on peut toujours recycler les ordures de Hélène CRIE-WIESNER


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HELENE CRIE-WIESNER

On Peut Toujours Recycler Les Ordures


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Le lundi 20 Aout 2018

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Hélène CRIE-WIESNER




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

En Bretagne, Hoellic est une commune du Morbihan rural, dans la vallée de l’Oust, du côté de Josselin, à une soixantaine de kilomètres du littoral. Quadragénaire, après avoir exercé dans le social du monde pénitentiaire à Rennes, Solenn Triquenot a été élue maire de Hoellic. Elle a eu pour compagnon Jean-Noël Raël (dit Nono), mort récemment, un éleveur qui s’essaya à des méthodes moins polluantes. Si elle reste en contact avec Yvonne, la mère de Nono, ses rapports avec le père Raël – son prédécesseur à la mairie – sont tendus. Présidente du Syndicat pour la collecte et l’élimination des déchets, Solenn Triquenot se penche sur l’historique des dossiers en question, sentant que les pratiques y sont nébuleuses.

Par contrat avec le Syndicat, c’est l’entreprise Maturin qui assure la collecte des déchets et la société Souig qui est chargée de leur élimination. Deux entités qui n’en font qu’une, car Maturin appartient au groupe Souig. C’est Yann Rufenec, le sémillant directeur régional de la Souig, qui a mené les transactions pour le rachat de Maturin. À Pontivy, Solenn visite l’usine d’élimination des déchets gérée par la Souig. Directeur d’exploitation du site, Hervé Terrasse ne cache pas à Solenn que, par le passé, il y eût quelques tricheries coûtant cher à la collectivité. Et qu’il y aura quelques "dépenses à programmer" pour le Syndicat, en vue de la mise aux normes de l’usine de Pontivy.

Rencontrant à Lorient le directeur régional Yann Rufenec, Solenn éprouve une impression défavorable à son égard. Les réponses préparées et l’obséquiosité de Rufenec laissent à penser qu’il ne dit pas la vérité. Solenn rencontre ensuite Mme Maturin. Celle-ci lui expose ingénument – en l’absence de son mari – les conditions de la vente de l’entreprise, et les combines permettant de frauder sur les chargements. Peu après, Solenn est contactée par Annie, une ex-détenue dont elle s’occupa naguère. Le mari de celle-ci, Jean-Luc Chaunay (surnommé Bitos), a des révélations pour Solenn. Concernant les entourloupettes sur le traitement des déchets et quant au rôle de Yann Rufenec.

Tandis que "l’enquête" de Solenn ne passe pas inaperçue, le directeur régional de la Souig rôde autour d’Yvonne Raël, qui doit bientôt vendre les biens de son fis Jean-Noël. Celui-ci était en contact avec Maurice Sempé, d’Avignon. Ce dernier expérimente des solutions sur le traitement des déchets, afin de réduire la pollution. Les cercles de l’agro-agri semblent approuver les progrès en la matière (on y suivait les initiatives de Jean-Noël), mais n’est-ce pas pour récupérer et annihiler ces méthodes nouvelles, moins néfastes ? Solenn est alertée d’un gros souci sanitaire à Hoellic : le captage d’eau consommable présente une inquiétante augmentation du taux de nitrates. La population n’est pas sans réagir. Solenn avait remarqué que plusieurs personnes étaient atteintes de dermatoses à Hoellic.

Grâce à Hervé Terrasse, Jean-Luc Chaunay et Maurice Sempé, Solenn progresse – mettant en évidence les manœuvres frauduleuses de Nicolas Maturin et Yann Rufenec. Mais s’en prendre à des sociétés comme la Souig n’est pas sans danger. Une brillante avocate et un soutien journalistique ne seront pas inutiles. Savoir pourquoi la soi-disant brocanteuse Catherine Le Deric et son fils Youenn ont reçu une vache en cadeau peut apporter à Solenn un des éléments de réponses…

(Extrait) “Face à mon air ahuri, elle se reprit et expliqua sans la moindre gêne :

