les bâtards du diable de Daniel CARIO


Les Bâtards Du Diable CARIO528

DANIEL CARIO

Les Bâtards Du Diable


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Le mercredi 24 Octobre 2018

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Daniel CARIO




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Silvère Lavarec est un jeune séminariste qui sera ordonné prêtre dans quelques semaines. Alors qu’il randonnait en forêt, il a été blessé par un animal. Quand il se réveille, Silvère est attaché sur un lit. La personne qui le séquestre commence par le soigner. Mais il reste durant plusieurs jours dans une alternance entre somnolence et angoisse lucide. Qui est donc sa ravisseuse, une femme pas si âgée qu’il l’a d’abord cru ? Elle s’occupe de lui, mais n’affiche pas ses réactions, ne parle pas pendant les premiers jours. Silvère tente de l’apprivoiser, de susciter une sorte de confession de sa part. Elle n’est pas croyante, paraît animée par une instabilité psychologique pouvant amener des actes insensés. Depuis son enfance, Silvère admet une part de masochisme en lui, ce qui l’aide peut-être à accepter tant soit peu la situation. Néanmoins, il plane sur lui un danger de mort.

L’inconnue finit par libérer Silvère, sans explication. S’il s’éloigne de la masure où il était prisonnier, il y revient peu après par besoin de comprendre. Il trouve une photo ancienne, celle d’une fillette nommée Blandine de Quincy. Serait-ce le nom de la ravisseuse ? Elle nie, mais ça semble être le cas. Silvère rentre chez ses parents, le couple Lavarec s’étant inquiété entre-temps. Silvère dédramatise sa longue absence, continuant à réfléchir à sa mésaventure. “J’aurais dû prévenir la police, les gendarmes – une séquestration quand même, cette femme a tenté de m’empoisonner, elle a même été à deux doigts de m’égorger… Mais je ne peux pas, j’éprouve trop de compassion pour la misérable qu’elle est.” Le futur prêtre entreprend une discrète enquête personnelle sur cette famille de Quincy, dont il obtient l’adresse par la mairie de sa commune.

C’est dans leur propriété ancestrale que Silvère rencontre Bérengère de Quincy, mère de Blandine – sa fille disparue depuis environ vingt ans. Sans doute ne livre-t-elle qu’une version édulcorée de l’histoire familiale. Par Constance, la vieille employée de maison des de Quincy, il en apprend bien davantage. C’est au temps de Fiacre de Quincy, le père de Bérengère, que se nouèrent les premiers éléments du drame qui entraîna le départ de Blandine dès l’âge de seize ans. Honteux secrets de famille bien réels ou affabulations de Constance ? Silvère s’interroge. S’il retourne à la maison de la supposée Blandine, cela ne suffit pas pour avoir toutes les réponses. Homme d’Église, Silvère craint d’être éprouvé dans sa foi par ces événements inattendus. Si l’emprise du diable touche les de Quincy, il lui reste bien des mystères à éclaircir…

(Extrait) “N’en sais-je pas assez pour suspendre mes investigations ? Je viens de découvrir l’enfant et l’adolescente jusqu’à seize ans. Selon mes calculs, elle doit en avoir trente-six aujourd’hui. Pourquoi ne pas en rester là ? Une décision dictée par la sagesse, mais qui pourtant ne peut me suffire. Des détails matériels. Isolée dans sa fondrière, de quoi vit Blandine de Quincy ? Le beurre, le lait, le pain qu’elle m’a servis… Où s’approvisionne-t-elle ? Sans être un adepte des marchés, ma mère m’y traînait étant enfant ; je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré cette misérable. Ou je ne l’ai pas remarquée. Physiquement, il est vrai qu’elle ne présente rien d’exceptionnel […]

Une chose est certaine : impuissant à fixer mes idées, me voilà entraîné dans un engrenage infernal dont les rouages me grignotent la raison…”

Daniel Cario est l’auteur de nombreux "romans de terroir" depuis près de quinze ans. Il n’est pas moins habile à manier le suspense, comme dans “Les bâtards du diable”, jouant sur une atmosphère particulièrement énigmatique. Notons que l’intrigue n’est pas vraiment située dans le temps, intemporelle bien que se déroulant à notre époque – ce qui participe à l’ambiance. Le style d’écriture de Daniel Cario est pur, raffiné, précis, très agréable à lire. Ne pas égarer le lecteur tout en gardant quantité de questions sans réponses, c’est tout un art qu’il gère avec une certaine finesse.

Le récit est empreint d’une poésie, certes macabre, autant liée aux personnages qu’aux lieux décrits. Ici, c’est la ruralité éternelle et son admirable nature. Mais ce sont aussi des endroits où, causé par l’isolement, le mode de vie dans certains milieux cause de lourds mélodrames. Le jeune ecclésiastique s’improvise enquêteur, s’impliquant fortement dans cette affaire. Par pitié pour sa ravisseuse, bien sûr, mais également par un besoin viscéral de vérité. Un très bon suspense possédant sa propre tonalité, tout simplement.

 

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Une autre lecture du

Les Bâtards Du Diable

de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE

Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution le 11 octobre 2018. 320 pages. 20,00€.

ISBN : 978-2258145320

Le diable a bon dos, en certaines circonstances…

Nous sommes en 1958 et dans quelques semaines, Silvère Lavarec va prononcer ses vœux pour être consacré prêtre. Pour l’heure il est encore séminariste et passe ses vacances chez ses parents. Pour ceux-ci, c’est la concrétisation de leur rêve, voir leur fils entrer dans les ordres.

