trois femmes en noir de Daniel CARIO


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DANIEL CARIO

Trois Femmes En Noir


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Le mercredi 29 Mars 2017

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Daniel CARIO




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Port-Louis est une petite ville de moins de trois mille habitants, dans le Morbihan, en face de Lorient. Il s’agit d’une cité ancienne connue pour sa citadelle, qui abrite le Musée de la Compagnie des Indes, Port-Louis étant à l’origine de la création de Lorient. En ce mois de mai 1990, alors qu’elles pratiquent la pêche-à-pied près de la plage du Lohic, deux dames d’ici découvrent un cadavre. Elles reconnaissent Eugénie Le Livec, vingt ans, qui avait la réputation d’être un peu simplette. Elle a été violée, déflorée car elle était vierge, puis poignardée par trois fois. Ça a dû se produire la nuit précédente, vers minuit. Eugénie était femme de ménage au Musée de la Citadelle, un site qu’elle adorait. L’adjudant de gendarmerie Philippe Derval et sa brigade sont chargés de l’affaire. Méthodique, l’assassin n’a laissé aucune trace réellement exploitable pour les enquêteurs.

Des indices peuvent incriminer Joachim Gahinet (dit Chim), un attardé mental de vingt-cinq ans, ami de la victime. En réalité, il est peu suspect, mais il ne doit pas être écarté. D’autres éléments peuvent désigner les trois marins-pêcheurs du chalutier Saint-Louis. Ils sont d’ailleurs injoignables par radio. Les gendarmes les attendent au port de pêche de Lorient, pour le retour de la marée, mais ils ne rentrent pas. Il peut s’agir d’un incident, pas forcément d’un naufrage. Ou d’une fuite, s’ils sont coupables du meurtre d’Eugénie. Trois femmes s’inquiètent de leur sort. Lucie, l’épouse du patron-pêcheur, qui tient un bar à Port-Louis. Mauricette, la mère de Loeiz, qui a suivi – non sans difficultés – la tradition paternelle, son père ayant été pêcheur. Quant à Rozenn, elle pense à son frère P’tit Louis. Leur famille a déjà été durement éprouvée ; leur mère est internée en psychiatrie.

Guite et Fanch, les deux personnes qui ont trouvé le corps d’Eugénie, sont de redoutables commères. Elles ne tardent pas à essaimer des rumeurs dans la petite ville, désignant le trio du chalutier Saint-Louis. D’autant plus facile qu’on reste sans la moindre nouvelle de l’équipage. Au bistrot de Lucie, l’ambiance est tendue quand des clients malintentionnés suggèrent des médisances. Néanmoins, comme Mauricette et Rozenn, Lucie est sûre qu’ils n’y sont pour rien. Sombres obsèques pour la jeune Eugénie. Son ami Chim est sous le choc, tombant dans une sévère prostration. Évidemment, ce n’est pas un simulateur.

Tandis qu’au bar de Lucie, l’affaire provoque encore des remous, la vie continue pour les trois "veuves". Elles sont sans illusion sur la mort des hommes du chalutier Saint-Louis. Elles affichent finalement chacune une tenue de deuil. Un mois plus tard, l’enquête de gendarmerie est toujours au point mort. En bonne entente avec la mère d’Eugénie et celle de Chim, les trois femmes envisagent de chercher par elles-même le coupable. À force de ténacité et de ruse, peut-être parviendront-elles à piéger l’assassin…

(Extrait) “Le climat se dégradait dans la ville. Dans la semaine, le territoire était en priorité occupé par les femmes, plus bavardes que les hommes. Les supputations continuaient. Sans nouvelles, les commères érigeaient en vérités les hypothèses les plus hallucinantes. Le chalutier aurait été aperçu du côté de l’Irlande, ou près de la côte basque. Pourquoi pas en Polynésie ou aux Caraïbes ? La mère d’Eugénie aurait affirmé que les gars du Saint-Louis auraient déjà tourné autour de sa fille. De drôles d’individus finalement sous leur apparence intègre, toujours à l’affût d’une paire de fesses, même celles des femmes mariées. Des ragots à sens unique, d’une perfidie à porter au bûcher les présumées sorcières quelques siècles auparavant ; quand on tenait un coupable, il convenait de ne pas le lâcher, d’étayer la suspicion avec tout ce qui passait par la tête.”

Au sud de la Bretagne, malgré l’invasion touristique et l’installation de retraités aisés, les populations locales restent attachées à leur terroir, à leurs communes. Si des plaisanciers se prennent pour des marins, si des gens en villégiature prétendent pratiquer la pêche-à-pied à l’égal des "culs-salés", les vrais habitants mènent leur propre vie, à leur rythme et en gardant leurs habitudes. Que les visiteurs aillent voir le Musée de la Citadelle, qu’ils se bronzent sur la plage des Pâtis ou flânent le long des remparts, qu’ils empruntent la navette maritime vers Lorient, mais qu’ils n’espèrent pas imiter les autochtones pêchant des palourdes et autres coquillages dans la Petite Mer de Gâvres. Chacun sa tradition.

Si cette histoire est bien une fiction – Port-Louis ne se plaçant pas parmi les villes les plus criminogènes de France – l’auteur la situe dans une époque encore récente. Il n’est pas toujours utile d’aller fouiller dans les méandres du passé pour évoquer les ambiances d’un lieu, le contexte du récit. Si des personnages de commères et autres porteurs de ragots malveillants peuvent paraître surannés ou obsolètes, ne nous y fions pas : de nos jours, on en trouve toujours. Au-delà d’un roman d’enquête, à l’intrigue criminelle présente, c’est avant une sorte de chronique d’une petite ville côtière bretonne que nous propose Daniel Cario. Un roman très réussi.

