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JEAN-FRANCOIS COATMEUR |
Des Croix Sur La MerAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
609Lectures depuisLe mardi 2 Janvier 2018
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Une lecture de |
Juin 1991. 220 pages. Réédition Pocket N°4601. 215 pages. Parution 1991. Hommage à Jean-François Coatmeur décédé dans la nuit du 11 décembre 2017 à l’âge de 92 ans. Deux jours de la vie d’un homme. Deux jours, c’est court, cela passe très vite, ou très lentement, selon les circonstances, mais au bout du compte, deux jours ne représentent que quelques gouttes d’eau dans la mare de l’existence. Deux jours qui marqueront de leur empreinte Palu, l’infirmier. Deux journées ressenties différemment par deux femmes que rien ne rapproche et qui porteront en elle un secret. Le vendredi 4 août 1944, dans un petit village de pêcheurs du Finistère, les Allemands commencent à se replier. Ils grouillent dans la région, ils tournent, ils s’affolent excités, énervés, se conduisant comme des fourmis dont on vient de raser d’un coup de pied rageur la fourmilière. Dans le village, tout le monde s’active. Les drapeaux sont sortis des armoires, la photo du Maréchal est décrochée de sous le crucifix, les gamins confectionnent des mitraillettes à l’aide de bouts de bois. Marie s’inquiète, elle a fricoté avec l’ennemi, uniquement pour assurer la pitance à son père, malade, hargneux, grincheux, et que la reconnaissance n’étouffe pas. Palu l’infirmier ne veut pas et ne se sent pas concerné par les problèmes de Marie. Il a déjà bien du mal à gérer les siens. Avec sa femme, ce n’est plus le grand amour. D’ailleurs ils font chambre à part. Palu a été atteint dans sa dignité, pourtant Françoise essaie, maladroitement, d’effacer les stigmates qui perdurent au fond de sa pensée en un leitmotiv lancinant. Le lendemain, samedi 5 août, Palu est mandé par Valentin, un être simple d’esprit, pour soigner sa mère. En cours de route, ils seront faits prisonniers par les Allemands. En compagnie de cinq autres otages, il va vivre de longues heures de déprime, d’angoisse, de faux espoirs, de réminiscences. Surveillés par des Allemands démoralisés, mais toujours aussi virulents, les prisonniers restent pendant des heures devant un mur, au soleil, attendant une hypothétique délivrance, une volte-face de l’ennemi qui joue son va-tout. Palu revit certaines scènes, parfois pénibles, parfois grotesques et pathétiques de son existence. Sa jeunesse, son adolescence, sa rencontre avec Françoise, son mariage. Il rêve aussi, cauchemarde, extrapole, imagine des situations. Mais surtout il est tenaillé par une idée fixe. Et seule Marie, celle qu’il avait repoussé la veille, va pouvoir exaucer, mener à bien une mission délicate, le délivrer d’une vengeance qui depuis des mois le taraude. Palu, c’est le quidam par excellence. Il exerce son métier avec sincérité, mais ce n’est pas un héros. Bien sûr, il a pensé un moment entrer dans la Résistance. Mais les faits se sont greffés sur ses velléités, et depuis il se conduit en passif. Mais pour autant, il n’a pas trahi. Ni traître, ni héros, Palu est un homme simple. Et c’est simplement que Jean-François Coatmeur nous fait découvrir son parcours du combattant du cœur. Jean-François Coatmeur qui pour une fois délaisse le genre dans lequel il s’est brillamment illustré, le roman policier et noir, nous fait partager les affres, les peines, les angoisses, les espoirs également de ceux qu’on appelle les petites gens, confrontés à des situations auxquelles ils ne sont pas préparés. Tout en finesse, Jean-François Coatmeur nous conte deux jours dans la vie d’un homme. Deux jours qui résument toute une vie, qui marquent un tournant dans la carrière littéraire de l’auteur déjà riche de prix et de succès en librairie.
Issu d’un souvenir personnel, quand l’auteur a été aligné, le 5 août 1944, par des soldats allemands à quelques mètres de la maison familiale à Pouldavid.
Ce roman a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2014 par Luc Beraud, avec dans les rôles principaux : Laurent Malet, Isabelle Renault et Marie Guillard. |
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