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BARBARA CARTLAND |
Le Corsaire De La ReineAux éditions J'AI LUVisitez leur site |
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Une lecture de |
Elizabethan Lover. Traduction de Françoise Colas. Editions J’Ai Lu N°1077. Parution 16 juin 1980. 256 pages. ISBN : 9782277210771 Autre édition : Géant Marabout N°174. 1963. 314 pages. D’autres rééditions existent chez J’Ai Lu notamment. Oui, c'est nous les fameux (femmes ?) corsairesLes rois redoutés de la mer Affirmer que Barbara Cartland n’a écrit que de fades romances superficielles à l’eau de rose, serait méconnaitre une grande partie de son œuvre. Souvent, dans ses romans historiques, elle explorait le côté sociologique de la période dans laquelle elle plaçait son intrigue. Ainsi, dans Le corsaire de la reine, Barbara Cartland ne se contente pas d’une histoire d’amour qui d’ailleurs tarde à se révéler aux deux principaux protagonistes, mais elle jette un regard parfois acide sur la période élisabéthaine.
Malgré son jeune âge, Rodney Hawkins est un marin accompli ayant fait ses débuts avec le célèbre sir Francis Drake, le corsaire de la Reine Elizabeth 1ere. Mais, ambitieux, il désire commander son propre bâtiment afin de poursuivre sur les mers et les océans les galions espagnols et ramener un butin conséquent à sa souveraine. Pour cela il lui faut lever une mise de fond importante lui permettant de réaliser son rêve. Acheter un navire, l’Epervier. Une partie de la somme est déjà trouvée, et son parrain, le secrétaire d’état de la reine lui fournit une piste : se présenter auprès de sir Harry Gilligham qui non seulement lui donnera le complément nécessaire mais lui proposera en compensation un mariage avec sa fille Anne. Alors qu’il arrive, cheminant benoîtement sur son cheval, Rodney est agressé. Pas méchamment, juste une flèche tirée dans son chapeau. Il aperçoit une jeune fille qui s’enfuit et il la retrouvera au château. Il s’agit de Lisbeth, une gamine délurée et pétulante d’à peine dix-huit ans, qui s’amuse comme elle peut. Parmi les autres enfants de sir Harry Gillimgham, son fils Francis, un an de plus que Lisbeth, et de la même mère. Tandis qu’Anne est issue d’un premier mariage. Sir Henry Gilligham est fier de la comparaison effectuée avec le roi Henri VIII, qui a usé d’une façon ou d’une autre de moult femmes. Et s’il possède la stature imposante de ce roi Barbe-Bleue, Sir Henry lui n’en est qu’à la troisième. Une trentenaire fort belle mais qui n’éclipse pas aux yeux de Rodney la jeune et rousse Lisbeth et surtout Anne qui rayonne. Le mariage ne sera concrétisé que lorsque Rodney reviendra de son expédition, couvert d’or bien entendu, afin de rembourser la mise de fonds. Attardons-nous quelque peu sur ces trois enfants afin de percer leurs petits secrets. Anne se confie à sa jeune sœur. Elle ne veut pas se marier car elle s’est convertie en cachette à la religion catholique, et elle désire entrer dans un couvent, devenir nonne. Francis lui est un pleutre, un timide, qui préfère versifier, mal, et regarder les nuages s’enfuir dans le ciel. Quant à Lisbeth, c’est une intrépide qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Rodney, possédant les fonds nécessaires à son embarquement, prépare activement son voyage avec à son bord un équipage aguerri. L’Epervier est un fin voilier doté de pièces d’artilleries suffisantes en nombre pour défier des frégates espagnoles. Francis doit également faire partie de l’équipage, sur les ordres de sir Henry, qui veut aguerrir son fils, lui apprendre la vie. Le voir devenir mâture. Francis se fait attendre, Rodney s’impatiente. Enfin le voici. Mais arrivé en pleine mer, Rodney s’aperçoit qu’il ne s’agit pas de Francis mais de Lisbeth qui a pris les vêtements et la place de son frère. Rodney est fort mécontent mais il ne peut revenir à son point de départ, aussi accepte-t-il bon gré mal gré cette présence inopportune. Les marins abusés ne se doutent pas de la mystification, d’autant que Lisbeth va bientôt se montrer indispensable. Lors de manœuvres puis du combat naval dans la mer des Antilles et l’arraisonnement d’un galion espagnol, elle se dévoue, soignant les blessés malgré la présence à bord d’un chirurgien. Mais celui-ci est dépassé par les événements. Une surprise attend Rodney car dans ce galion dormait un jeune gentilhomme espagnol qui se réveille quelques heures plus tard, ayant cuvé ses libations. Entre Lisbeth et le nouveau venu s’établit une sorte de complicité qui attise la jalousie de Rodney. Mais il est stupéfait car ce gentilhomme dévoile une cachette dans sa cabine, mettant au jour dans un coffret de nombreux trésors, bijoux et pierres précieuses.
Le voyage continue avec ses aléas épiques, combats navals contre de nouvelles frégates espagnoles, et cette attirance que Lisbeth et Rodney éprouvent l’un pour l’autre, malgré l’attrait de la jeune fille envers l’importun. Lisbeth est déterminée, une femme forte malgré son jeune âge, et en multiples occasions elle sait démontrer une force de caractère qui manque à bien des marins constituant l’équipage. Si cette histoire d’amour prend une place importante dans le récit, c’est bien la personnalité de Lisbeth qui l’emporte. Et tout ce qui entoure l’intrigue, dans laquelle quelques ramifications interffèrent : le social et les relations entre femmes et hommes, entre Anglais et étrangers, la place de la femme dans la société et la prépondérance de la religion. Mais pour beaucoup rien n’a beaucoup changé ou évolué. Ainsi, il est inconcevable qu’une femme puisse soigner un malade, qui plus est un blessé. Le puritanisme n’étant pas un vain mot. Et si la gent féminine a accès à la culture, à l’enseignement, ceci se ne concentre que sur les arts dits mineurs. Pourtant, c’est femme qui est à la tête du royaume en cette année 1588. Les quelques citations qui suivent ne peuvent que mettre en exergue les propos tenus et la portée plus profonde que les romans de Barbara Cartland contiennent alors qu’ils ne sont considérés que comme d’aimables bluettes.
Quelle honte d’attaquer la réputation d’honnêtes gens, bons patriotes, sans autre preuve que la couleur de leurs cheveux !
Les sentiments religieux s’affrontaient alors avec passion. Les controverses, âprement menées, ne paraissaient à Lisbeth qu’autant de bruits stériles. La religion, pour elle, consistait à s’ennuyer le dimanche à d’interminables cérémonies dans l’église du village.
Ce n’est pas là une besogne pour, ni pour aucune femme, d’ailleurs…Qu’importe ! Je continuerai à soigner les blessés. Nul au monde n’a le droit de me l’interdire, rétorqua-t-elle.
Elle comprenait toutefois combien chaque femme, à quelque degré que ce soit, doit représenter un idéal pour l’homme tout comme elle doit être une inspiratrice, un stimulant, une raison d’être à toute entreprise, à tout but à atteindre.
Inventer un mensonge, cela n’est rien, si dit Lisbeth, mais après, comme il est difficile de ne point se trahir. |
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