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JONATHAN CURIEL |
Le Club Des Pauvres TypesAux éditions FAYARDVisitez leur site |
1000Lectures depuisLe jeudi 14 Mai 2015
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Une lecture de |
“Je ne suis pas le public visé par ce roman”. La tentation est grande de se contenter d'une formule passe-partout. Une sentence lapidaire, qui ne serait pas tellement honnête. D'emblée, il suffit de lire la présentation-éditeur du livre pour réaliser que ça s'adresse plus sûrement à des trentenaires qu'aux quadras, quinquas et au-delà : “Et si l’homme parfait n’existait pas ? C’est la question que se pose Paul, que sa compagne vient de presser d’emménager à deux, et tous les aventuriers de la vie conjugale qu’il croise sur sa route, du jeune père de famille en burn-out à l’addict aux sites de rencontres. Ont-ils définitivement perdu le mode d’emploi avec les femmes ? Le récit incisif de leurs histoires hilarantes n’épargne personne, pas même leurs compagnes, à qui tout semble réussir. Comment surmonter cette crise de la masculinité ? Ils choisissent de se révolter et mettent en place une drôle de structure d’entraide, dans le plus grand secret: le club des pauvres type. Guide de survie conjugale, ce roman réjouissant et libérateur décrypte les nouvelles relations entre hommes et femmes.” L'auteur étant âgé de trente-quatre ans, il évoque un univers actuel plus parlant pour les personnes de sa génération. Si l'on n'a pas une première expérience hâtive, dès la prime jeunesse, s'installer en couple autour de trente ans représente un véritable séisme dans la vie de chacun. Un homme célibataire a pris des habitudes, que sa compagne s'acharnera à modifier. Initiatives auxquelles il apparaît quasiment impossible de résister. Les hommes ont-ils un sens de la diplomatie et de la courtoisie si développé, de nos jours ? Non, ils se montrent seulement plus lâches que leurs aïeux mâles. Y compris le week-end où “il faut en profiter” pour des activités qui prennent bientôt des allures de marathon. Le tout étant principalement décrété par madame, comme il se doit. Accepter le nouveau décor imposé par sa femme, ça peut répondre à l'idée de partage dans le couple. Mais que deviennent les relations avec vos amis ? Alors même que, tel le pauvre Paul, il faut tolérer une troupe bruyante de pipelettes : “Claire ramène une armée de copines sous acide sans me prévenir ; je ne suis pas de taille à les affronter seul, démuni, une à une, et à leur offrir une image peu glorieuse de moi. Je fais confiance à Claire pour justifier mon sommeil précoce par la lourde charge de travail au bureau qui m'abrutit.” Et puis, que Paul n'oublie pas d'organiser l'anniversaire de Claire, d'inviter un maximum de ses amies, proches ou pas. À l'inverse, Éric, Grégoire, et les autres, il ne faudrait grand-chose pour que Claire les raye sans pitié de la liste des relations de Paul. Espérer qu'un week-end consacré à l'Enterrement de Vie de Garçon d'un copain en Lozère échappera à la sagacité de Claire, c'est également illusoire ! La routine du couple peut être compensée par des accès de jalousie, telle celle de Claire envers l'attirante Sophie. Voilà une nouvelle occasion de chercher une parade, afin de s'abriter du tsunami que risque de provoquer l'ire féminine. La bonne solution consiste-t-elle, pour Paul, à prendre du recul ? À tenter la colocation, à créer une sorte de club réunissant ceux qui ont connu plus de déboires que de plaisirs dans leur vie de couple ? À se réunir secrètement au sous-sol d'un bistrot avec Julien, Bastien, Louis, Éric, Karl, Grégoire ? Il est possible que, malgré la solidarité entre hommes, de ce club naisse davantage de doutes que de combativité. Quoi qu'il en soit, restons optimistes pour Paul et Claire… Cette histoire, dont l'ambition est de restituer les aléas de la vie en commun, comporte de nombreux moments humoristiques (mais pas que...). Disons-le, l'accumulation de scènes tourmentées du quotidien peut donner une impression d'excès. Un sujet sur lequel les lectrices auront leur opinion (se reconnaîtront-elles?). Une drôlerie que certains lecteurs trouveront sûrement hilarante, parfois mordante. Ou qui fera sourire avec bienveillance, celles et ceux qui ont passé l'âge de ces mésaventures conjugales de trentenaires citadins. Une seule conclusion possible : à chacun de tester, d'adhérer ou pas à ce roman. |