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THOMAS CERVION |
Jour Des MortsAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
789Lectures depuisLe samedi 7 Novembre 2015
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Une lecture de |
Collection Spécial Police N°41. Parution juillet 1953. 224 pages. Mais des morts, il y en a tous les jours...
Arrivé à la quarantaine, Maxime Servin peut s'estimer heureux. Sa peinture commence à être reconnue, il est marié avec Simone, qui a dix ans de moins que lui, depuis trois ans, et il vient de réaliser un portrait de son modèle préféré dont il est particulièrement fier. Ils ont quitté Paris où il ne se sentait plus à l'aise et se sont installés à Toulon. En fin de cette fin de journée du 2 novembre, le Jour des Morts qui ne portera jamais si bien son nom, il convie ses amis Paul et Marcelle Lecomte à venir découvrir sa dernière œuvre en date et à souper. Puis il rentre chez lui pour annoncer la nouvelle à sa femme... qui est absente. Elle a laissé un petit mot lui annonçant qu'elle part rejoindre son amant. Abattu, Maxime remâche son désespoir lorsque Simone, contre toute attente, rentre à la maison. Maxime est au comble de la joie, il va pouvoir recevoir Paul et Marcelle dans la sérénité retrouvée. Tandis que Simone vaque à ses ablutions, Maxime décide de fumer une pipe. Zut, plus d'allumettes. Simone a bien un briquet dans son sac à main. Au lieu d'aviver sa flamme, son geste l'éteint. Il découvre une lettre adressée à Simone, avec la suscription d'un hôtel et le numéro de chambre. Le texte est assez éloquent. L'amant, que Simone avait rejeté trois ans auparavant, lui signifie qu'entre eux c'est fini. Elle avait préféré la richesse à l'amour, tant pis pour elle. Aujourd'hui elle est enceinte d'un bâtard, et elle n'a qu'à retrouver son mari. La catastrophe tombe sur la tête de Maxime qui entre dans une rage folle. Il enfonce la tête de Simone dans l'eau du bain, puis lorsqu'il est sûr qu'elle est morte, après une petite mise en scène, il la met dans le coffre de sa voiture et la plonge dans la mer dans le port marchand. Au revoir Simone. En rentrant chez lui, Maxime organise une nouvelle fois une petite mise en scène pour l'édification de ses amis. Il enfile quelques cachets de véronal, médicament dont il use de temps à autre afin de trouver le sommeil, juste ce qu'il faut pour tomber dans le néant sans trépasser, et il n'y a plus qu'à attendre. Lorsqu'il sort de son évanouissement, il entouré de Paul et Marcelle, et du toubib. S'invite alors un nouvel invité inattendu, le commissaire Paron. Le corps de sa femme a été repêché dans les eaux du port marchand. Il faut procéder à la reconnaissance du corps, ce qui n'est pas toujours facile, et laisser le temps filer, avec toutefois une idée en tête. Seulement, à l'autopsie, le légiste démontre qu'il ne s'agissait pas d'une suicide, mais bien d'un meurtre. Les poumons de Simone sont gorgés d'eau douce et non d'eau de mer. Maxime a mis un doigt dans un engrenage infernal. Il veut retrouver l'amant de sa femme, le tuer et laisser des preuves afin de le désigner comme coupable. Mais le doigt ne suffit pas au destin implacable. Bientôt c'est la main qui est entraînée : un individu a vu Maxime balancer à la baille le corps de Simone. Un maître-chanteur qui grippe la belle mécanique. Ajoutez à cela le cadavre d'un homme que Maxime prend pour l'amant de sa femme, de faux billets et de Marcelle qui s'entiche de Maxime, voilà de quoi passer quelques heures de lecture réjouissante dans une ambiance de suspense psychologique habilement narré.
Thomas Cervion, dont c'est l'unique roman publié dans la collection Spécial Police, n'est pas un inconnu des amateurs de littérature policière, puisqu'il fit les beaux jours de la collection Crime Club puis Sueurs Froides chez Denoël sous le nom de Louis C. Thomas. Le commissaire Paron, joue les seconds rôles car le personnage principal sur lequel l'attention du lecteur se focalise est bien Maxime Servin. Toutefois on pourra reconnaître en Paron une parenté avec Maigret et Columbo, complété avec un zeste de Bourrel. Ce qui n'est pas étonnant, même si Bourrel n'était pas encore le commissaire des Cinq dernières minutes. En effet Louis C. Thomas a signé quelques épisodes de cette série qui était suivie par des millions de téléspectateurs, Raymond Souplex incarnant le fameux commissaire. Quant à Maxime Servin, son premier réflexe, celui de tuer sa femme, l'entraîne dans une suite d'épisodes tragiques, le noyant inexorablement dans un bourbier inextricable. |