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MICHEL CHEVRON |
Mother FeelingAux éditions SERGE SAFRANVisitez leur site |
1733Lectures depuisLe lundi 4 Juin 2018
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Une lecture de |
Thriller. Parution le 15 mars 2018. 296 pages. 21,00€. ISBN : 979-1097594077 Vous laissez-vous tenter par les sites de rencontres ? C’est un point de vue moderne. Autrefois, les jeunes gens draguaient les jeunes filles dans les bals et au moins, les deux futurs partenaires d’un soir ou d’une vie, pouvaient se rencontrer physiquement dès le départ. Aujourd’hui, comme dans les catalogues de vente par correspondances, on peut établir un choix, discuter par messages électroniques, puis éventuellement se retrouver à la terrasse d’un café, ou tout autre lieu propice à une première rencontre. Tout en pensant à Marie, qui a disparu cinq ans auparavant, et dont il possède toujours la photo, Rodolphe Dendron, dit Rhododendron, s’adonne à des nuits blanches en passant son temps sur Internet, compulsant le site de rencontres Mother Feeling. Heureusement, il s’agit d’un site gratuit, car il est en recherche d’emploi également. Il travaille de temps à autre au noir, il n’est pas raciste, et va voir sa mère pour la ponctionner légèrement. Seulement madame mère, qui habite en banlieue, a un nouvel ami du nom d’Alzheimer. Alzheimer jeune, mais qui prend de plus en plus de place, la perturbant. Tous les ans, à la même période, Rhodo découvre sous sa porte une carte d’anniversaire signée du Nain jaune. Il vient justement d’en recevoir une, et cela va troubler sa journée, et les suivantes, mais heureusement, une bonne nouvelle se profile à l’horizon. Il avait postulé pour un emploi et sa demande est agréée mais auparavant il doit se présenter à son potentiel employeur. Il est engagé à la compagnie CRS (Cellule Rainer Strauss, du nom de son dirigeant) pour suppléer efficacement les huissiers et autres recouvreurs en tout genre. Il devient l’adjoint de Bekrit, un ancien policier qui a passé vingt-sept ans de sa vie à la Tour pointue, et leur mission, la première pour Rhodo, c’est de se rendre chez une brave dame qui refuse à son mari de montrer leur gamin. Un gamin qui depuis le temps a bien grandi, mais à chaque récrimination du père, elle avance toujours une bonne excuse pour ne pas le présenter. D’autres cas se présentent à Bekrit et Rhodo, tous plus ou moins désagréables les uns que les autres, et offrant tous un intérêt particulier, pour le demandeur. Et non pas sans problèmes pour Rhodo qui commence à penser qu’il a mis les pieds, et peut-être le nez, dans une ou des affaires qui le dépassent. Ce qui ne l’empêche pas de penser à Marie. Oh Marie, si tu savais, tout le mal que tu me fais…
Michel Chevron joue avec les codes et les genres. On ne peut s’empêcher de penser aux romans-feuilletons du début du XXe siècle avec un « héros » malgré lui qui combat les Méchants, menés par un savant fou. Car, et comme cela est précisé en quatrième de couverture, donc je ne dévoile rien, Rhodo et Bekrit sont confrontés à un trafic d’organes d’enfants. Et Michel Chevron n’invente rien, il constate un fait réel, toutefois dans une histoire qui s’apparente à une aberration humaine. Le personnage de Bekrit est lui aussi intéressant et ravagé. Il est obsédé par les nombreuses petites victimes qui ont parsemé son parcours professionnel. Ce qui l’amène à comprendre et aider Rhodo, plus qu’un ancien flic lambda pourrait le faire. Le contrepoint est fourni par le personnage du Nain jaune, sorte de Joker, ce personnage créé par Jerry Robinson, Bill Finger et Bob Kane qui apparaît initialement dans Batman, au printemps 1940 et deviendra un héros malfaisant psychopathe récurrent avec de nombreuses adaptations dans les Comics ou bandes dessinées, au cinéma, à la télévision, et même en jeux vidéos. Une horreur moderne compensée par une écriture qui louvoie entre recherche linguistique et humour noir. Entre lyrisme et parler de tous les jours, entre cruautés et émotions, entre scatologie et pudeur. Un Michel Chevron devenu un chevronné des rebondissements en tous genres, et surtout d’une littérature addictive.
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