un drame dans la rue de rivoli de Louise COLET


Un Drame Dans La Rue De Rivoli COLET298

LOUISE COLET

Un Drame Dans La Rue De Rivoli


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Le jeudi 28 Aout 2014

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Louise COLET




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

 

 

À Paris, en 1835. Ancien soldat napoléonien, le sergent Mallet est concierge d’immeuble sous les arcades de la rue de Rivoli. Avec sa femme, ils ont eu une fille : “À dix-neuf ans, au moment où commence notre récit, la physionomie d'Eudoxie était décidée, et un peu trop caractérisée pour une femme. Ses grand yeux noirs très vifs, très éclatants, manquaient de douceur. Sa bouche, à l'expression dédaigneuse et résolue, souriait rarement pour laisser voir de fort belles dents.” Eudoxie est couturière, disposant d'un petit atelier dans l'immeuble, et aide quelque peu son père. Depuis deux ans, au sixième étage, habite le jeune poète allemand Frederik Halsener. Ce fils de général est idéaliste et généreux, ainsi que studieux afin d'obtenir une notoriété méritée.

 

Bien qu'Eudoxie soit amoureuse de lui, Frederik Halsener est totalement insensible aux attraits de la jeune fille. En fréquentant le Jardin des Tuileries, il a été ébloui par une jolie femme accompagnée de sa grand-mère malade. Surveillant ces deux dames, il s'aperçoit que la belle inconnue a un homme dans sa vie. Si cette Diane admire la poésie de Frederik, leur véritable rencontre n'intervient qu'après le décès de la grand-mère. Encore faut-il que Diane raconte son parcours de vie au jeune Allemand. Après la vente de leur propriété de Valcy à M.Bernard, la grand-mère de Diane favorisa un mariage entre elle et l'acquéreur. Quand il organisa une fête électorale en vue de son élection comme député, l'union entre l'industriel M.Bernard et Diane ne fit bientôt plus de doute.

 

Le romantisme de Diane se heurte vite aux réalités de couple, à la vulgarité de son mari : “Et quel culte pouvait m'inspirer cet homme sans élévation d'esprit, qui n'était bon que par le calcul […] habile et borné, sensuel et dur, vaniteux et courtisan ?” Cinq années d'un mariage bien sombre. Évidemment, dès qu'elle a croisé Frederik, ce fut le coup de foudre. Diane doit se montrer prudente : le couple se retrouve clandestinement chez Frederik pour préparer sa fuite. La fouineuse Eudoxie va apprendre l'identité de Diane. Jalouse et rageuse, elle s’empresse d'alerter l’époux cocufié. M.Bernard et son frère ne peuvent que réagir face à cette infâme trahison de Diane…

 

Née à Aix-en-Provence le 15 août 1810, Louise Colet est décédée à Paris le 8 mars 1876. Si elle fut une poétesse honorée par quelques prix et fréquentant les salons littéraires de son époque, on a oublié son œuvre. On retient plus volontiers qu'elle fut la maîtresse de Gustave Flaubert, du politicien Victor Cousin, d'Alfred de Vigny, d'Alfred de Musset et d'autres. On pourrait l'imaginer telle une arriviste prête à tout pour sa gloire. Sans doute s'inscrivait-elle plutôt dans le romantisme de son temps : “Sans l'amour, qu'est la vie ? Une voie douloureuse, environnée de ténèbres, où rien ne nous soutient, où rien ne nous éclaire. Avec l'amour, la route s'aplanit, une clarté sereine nous conduit ; nous ne sommes plus seul à souffrir, à douter, à attendre !”

 

Il ne faudrait pas oublier que, durant ce 19e siècle, les femmes comptent peu, y compris dans la bonne société d'alors. Même cultivées, possédant certains talents, on ne les dirige que vers le mariage : “Que nous apprend-on, hélas, sur le mariage ? Qui de nous a lu, jeune fille, le texte de ces lois qui disposât à jamais de notre liberté, de notre fortune, de nos sentiments, de notre santé même, de tout notre être enfin, de ces lois faites non pour nous protéger mais contre nous, de ces lois dont la société a fait des devoirs et qui deviennent des supplices lorsque l'amour ne les impose point ?” Hypocrisie bourgeoise qui conduit à des “mariages de raison”, des unions arrangées autorisant peu de libertés aux épouses. Une situation à laquelle les femmes ne purent s'opposer que rarement.

