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ANDREA CAMILLERI |
Une Voix Dans L’ombreAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
1365Lectures depuisLe mercredi 12 Juillet 2017
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Une lecture de |
Le jour de son anniversaire, voilà une farandole de tracassins pour le commissaire Salvo Montalbano. Ça commence chez lui, à Marinella, entre un poulpe menaçant et un coup de ‘tiliphone’ orageux avec sa fiancée Livia. Ça continue en route vers Vigàta, quand il se fait agresser par un jeune conducteur nerveux. Ce Strangio, il est le fils d’un politicard de la région. Alors, forcément, il y a un avocat qui vient le défendre presto. À peine arrivé au commissariat que Montalbano doit s’occuper d’un cambriolage dans un supermarché. On y a volé la recette de la veille, mais d’effraction sur les locaux, il n’y en a pas du tout. Le directeur semble franchement inquiet. Il est vrai que ce supermarché, il appartient à une famille mafieuse, les Cuffaro. Vraiment anxieux, le directeur devait l’être, car il se suicide le soir-même. Bonne occasion pour certains médias proches du pouvoir d’accabler Montalbano et les policiers. Quand même officieusement, le docteur Pasquano, le légiste, il pense que le directeur a été étranglé avant d’être pendu, et que c’est donc un meurtre. Le Questeur, chef de la police, est contrarié par la tournure de cette affaire. Il peut imaginer le poids de la mafia. La disparition du gardien de nuit de la banque à côté du supermarché confirme, sans doute, que le cambriolage ne s’est pas déroulé comme on le leur a dit. Calmé depuis leur altercation, le jeune Strangio contacte Montalbano. À son retour de Rome, il vient de découvrir sa fiancée assassinée chez eux. L’assassin s’est acharné sur cette séduisante étudiante. Il ne l’a pas violée, mais il lui a asséné quarante-sept coups de couteau. L’irascible docteur Pasquano apprend à Montalbano que la victime était enceinte de deux mois. Il apparaît qu’elle recevait un amant, lorsque son fiancé Strangio était en déplacement. Quant à l’alibi du jeune homme, il est assez relatif. Le compétent policier Fazio note des approximations dans les horaires. Mais il y a sûrement une explication. Si l’agent de police Catarella est la maladresse incarnée, il se débrouille correctement en informatique. Malgré tout, il y a une embrouille entre les deux ordinateurs du directeur du supermarché. Par contre, Catarella saura peut-être décrypter son enregistreur numérique. Le ‘catafero’ du vigile de nuit de la banque, on le retrouve abattu façon mafia. L’affaire est de plus en plus sensible, c’est pourquoi Môssieur le Questeur fait preuve d’une courtoisie exceptionnelle envers Montalbano. “Cet homme était prêt à tout pour sauver ses fesses”, ‘se pinsa’ le commissaire, se méfiant de son attitude. De son côté, le procureur en est plus que sûr : c’est le jeune Strangio qui a assassiné sa fiancée. Montalbano est perplexe quant au scénario du crime, lui. Le témoignage de la meilleure amie de la victime va offrir des indices capitaux au commissaire… (Extrait) “Au lieu de retourner à son bureau, il préféra rester dehors à se fumer une cigarette. Le geste de Strangio ne l’avait nullement perturbé. Il avait très bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une impulsion soudaine, dictée par la douleur, le désespoir ou le remords, ou allez savoir quel autre motif. Non, ça avait été un geste exécuté de sang-froid, ‘pinsé’ et calculé au millimètre. À ce moment-là, Strangio n’avait pas perdu la tête, même s’il voulait apparaître dans cet état. Il avait à l’évidence l’intention d’obtenir un certain effet. Lequel ? C’était le geste typique du coupable qui veut paraître innocent. C’était comme mettre sa signature sur un assassinat. Il soutiendrait avoir voulu se jeter sous la voiture par désespoir d’avoir perdu sa fiancée. Néanmoins, il décida d’arrêter d’y réfléchir, pour ne pas se faire d’idées préconçues.” Salvo Montalbano a-t-il pour tous les lecteurs le visage du comédien Luca Zingaretti, qui l’a incarné dans les adaptations télévisées ? À dire vrai, chacun se forge une image de ce commissaire sicilien. S’il se montre quelquefois grognon, c’est qu’il supporte mal l’idée de vieillir. Ses houleux échanges téléphoniques avec son éternelle fiancée, ça le maintient en forme, certainement. Les humeurs du légiste joueur de poker Pasquano, ça le ferait plutôt rire. Et les bévues patronymiques de ce brave Catarella, tout autant ! Quoi qu’il en soit, l’âge ne fera pas renoncer Montalbano à ses plaisirs de gastronome. La cuisine de son employée Adelina ou la trattoria chez Enzo, c’est un bon moyen de marquer une pause au milieu d’enquêtes énigmatiques, même lorsque plane l’ombre de la mafia. C’est un bonheur renouvelé que de suivre Salvo Montalbano à Vigatà, entouré de son adjoint Mimì Augello, de l’enquêteur chevronné Fazio qui a “déjà fait” d’avance ce que va lui demander son supérieur, de l’irrésistible Catarella, et de tout ce petit monde. L’intrigue énigmatique est de forme classique, mais c’est évidemment la tonalité du récit qui ravit les lecteurs. Comment ne pas se sentir proches de ces personnages ? Et puis, on retient ce langage sicilien si particulier, qui nous charme toujours. Avec “Une voix dans l’ombre”, le maestro Camilleri fait mouche une fois encore. |
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