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JEAN CONTRUCCI |
Double Crime Dans La Rue BleueAux éditions JCLATTESVisitez leur site |
2436Lectures depuisLe samedi 19 Novembre 2005
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Une nouvelle fois nous suivons les pérégrinations de Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal et en charge de la rubrique judiciaire. Véritable Rouletabille du vieux port, il tente ce coup ci, de démasquer un obscur assassin qui sévit dans la Rue Bleue, entre la manufacture des tabacs et la caserne. Sur la piste de ce sinistre meurtrier et sous l’œil inquisiteur de son oncle Eugène Baruteau, chef de la sûreté, il croise son ancien instituteur Felix Garbier, un gars de la laïque, une jeune fille que certains nomment « la Carmen de la Belle de Mai », une veuve joyeuse, un député socialiste –du temps où socialiste était synonyme de révolutionnaire-, un boulanger au fier passé… un cadavre sans tête ni main… et toute la multitude de petites gens qui peuplent le quartier Double crime rue Bleue est donc un polar, l’un des plus agréables tant l’intrigue est construite avec soin et talent, cependant c’est bien plus qu’une simple enquête policière, c’est aussi, et surtout, une résurrection du passé de Marseille et des figures mythiques qui ont fait la ville. Il nous donne à voir le peuple travailleur des cigarières, véritable avant-garde des luttes féministes et syndicales à venir, il nous présente Bernard Cadenat le cordonnier de la Belle de Mai, le bouffeur de curés, l’initiateur du collectivisme des faubourgs populaires, le représentant des masses ouvrières, le Marat phocéen. Il nous fait palper la réalité, toujours actuelle, de l’exploitation et nous rappelle cette maxime, que devrait méditer tout ministre de la ville pressé de vider les écoles : « Quand la Misère s’accouple à l’Ignorance, leur enfance se nomme Délinquance » Digne descendant des Gaston Leroux et autres feuilletonistes, Jean Contrucci travaille jusqu’au mimétisme la forme de ses écrits et dans la plus pure des traditions, agrémente chaque nouveau chapitre d’un titre incitatif que ne renieraient pas ces illustres prédécesseurs. Jugez-en plutôt : « Chapitre 10 - Où l’on fait la connaissance d’une veuve de la variété « joyeuse », qui a bien connu le mort de la rue bleue ». Mais là s’arrête la ressemblance, car pour notre plus grande joie, Jean Contrucci, rompt avec la malédiction qui vouait le roman d’énigme au rôle, peu enviable, de suppôt du conservatisme. Montalban disait de Manchette qu’il s’agissait de l’unique cas d’auteur français de polars à être spontanément de gauche. Montalban n’avait pas lu Jean Contrucci |
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