José, Diouf, Squelette, Amin, Sket, Jimmy, Tonio, Zoulou, Manu, Gilou, Paco et Idir font tous partie d’une même bande de jeunes désœuvrés. Agés de 12 à 16 ans, ils occupent un pavillon dans un terrain vague de la banlieue parisienne et passent une bonne partie de leur temps à boire ou à se droguer. Le treizième môme, Adrian Plissier, est en détention préventive à la Maison d’Arrêt pour avoir assassiné le patron du bistro Tip-Top de quinze coups de couteau. En fait, Adrian a déjà 29 ans, mais il est très proche des adolescents, qui le prennent pour leur héros. Naturellement, ils aimeraient bien qu’il soit à nouveau parmi eux. Aussi, essaient-il de le faire sortir de prison en intimidant un surveillant pénitentiaire (pneu crevé, envoi de courrier indésirable, menaces par téléphone, agression physique). Ils sont soutenus dans leurs actions par Catherine Bresson, l’amie d’Adrien qui a hâte de retrouver celui qu’elle a passionnément aimé. Enfin, Paul Blain, un inspecteur de police sur le point de démissionner, gagne également la confiance des mômes.
Dans ce roman captivant, Philippe Conil aborde le problème des bandes. Il met bien en évidence la psychologie des individus et montre comment s’établissent les différents rapports de force au sein de tels groupes. Il insiste sur la ferme détermination des membres lorsqu’il s’agit d’atteindre un objectif, mais présente également leur caractère instable et imprévisible. Par ailleurs, l’auteur met l’accent sur un certain nombre de dysfonctionnements au sein de la police et du milieu carcéral.
Une autre lecture duLe Treizième Mômede PAUL MAUGENDRE |
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Parution août 1985. 256 pages. 5,55€ (disponible). Hommage à Philippe Conil né le 13 février 1955 1985 fut incontestablement l'année de la Série Noire. Quarante ans d'existence, parution du numéro 2000 (La Bête et la Belle de Thierry Jonquet), nombreux films adaptés des romans de cette collection sans oublier les téléfilms mensuels portant son nom. La Série Noire qui progresse, qui retrouve un second souffle, une nouvelle jeunesse, un regain d'intérêt après avoir subi un léger passage à vide. Cette jeunesse, ce second souffle se trouvent confirmés par l'intrusion en force de jeunes auteurs Français, assez dissemblables dans la forme mais qui se rejoignent dans le fond : Esprit Série Noire toujours présent. La noirceur de la vie, la grisaille des villes, les perdants, les désespérés, les angoissés, les révoltés, les drogués illuminés ou non, de toute cette boue, cette sanie, de ce remugle; ils sont devenus les chantres, les déballeurs de sacs poubelles plastique. Ils éventrent allègrement ces poches, laissant couler au grand jour, sur la place publique, ces étranges coulées noirâtres auxquelles on voudrait pouvoir tourner le dos : regarder la vie ne face n'est pas toujours facile. Et ce qui rejoint ces auteurs, les relie, les met en parallèle, c'est leur "travail" d'écrivain au style différent mais non prolifique. Leur sujet est travaillé, fouillé, malaxé, trituré, et parfois la débauche d'horreur est telle que l'on peut sentir un frisson s'emparer de tout son être, sentir ses boyaux se contracter, son estomac se révulser. Sueur froide sur front moite. Au sommet de ce paroxysme, sans aucune contestation possible, je mettrais le roman de Philippe Conil Le treizième môme. Dans une banlieue nord de Paris, la cité du Sérail. Des immigrés, beaucoup, de toutes nationalités. Des enfants, perdus, se raccrochant à eux-mêmes, en bande, ne trouvant une certaine motivation à la vie qu'au contact de Mobylettes et de la drogue. Des mômes de douze à quinze ans. A quelques centaines de mètres de la cité du Sérail, une maison abandonnée. Leur lieu de refuge, leur havre de paix, leur paradis. Un jour cette maison abandonnée est investie par une jeune femme qui se réclame d'Adrian, leur seul copain adulte, désormais en prison pour avoir tué un cafetier. Surveillant tout ce petit monde, un flic en butte aux tracasseries de ses collègues, tous des véreux. Il se met en relation avec Cat, la jeune femme, et lui propose un marché. Machination habilement décrite, soigneusement montée, pas toujours comprise de ces participants au cerveau embrumé. Livre du désespoir, aux rapports ambigus, psychologiquement complexe, aux relations épidermiques inassouvies, c'est le roman le plus dur qu'avait écrit à ce jour Philippe Conil. Ce quatrième roman démontrait une maturité qui se dégageait déjà l'année précédente dans La queue du lézard (Série Noire 1972). Philippe Conil, grand jeune homme dégingandé, à l'aspect frêle et fragile, au regard timide, presqu'apeuré, s'éclatait dans l'écriture, dans les situations, dans la présentation des personnages. Il devient fort, percutant, agressif; seule la tendresse, surtout envers les enfants et malgré eux, surnage, bouillonne, explose au long du récit. Un adulte qui regarde, examine, dissèque, avec des yeux d'enfant des enfants adultes avant l'âge. Philippe Conil, peu prolifique, quatre romans à la Série Noire et une adaptation de Navarro pour Les Presses de la Cité, avait de qui tenir. Il était le fils de Jean-Emmanuel Conil, plus connu sous son pseudonyme littéraire d'Alain Page. Il avait effectué de nombreux petits boulots, l'écriture n'étant qu'un dérivatif et il s'est éteint le 23 novembre 2013. http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com/article-alain-page-un-entretien-121112363.html
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