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CURT CANNON |
Faites Donner Le CannonAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
860Lectures depuisLe jeudi 12 Fevrier 2015
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Une lecture de |
I am Cannon for ire - 1958. Traduction de G. Sollacaro). 192 pages. Réédition Collection Carré Noir N°455. Parution décembre 1982. 256 pages. Un Cannon de quoi ? De rouge ? A la suite du départ de sa femme et de la confiscation par la police de sa licence de détective privé, Curt Cannon est devenu clochard. Depuis cinq ans il erre dans la Bowery. C'est là que le retrouve l'un de ses anciens condisciples d'école, Johnny Bridges. Bridges, devenu tailleur, tient un magasin de pressing en compagne de son associé Dom Archese. Depuis quelque temps des prélèvements sont effectués dans la caisse, et Bridges soupçonne soit Archese, soit Ryan leur commis, de se procurer illicitement de l'argent de poche. Cannon accepte avec réticence d'enquêter sur les larcins. Les deux hommes découvrent dans l'arrière-boutique Archese blessé mortellement de deux balles de revolver, tenant à la main un morceau de craie. Sur le mur, derrière le cadavre, sont dessinées une flèche et les initiales J.B. L'arme que possédait Bridges a disparu du tiroir où elle était rangée en permanence. Cannon, se fiant aux dénégations de Bridges quant à sa culpabilité, décide de traquer l'assassin. Il conseille au tailleur de téléphoner à la police et de passer sous silence sa collaboration. Cannon débute son enquête en rendant visite à la veuve, Christine Archese. Laraine, la jeune sœur de celle-ci, arrive sur les entrefaites et console son aînée. Curt lui propose d'aller boire un verre. De la conversation qui s'ensuit, il apprend que Christine et Dom ne vivaient plus ensemble depuis des mois, le ménage allant à vau-l'eau à cause de la jalousie maladive du mort. Laraine, qui désire devenir chanteuse doit se rendre à une répétition et convie Cannon à l'accompagner. Coïncidence, l'orchestre est dirigé par Ryan. Curt reconduit chez elle la belle et blonde jeune femme, qui lui rappelle sa femme Toni, et lui évite de se faire agresser dans l'escalier par un voyou. Curt est devenu un ivrogne mais ses reflexes sont encore vifs. En récompense il a le droit d'utiliser le téléphone, le rasoir et le lit de Laraine. Le lendemain, il rend visite à Denis Knowles, le détective privé soi-disant embauché par Archese pour surveiller sa femme. Un détective dont les méthodes ne reflètent pas toujours la déontologie professionnelle, et que Cannon connait fort bien pour l'avoir côtoyé et même tabassé dans le temps. D'ailleurs le nez cassé de Knowles peut attester de leur inimitié. Cannon va de surprise en surprise. Primo, ce n'est pas Archese qui a requis les services de Knowles mais Bridges, ensuite Fran West, une jeune employée de Knowles lui révèle qu'Archese et Laraine se rencontraient au moins deux fois par semaine. Cannon est "invité" à se rendre au commissariat du quartier.
Sous le nom de Curt Cannon, auteur-narrateur, se cache Ed McBain. Nous sommes loin dans ce roman des aventures du 87ème, alors balbutiantes puisque seulement cinq roman étaient consacrés à Steve Carella et ses collègues. Pourtant il a peut-être écrit ce livre pour se débarrasser d'une série qu'il sera amené à continuer d'écrire sous la pression de son éditeur et de ses lecteurs. A moins qu'Ed McBain se trouvait dans une période de dépersonnalisation, de recherche d'identité et de style. Le côté italophone est abandonné. Il n'est même pas évoqué, à part peut-être le nom d'Archese, tout jouant sur le ressort de l'immigration britannique et plus particulièrement irlandaise. D'ailleurs Da Ponce, le flic chargé de surveiller Cannon, d'origine portoricaine, est un grand blond aux yeux clairs. Tous les ingrédients nécessaires à l'écriture d'un roman noir sont utilisés : le détective alcoolique, abandonné par sa femme, ses démêlés avec la police qui le soupçonne même de meurtre, la jeune femme blonde arriviste, affamée de la vie et qui pour parvenir à ses fins n'hésite pas à employer tous les moyens, légaux ou non, à sa disposition.
Curiosité: Page 161, l'aphorisme La musique adoucit les mœurs, est expliqué par Ryan d'une façon qui ne manque pas de logique. Selon lui, un musicien ne peut être à l'origine ou impliqué dans une bagarre, car il gagne sa vie avec ses mains ou ses lèvres. Et comment jouer de la guitare, du piano de la trompette lorsque les mains sont écorchées, amochée, et les lèvres fendues ! Une sentence qu'aurait dû mettre en pratique Chet Baker, le célèbre trompettiste de jazz, puisqu'une mâchoire fracturée et de nombreuses dents cassées suite à un tabassage par des dealers l'obligèrent à mettre sa carrière en pointillé de 1966 à 1973.
Citation : Quelle est la femme qui a besoin de faire un testament ? Il n'y a pas d'homme qui survive à sa femme. |