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ALEC COPPEL |
L’assassin Revient ToujoursAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
435Lectures depuisLe jeudi 31 Janvier 2019
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Une lecture de |
Âgé de quarante-cinq ans, Thomas Denning est un aviateur célèbre en Grande-Bretagne, fondateur et président du Consortium des constructions aéronautiques portant son nom, ce qui a fait sa fortune. Il est marié à Kay ; ils ont une fille de dix-neuf ans Liz. Ces temps derniers, Thomas Denning apparaît terriblement perturbé : crise de somnambulisme, cauchemars où il se voit condamné à mort par un tribunal. Kay et Liz ont de sérieuses raisons de s’interroger. Lui qui ne buvait pas abuse maintenant de l’alcool, mais c’est loin de tout expliquer. Cette pression pourrait le conduire au suicide, provoquer un accident d’avion étant facile pour lui. Mais Kay Denning, épouse attentive, de plus en plus anxieuse quant à son état, finit par susciter les confidences de son mari. Liz s’était entichée d’un drôle de soupirant. Victor Mados, quadragénaire argentin, avait tout le profil de l’aventurier, escroquant les femmes riches et crédules. Afin que cesse leur relation, Denning prit rendez-vous avec lui à son hôtel. Il appliqua le plan qu’il avait établi afin d’écarter ce diable de Mados, tout se passant bien jusqu’à un certain point. Une petite bagarre entre eux provoqua accidentellement le décès de l’Argentin. Effacer ses traces, faire disparaître ce qui pouvait indiquer un lien avec Liz, ce n’était pas le plus difficile. Mais il y avait encore les bagages de Mados à évacuer de l’hôtel, et surtout le cadavre à faire disparaître. Homme de réflexion, Denning profita ce soir-là de l’absence de Kay et Liz pour cogiter sur la suite. Il plaça le corps dans la malle arrière de sa Rolls-Royce. Se débarrasser du corps fut émaillé de menus incidents, telle l’intervention d’un motard de la police. Malgré tout, il finit par jeter la dépouille de Mados dans un fossé où – espérait-il – on mettrait un peu de temps à le retrouver, du côté de Ledstone. Quant à identifier l’Argentin, Denning avait fait en sorte que ce ne soit pas possible. Pendant les deux mois suivants, il bénéficia du plein soutien de son épouse Kay. Le cadavre n’ayant pas été découvert, il ne semblait pas y avoir de conséquences à redouter. Quand le couple retourna sur le lieu où Denning avait placé le cadavre, il avait disparu. Bien qu’ayant consulté les archives du journal local et tenté de se renseigner à la morgue, aucune info utile pour Denning. Se dessina seulement la piste d’un couple de bohémiens ayant peut-être campé non loin du fossé au cadavre. Entre-temps, venu des États-Unis, ami de Denning, Chick Eddowes entra dans leur cercle familial. Avocat de trente-cinq ans, il ne tarda pas à plaire à Liz. Après avoir défendu le couple de Gitans, il entreprit de creuser davantage autour de l’affaire. Et c’est ainsi qu’il finit par tomber sur un cadavre dans un fossé, celui de Victor Mados. Ce qui lui permit d’élaborer de brillantes théories, d’ailleurs faussées par la version de Thomas Denning. Relancer l’affaire présenta-t-il un risque pour ce dernier ? Dans une affaire embrouillée, il faut s’attendre à tout…
Alec Coppel est un écrivain, dramaturge et scénariste né en 1907 en Australie, et mort en 1972 à Londres. Installé aux États-Unis, il collabore entre autres avec Alfred Hitchcock sur “La main au collet” ou “Vertigo” (Sueurs froides, d'après un roman de Boileau-Narcejac). Il ne publia que six romans à suspense, dont seulement trois furent traduits en français : “Scotland Yard en échec” (1949, Albin Michel, coll.Le Limier) ; “L'assassin revient toujours” (Série Noire, 1953), qu’il transposa au cinéma, avec dans les principaux rôles John Mills, Phyllis Calvert, Sam Wanamaker, Herbert Lom, Bernard Lee) ; “Choc” (1966, Presses de la Cité, coll. Un mystère). Son œuvre d’auteur de pièces de théâtre et de scénariste pour le cinéma est bien plus conséquente. On aura bien compris qu’Alec Coppel ne figure pas parmi les "auteurs mythiques" vénérés par les aficionados du roman noir. C’est le cas de beaucoup de romanciers dont les parutions furent trop épisodiques pour retenir l’attention, ou d’autres dont les intrigues – pourtant parfaitement construites et racontées – ont pu sembler trop basiques aux passionnés. La qualité première de ce type de roman était de disposer de scénarios malins. En reprenant des sujets solides – ici, un bel exemple de ce que l’on nomma un "cadavre cavaleur". Certes, comparée à l’intensité de beaucoup d’intrigues actuelles, la pression nous apparaîtra assez légère. Ce qui ne signifie pas qu’elle soit trop faible. Mais on est dans cette Angleterre où l’on conserve son self-control. Ne nous bornons pas aux valeurs sûres, ne négligeons pas des romans oubliés. Ils nous offrent encore d’excellents moments de lecture. Avec “L’assassin revient toujours”, on passe un très bon moment.
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