Silvère est un amoureux de la nature et il se rend souvent en forêt à la recherche de pierres, des petits trésors comme la staurolite qu’il vient de dénicher. Mais la rencontre inopinée avec une laie désirant probablement protéger ses marcassins lui est défavorable. Elle le blesse à la cuisse et n’a même pas le courage de le prendre en charge. Silvère s’évanouit et lorsqu’il reprend ses sens, il se demande bien ce qu’il lui arrive.

Il ne peut plus bouger. Il est sanglé sur un lit par le torse et ses mains ne peuvent qu’esquisser que quelques mouvements. Une femme vêtue de noir, à l’âge indéfinissable, lui apporte un bol de bouillon. Elle ne répond pas à ses questions. Elle est muette, du moins c’est ce que Silvère en déduit. Puis elle le soigne, une piqûre, de l’alcool sur sa plaie, une couture sans anesthésie, un autre bol de bouillon, et elle repart comme elle est venue, en silence. Toutefois les soins qu’elle lui a prodigués, si ce n’est l’œuvre d’une professionnelle, démontrent qu’elle possède des notions certaines d’infirmière.

La situation évolue, tout doucement. Elle lui apporte à manger, un bassin pour se soulager, ses traits sont moins durs, elle consent même à sourire de coin lorsqu’il lui parle. Silvère est gêné car elle n’hésite par en déboutonner sa soutane pour le laver, lui ôter sa culotte, lui frotter le torse et l’entre-jambe. Il dissimule une cuiller avec laquelle pense-t-il il va couper ses sangler, mais peine perdue. Son hôtesse perd son austérité, se parfume, se vêt d’habits moins austères, et un jour elle se juche sur lui et entame une espèce de rodéo dont apparemment elle ne tire aucun plaisir. Comme si elle se conformait à un rite depuis longtemps nourri spirituellement. Pour le séminariste c’est l’abîme.

Il vient de plonger à son corps défendant dans la luxure, lui qui, quelques années auparavant, avait subi un traumatisme sexuel, ce qui l’avait, mais ce n’était pas la seule raison, conduit vers le séminaire. Elle lui parle, à mots couverts, par énigmes et enfin il parvient à s’échapper, alors qu’elle est absente. Débute alors une double errance.

Revenir chez ses parents, les rassurer sans pour autant expliquer son absence, ce qu’il a vécu durant des jours, puis retrouver les origines de cette femme dont il connait le nom grâce à une photographie découverte lors de sa fuite dans un tiroir. Photographie qui la représentait enfant et portant le nom de Blandine de Quincy. Elle le gardait en otage, pour quelle raison il n’en sait rien. Et c’est bien ce qui le taraude, le passé de cette femme et les raisons qui l’ont amenée à la séquestrer.

Remonter le passé, sans vouloir inquiéter ses parents, sans désirer leur confier ses affres lors de sa séquestration, séquestration qu’il passe sous silence naturellement, narrer une partie de ces quelques jours au cours desquels il a subi l’humiliation charnelle à son confesseur et responsable du séminaire, retrouver la trace de cette masure enfouie dans une fondrière, retrouver l’origine de Blanche, sa parentèle, ce qu’elle a vécu, subi elle aussi, et découvrir l’horreur, telle va être la mission que Silvère s’impose, non seulement pour la sauver mais aussi pour se sauver lui-même. Une auto-flagellation spirituelle.

Sans prosélytisme, mais tout en gardant dans l’esprit que Silvère est un futur prêtre, conditionné pour le devenir, Daniel Cario nous livre un roman fort, dans la veine des feuilletonistes et des romanciers du 19e et début 20e siècle pour qui le misérabilisme, le social, la misère morale et physique étaient un terreau fertile pour les romans qu’ils rédigeaient.

Alors on pense à Eugène Sue, Xavier de Montépin, Pierre Decourcelle, Charles Mérouvel, Marcel Priollet, Hector Malot, qui décrivaient une société n’acceptant aucune dérive. La famille devait être composée d’un père, d’une mère et d’enfants issus pendant le mariage. Mais l’on sait que de tous temps, des gamins sont nés sans réelle identité, que les maîtres se conduisaient en seigneurs, que les servantes devaient subir les assauts et que les filles de bonne maison ne devaient pas coucher avant la nuit de noce programmée avec un mari choisi par convenance.

Mais Daniel Cario va plus loin encore, l’époque étant favorable à bon nombre de dérives malgré une certaine tolérance affichée. Les magazines spécialisés dans la relation d’articles spécifiques liés à l’horreur des drames familiaux, auxquels on ne songerait pas si l’on n’était pas confronté de visu aux titres raccrocheurs, qui ne sont pas tous issus de l’imagination de journalistes en mal de sensationnel, font florès dans les kiosques. L’on se moque des romans naturalistes et misérabilistes des auteurs précités mais ces publications hebdomadaires pullulent sur les étals des revendeurs de journaux, photos ou dessins à l’appui.

L’épilogue est conforme à ce que j’avais imaginé et donc il me convient parfaitement même si cela heurtera quelques âmes sensibles à une époque où les tabous reviennent en force.

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2018/03/daniel-cario-la-legende-du-pilhaouer.html

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2018/08/daniel-cario-rappelle-toi-eve.html

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2017/04/daniel-cario-trois-femmes-en-noir.html

http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/2018/01/daniel-cario-ne-reposez-pas-en-paix.html

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