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Le Détective Détraqué – Ou Les Mésaventures De Sherlock HolmesAux éditions BAKERSTREET EDITIONSVisitez leur site |
731Lectures depuisLe mardi 18 Janvier 2017
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Éternel Sherlock Holmes ! Champion de la déduction et de l’analyse, à l’affût du moindre indice confirmant son raisonnement, n’établissant d’hypothèses que si elle répondent à la logique ! Le "plus grand détective du monde" n’a guère d’estime pour les enquêteurs de Scotland Yard, et réciproquement. Avec une clarté flegmatique, il explique si facilement le chemin qui mène à la résolution d’un mystère. Merci à son ami le Dr John Watson de nous avoir si brillamment raconté ses aventures, ses exploits. Toutefois, le médecin n’est pas le seul qui, depuis environ cent trente ans, nous a narré des épisodes de la vie de Sherlock Holmes. Face au succès du héros créé par Conan Doyle, bon nombre d’auteurs se sont amusés à le parodier avec drôlerie, à pasticher ses enquêtes. Rebaptisé Herlock Sholmès, Sherlaw Kombs, Oilock Combs, Hemlock Jones, Shamrock Jolnes, Picklock Oles, assisté par un docteur Whatson, Whatsup, Potson, ou Spotson, c’est toujours l’unique Sherlock Holmes qui est le héros de nouvelles inspirées de Conan Doyle. Son esprit prpétuellement en éveil et sa compétence spectaculaire le conduisent d’Angleterre aux États-Unis, et jusqu’à Prague. Il existe une version pleine de saveur où, enquêtant sur le meurtre d’un jeune homme dans la cathédrale de Canterbury, Shirley Holmes et Joan Watson ne sont autres que les filles du célèbre duo. Étonnante aventure encore quand Sherlock devient Shadrock Cholmes, avec le Dr Hamish Vasser, explorant le parler yiddish des Juifs new-yorkais. Écrits de 1892 à 2012, les textes rassemblés dans “Le détective détraqué” sont présentés chronologiquement. Les premières histoires, contemporaines de Conan Doyle, misent sur l’humour, montrant un Sherlock aux déductions plutôt erronées, fantaisistes. Confrontant le détective londonien à son Arsène Lupin, c’est avec davantage de subtilité que Maurice Leblanc traite l’image de Herlock Sholmès. Les plus récentes versions, de Jacques Fortier ou Bernard Oudin, respectent aussi ce caractère authentique et énigmatique. Le texte de René Réouven présenté joue sur le personnage de Moriarty, génie du crime ou non. On sourira franchement en lisant, dans la nouvelle “Épinglé au mur”, des lettres adressées à Sherlock Holmes, imaginées par Peter G.Ashman. Dans cette sélection, le plus émouvant des textes n’est pas une fiction. En 1916, l’écrivain aventurier Jack London va mourir quelques mois plus tard, à quarante ans. Il raconte ses souvenirs marquants, faisant le parallèle avec la vie et l’œuvre de Conan Doyle. Ils ne se sont jamais rencontrés de leur vivant, malgré les efforts en ce sens de Jack London. Leurs parcours possédaient pourtant des similitudes. Largement autodidacte, l’Américain s’était dès l’enfance nourri des livres de Conan Doyle. Il s’en servira : “Dans une de mes aventures de Smoke Bellew, le scorbut fait de nombreuses victimes et l’on a besoin de pommes de terres crues. Or un homme a volé toutes les pommes de terre. Le seul qui ne soit pas malade, pense Bellew, qui déclare à son ami : "Je te l’ai toujours dit, Shorty. Trop peu de connaissances littéraires est un vrai handicap, même dans le Klondike". Eh bien, ils ont retrouvé leurs patates en utilisant le stratagème employé par Sherlock Holmes dans "Un scandale en Bohème". Ils mettent le feu à la maison du voleur. Holmes avait remarqué que, lorsqu’une femme voit sa maison brûler, elle se précipité à l’intérieur pour récupérer ce qu’elle a de plus précieux. Le voleur fonce chez lui et sauve ses pommes de terre.” Un portrait-croisé de haute qualité littéraire. Aussi austère que paraisse Conan Doyle dans les portraits que l’on a de lui, il sut faire preuve de dérision en écrivant “La kermesse du terrain de cricket”, s’auto-parodiant avec malice. Son ami James Barrie (l’auteur de "Peter Pan") est également enjoué quand sa nouvelle évoque leur collaboration peu réussie. Bernard Oudin, lui, s’inspire d’une actualité des années récentes, impliquant une personnalité célèbre, pour la base d’une intrigue qui sera plutôt irlandaise. Quant à Frederic Dorr Steele, illustrateur américain des aventures de Sherlock Holmes, il se met en scène de façon tragi-comique. À ce propos, notons que ces vingt textes sont ponctués d’illustrations holmésiennes signées Scott Bond, Leonid Koslov et Vlou. Elles contribuent à l’ambiance du recueil, bien sûr. À l’évidence, c’est un hommage à Conan Doyle qu’ont rendu tous ceux qui ont imité Sherlock Holmes. Ce recueil de nouvelles parodiques s’avère une excellente initiative. (Extrait) : “Watson, bien entendu, tombe des nues. Et Holmes de s’écrier aussitôt : "Voilà bien le côté génial, miraculeux de l’affaire : cet homme règne sur Londres, et personne n’a entendu parler de lui !" N’est-ce pas un peu facile comme postulat, monsieur le rédacteur en chef ? Les gens de bonne foi apprécieront. Bref, selon Holmes, le Pr Moriarty est le Napoléon du crime, le chef occulte de toute la pègre britannique. Invisible, omnipotent, il tire toutes les ficelles de la délinquance, grande, moyenne, petite. Il en récolte, bien entendu, tous les bénéfices. Il était donc fatal qu’une confrontation survînt avec le Wellington de la justice : j’ai nommé Sherlock Holmes. Exaspéré par les obstacles mis sur sa route par ce dernier, le Pr Moriarty décide de le supprimer. Il le fait par des procédés artisanaux, voire primaire, qu’on a du mal à croire sortis d’un si brillant cerveau…[René Réouven]” |
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