— Je ne sais pas ce que Bitos a dit exactement mais, dans le métier, tout le monde connaît la combine. On est payé à la tonne collectée. Les camions sont donc pesés à leur arrivée au centre de traitement, que ce soit une usine d’incinération ou une décharge. Les chauffeurs s’arrangent pour ne pas vider entièrement leur cargaison. Personne ne voit rien, ce sont des bennes hermétiques. Ils repartent en partie chargés, et quand ils reviennent à nouveau pleins, la balance enregistre une part de ce qui a déjà été compté […] Je vous dévoile aussi la variante : on arrosait les ordures avant d’arriver sur la balance. C’étaient des pratiques courantes, autrefois. Je ne dis pas que certains ne continuent pas…”

Sans être extrémiste sur ces sujets, environnementaux et écologiques, il n’est pas interdit de s’interroger. Ruraux ou citadins, que l’on soit attentif à ne pas surcharger en produits phytosanitaires dans les campagnes, que les "urbains" trient ou pas leurs déchets, nous engendrons tous de la pollution. Qui, au final, se mesure par dizaines de milliers de tonnes d’ordures. La collecte et l’élimination des déchets forment un business utile, nécessaire, perpétuel. Avec probablement ses dérapages, ses connivences, ses arnaques. “On peut toujours recycler les ordures” d’Hélène Crié-Wiesner remonte à une quinzaine d’années, en 2002. Depuis, les contraintes environnementales ont évolué, se sont durcies. On pourrait ainsi supposer que, désormais, tout est limpide dans le traitement des déchets. Est-on sûr que ce soit le cas pour tous produits toxiques et autres métaux lourds ?

De nos jours, les dépotoirs sauvages ont été remplacés par des éco-stations, des centres de recyclages, des sites propres. Comme le montrait déjà l’auteure, ce sont les gros groupes qui décrochent les marchés de collecte et d’élimination des ordures. Quitte à confier la mise en œuvre à des sous-traitants, peut-être encore. Nos décideurs politiques de terrain sont satisfaits : la Délégation de Services Publics paraît fonctionner, et ils n’ont plus à se charger de ces affaires-là, chapeautées par des Communautés de communes ou d’agglomération (qui en assurent le financement, c’est quasiment tout). Ils se proclament bons gestionnaires des deniers publics. Le Code des marchés publics est respecté. Système exemplaire, vraiment ? La DSP, solution parfaite ? Possible, mais qui vérifie que de "vieilles pratiques", de l’approximatif ou des combines, des accords douteux, ne subsistent pas ? Il ne s’agit pas d’accuser, juste de comprendre.

C’est sur une tonalité enjouée, avec une part d’ironie bienvenue*, qu’Hélène Crié-Wiesner écrivit cette fiction – après que cette journaliste se soit documentée sur la question des déchets. (* “Les propriétaires des terrains menacés de restriction d’activités n’allaient pas se laisser faire facilement. Il est vrai que perdre la liberté de dégueulasser l’environnement est une dure contrainte. Décider que sur deux kilomètres à la ronde, personne n’aura le droit de stocker des huiles usées ou des produits phytosanitaires, d’installer une casse de vieilles bagnoles ou une production de porcs, ou tout simplement d’épandre du lisier alors que les cuves sont pleines, voilà qui constitue des atteintes intolérables au droit de propriété.”)

Si elle situe l’action dans le Morbihan, plutôt moins intoxiqué par la pollution agricole que d’autres départements de l’Ouest, c’est visiblement parce qu’elle connaît bien les lieux qu’elle décrit – un élément rendant crédible son scénario. Son héroïne narratrice Solenn Triquenot, maire de la commune fictive de Hoellic, est partisane d’une vie "au plus proche du naturel", sans intransigeance radicale. Mais les magouilles au détriment de l’argent public, portant parfois sur des montants considérables – des chauffeurs restant dans leur camion à la pesée des déchets, ça finit par chiffrer lourdement, par exemple – ça mérite d’être révélé à la population, aux contribuables.

L’auteure évoque aussi le rôle des maires, de plus en plus complexe, entre le social, les intérêts de leurs concitoyens, les moyens dédiés à l’entretien local, et les réglementations changeantes. Beaucoup d’entre eux (en particulier dans les communes petites et moyennes) font le maximum pour le bien de tous. L’urbanisation galopante dans certaines régions (où les terrains sont plus abordables) ne simplifie sûrement pas le problème des déchets, quand grossit inexorablement le nombre d’habitants. Aborder tout cela par le biais d’un roman permet d’illustrer ces thèmes actuels de façon moins aride que des rapports officiels ou des reportages. Afin de garder en tête que nos déchets représentent une vraie question sociétale.

 

 

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