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CLAUDE LE NOCHER
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Une autre lecture du

Trois Femmes En Noir

de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE

Collection Terres de France. Parution 16 mars 2017. 432 pages. 20,0€.

A la pêche aux moules, moules, moules...

C'est ce que pourrait chanter Chim, s'il n'était autant perturbé par sa découverte sur l'estran, et s'il n'était allé ramasser des palourdes. Il a remonté vite fait la falaise et il rentre chez lui, assez vite mais pas trop pour ne pas se faire remarquer, en marmonnant, geignant, traînant la jambe s'étant foulé la cheville dans sa précipitation à escalader les rochers. Et comme il habite non loin de la gendarmerie, il préfère se réfugier dans un bosquet.

Ce que fuit Chim, abréviation de Joachim, en ce mois de mai 1990, c'est juste un cadavre de jeune femme dont les dessous ont été retroussés. Et ce n'est pas parce qu'elle fut révolutionnaire, qu'elle est sans culotte, mais parce qu'elle a été violée. Guitte et Fanch, deux vieilles pêcheuses de palourdes parties elles-aussi à la cueillette, s'en rendent compte immédiatement et tandis que l'une reste à garder la morte, dès fois qu'il lui prendrait l'envie de décamper, l'autre prévient immédiatement la gendarmerie représentée par l'adjudant Derval.

Près de la défunte, repose le matériel de pêche de Chim, ce qui n'incrimine pas forcément le grand adolescent simplet de vingt-cinq ans qui serait incapable de faire du mal à qui que ce soit, pas même à une mouche. Près du cadavre, une croix a été tracée dans le sable, et des galets ont été posés comme pour écrire un nom, ou ce qui y ressemble. Un L, un O puis un U, l'esquisse d'un I et elle tient encore dans sa main un autre caillou n'ayant pas eu le temps de terminer son inscription.

La victime se nomme Eugénie, une gamine un peu bizarre selon les dires, qui avait des courants d'air dans le clocher, ce qui ne l'empêchait pas de travailler au musée de la Compagnie des Indes, installé dans la Citadelle, au ménage et parfois comme guide. Elle était attirée par toutes les beautés que le musée recèle, notamment une sculpture en buste de la reine Li.

Chim et Eugénie étaient souvent ensemble, main dans la main, deux gamins perturbés dans un monde d'adultes. Et pour tous les habitants de Port-Louis, port de pêche calé dans la rade de Lorient, Chim ne peut être l'agresseur. Simplet mais pas agressif et surtout trop respectueux d'Eugénie, son amie Eugénie.

L'inscription dans le sable pourrait correspondre au prénom Louis, un nom propre commun dans la région, mais la croix amène à penser qu'il pourrait s'agir d'un bateau, plus précisément le Saint-Louis. Or à bord du Saint-Louis, parti comme les autres navires pêcher, le patron et ses deux marins se prénomment Louis. Loeiz, Lili et P'tit Louis. L'un des trois serait-il le violeur, ou les trois, allez savoir.

Les gendarmes, Derval en tête, font leur enquête auprès des trois femmes de marin. Mauricette, la mère de Loeiz, une veuve, Rozenn, la femme de Lili qui tient un bar et Lucie, la jeune sœur de P'tit Louis ne se laissent pas abattre. Seulement, Rozenn, qui d'habitude est en communication radio avec le Saint-Louis ne parvient pas à établir de liaison avec le chalutier. Le Saint-Louis ne répond pas. Et ne rentre pas au port tandis que les autres bâtiments de pêche regagnent le havre leurs filets de pleins de poisson. Personne n'a vu, ni de près ni de loin le Saint-Louis.

Toutes les suppositions, même les plus folles, sont avancées. Et si le Saint-Louis s'était réfugié dans un autre pays, échappant aux recherches ? Mauricette, Rozenn et Lucie ne veulent pas baisser les bras. Cependant dans la commune les langues commencent à se délier. Des rumeurs traînent, alimentées par un ivrogne, Donias, qui insinue, sans preuve, des allégations de son cru, désobligeantes, méchantes, ressassant une vieille affaire au cours de laquelle il a joué un rôle infect.

Plus qu'un roman policier, Trois femmes en noir est une étude de mœurs. Colportages de rumeurs, déductions hâtives, conclusions erronées, malveillance, méchanceté, jalousie, s'enfilent comme le vent d'hiver dans les ruelles et ne sont guère faciles à canaliser.

Le combat de trois femmes contre l'adversité, contre les insinuations malsaines, afin de préserver l'honneur de leur fils, mari ou frère, assertions qui pourraient également leur porter préjudice dans leur vie quotidienne et rejaillir sur leur notoriété, leur probité, leur renom et pourquoi pas sur d'autres représentants d'une profession déjà malmenée.

L'enquête se déroule dans une ambiance délétère, parfois confinant au sordide, mais l'épilogue est bien amené.

Le lecteur peut se sentir en empathie envers les trois femmes, mais également envers Chim le simplet qui se trouve frappé de plein fouet non seulement par l'accusation de meurtre parce qu'il pense que tout le monde le croit coupable, mais aussi par la mort de celle qui fut son amie en toute candeur. Par ricochet, la sympathie se transpose également sur Eugénie, victime innocente des pulsions d'un individu dont on ne connaîtra qu'à la fin l'identité mais qui est évoqué toutefois dans le roman. Et le lecteur ne pourra que s'indigner quand Donias jette ses insinuations à la cantonade, comme ça, l'air de rien, sachant que ses paroles sont comme autant de coups de poignard dans le dos.

Daniel Cario sait préserver le suspense, ne dévoilant le coupable que lorsque l'enquête touche à sa fin.

Un univers et des petites gens qui n'auraient pas déplu à Simenon et à son commissaire Maigret.

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PAUL MAUGENDRE
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