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OLIVIER COLLARD |
CulpacciuAux éditions DU CURSINUVisitez leur site |
893Lectures depuisLe jeudi 31 Janvier 2019
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Une lecture de |
Au nord de Bastia, le Cap Corse (surnommé l’Île dans l’île) fait partie des magnifiques sites de la région. Si l’un des versants est très apprécié par le pinzutu en vacances, l’autre est en proie à la désertification. Dans quelques villages oubliés subsistent une poignée d’habitants vieillissants. L’apiculteur Ange-Étienne est l’un d’eux. S’il participa au combat nationaliste d’autrefois, voilà vingt ans qu’il a rompu avec ces milieux devenus trop violents, jusqu’à s’entre-tuer. Néanmoins, en cet été 2013, lui vient l’idée d’un dernier coup d’éclat. La centième édition du Tour de France cycliste débutera en Corse. Il s’efforce de remotiver ses amis de “Noi du Capicorsu”, une dizaine de personnes attachés à leur terroir, anciens régionalistes comme lui. La plupart étant plus que sceptiques doit surtout les convaincre du caractère pacifique du projet. À l’approche de l’opération, ce ne sont pas les contrariété qui manquent pour Ange-Étienne. Il a préparé un arbre à demi-tronçonné, qui servira à perturber le passage de l’étape en barrant le passage. Il a également prévu une bâche revendicative pour attirer l’attention sur leur partie du Cap Corse. Deux amis transmettront aussi anonymement que possible aux médias le sens de leur initiative. Par contre, on risque une météo contraire pour l’étape concernée. Et un autre groupe de nationalistes menace d’empêcher le Tour de passer. Ange-Étienne avait omis la sécurité liée à l’événement : le jour venu, la route qu’il devait emprunter pour aller finir de scier son arbre-obstacle est strictement interdite. Négocier avec la maréchaussée n’avance gère les choses. Trop sûr de son fait, Ange-Étienne n’a pas vraiment prévu de "plan B". L’affaire risque fort de capoter. Peu après, une jeune femme est mortellement victime d’un accident de la route : l’arbre d’Ange-Étienne a chuté sur sa voiture. Dans le contexte, les autorités doivent envisager un attentat terroriste islamique. La DCRI s’est déjà déployée sur l’Île. La Gendarmerie préfère y voir un exemple de la fatalité. Quant à la famille de la victime, elle engage un détective privé local pour établir ce qui s’est produit. Firmin Lagarce n’est peut-être pas le plus brillant des enquêteurs, mais avec son jeune assistant Baghdâd El Tayeb, on peut espérer des résultats. Baghdâd connaît la mentalité des Arabes, calmes en quasi-totalité. Firmin est Corse, avec de solides relations dans la région, y compris le brigadier de gendarmerie Yann Jaouen. Le duo tente de s’informer dans un bar du coin, mais à part un couple de Belges agaçants, rien à glaner. Un Rasta pourrait être suspecté, mais ça paraît fort aléatoire. Firmin et Baghdâd se rendent sur le lieu de l’accident mortel. Firmin y relève quelques indices montrant que l’arbre fut pré-coupé, probablement par une personne ayant ses habitudes dans cet endroit. D’un côté, la DCRI ne lâche pas sa piste terroriste. Mais Firmin va exploiter une culpabilité locale. Peut-être finira-t-il par cerner le fautif ? Quant à Ange-Étienne, au besoin, il est prêt pour un baroud d’honneur… (Extrait) “Mais alors pourquoi cette pauvre femme ? Pourquoi une innocente ? Les proches de la victime voulaient absolument savoir. Ils exigeaient une réponse satisfaisante, tandis que la Gendarmerie se bornait à répéter : "Le mauvais endroit, au mauvais moment". Bien que l’affaire ne fut pas officiellement classée, la Brigade de Recherches avait de toute évidence tourné la page. Elle avait d’autres priorités, et l’enquêteur en charge de l’affaire désirait manifestement passer à autre chose. Ce surcroît de travail au moment où tout le monde profite de ses congés d’été, cette épidémie de règlements de comptes, leur avait donné le tournis. Ainsi, lorsque le frère et les parents de la victime firent le déplacement en Corse, pour accomplir diverses formalités, avec toute la peine, toute la souffrance que l’on imagine, ils eurent la fâcheuse impression que les enquêteurs, dépassés par les événements, n’avaient accordé que très peu d’attention à cette tragique affaire. Dépitée, la famille de la victime ne tarda pas à se tourner vers un détective privé.” On peut parler ici d’un roman policier de tradition. Si les personnage centraux en sont l’apiculteur Ange-Étienne et, au temps des investigations, le “privé” Firmin Lagarce, ancien policier, c’est bien la Corse qui importe dans cette histoire. Dans toutes les régions de France, aussi remarquables soient-elles, des villages sont désertés, n’intéressant ni les investisseurs ni le tourisme. Nul doute que ce soit le cas dans cette partie du Cap Corse, non-valorisée. Attirer l’attention à l’occasion du passage du Tour de France 2013 n’était pas une mauvaise idée, encore qu’un peu chimérique. Mais les initiatives même pacifiques ont parfois des conséquences désastreuses… Connaissant et aimant son territoire corse, Olivier Collard n’en fait pas seulement un décor, il nous en parle avec une tendresse certaine. Voilà un roman policier très agréable. Les Éditions du Cursinu étant peu diffusées, il est préférable de les contacter.
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