couleur qu’il regarde les gens magouiller, mentir, trahir, se déjuger, se gruger sans scrupules ni remords.
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