 

Bien qu'il s'agisse d'un roman littéraire romantique, l'intrigue comporte des aspects assez sombres. Par exemple, le processus qui conduit la jeune et candide Diane au mariage avec M.Bernard. Le dénouement est fatalement plus proche du mélodrame que du cas criminel. Témoignant du style d'écriture de ce siècle, la narration et la construction du récit restent très agréables. Louise Colet, une auteure à redécouvrir. Ce volume réédite un deuxième roman de Louise Colet, “Une histoire de soldat”, où une femme brave tous les dangers pour suivre son bien-aimé jusque sur les champs de bataille, romantisme à l'état pur. 

 

 

 

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CLAUDE LE NOCHER
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Une autre lecture du

Un Drame Dans La Rue De Rivoli

de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE

suivi de Une histoire de soldat. Parution le 20 août 2014. 320 pages. 7,65€.

L'amour mènera toujours le monde par le bout... du cœur !

Contemporaine de George Sand, Louise Colet est née le 15 août 1810 à Aix-en-Provence et est décédée à Paris le 8 mars 1876 quelques mois avant son illustre consœur. Mais ce n'est pas la seule coïncidence qui réunit les deux femmes de lettres. En effet, toute comme George Sand, elle eut pour amant Alfred de Musset. Mais ce ne fut pas le seul, puisque Louise Colet telle une veuve noire, célèbre araignée, attira dans les toiles de son lit Gustave Flaubert et quelques autres.

Sa renommée littéraire ne résistera pas au temps et les éditions Archipoche nous permettent de découvrir deux textes dus à cette femme de lettres qui avait compris, comme les starlettes, qu'il fallait coucher pour exister.

Dans Un drame rue de Rivoli, Louise Colet développe le thème éternel de l'amour et de la jalousie. Eudoxie, la jeune fille d'un militaire en retraite concierge dans un immeuble appartenant à un général d'empire, Eudoxie s'est éprise d'un locataire allemand, Frédéric Halsener, lui-même fils d'un général prussien qui par sa bravoure obtint l'estime de ses adversaires. Frédérik vit au sixième étage dans un deux pièces contigu à celui d'Eudoxie, et la jeune fille l'aperçoit de temps à autre par la séparation grillagée de son balcon. Il semble toujours perdu dans ses pensées et elle met le compte de ses rêveries sur son statut de poète. C'est en partie vrai, mais Frédérik s'est également épris d'une jeune femme qu'il a remarquée assise sur un banc près de la rue de Rivoli. Elle est accompagnée d'une vieille dame, dont il apprend qu'elle est sa grand-mère, et lui lit des livres. Elles restent pendant des heures sur ce banc et bientôt cette jeune femme constate son manège. Elle est mariée à un industriel, un parvenu qui a manigancé de se marier avec elle, ce qu'il a réussi, devenant par ce fait un gros propriétaire terrien en même temps qu'il s'accaparait le titre de noblesse de Diane de Valcy, en Normandie. Jusqu'au jour où la vieille dame décède, qu'enfin Frédérik ose aborder Diane et qu'Eudoxie toujours à l'affût révèle sa nature d'envieuse et de jalouse. Et comme l'on sait, ce sont les histoires d'amours contrariées qui fournissent les plus beaux textes.

Une histoire qui traîne un peu en longueur car Louise Colet se complait à disséquer la psychologie des personnages, les montrant sous toutes leurs coutures, et qui inconsciemment se met quelque peu dans la peau de ses personnages. Ou le contraire. Frédérik aimait la gloire, non cette gloire qui serait bien mieux nommée en s'appelant vanité et qui n'attire qu'une admiration stérile. Frédérik était épris d'une autre gloire : il voulait que les enfants de sa pensée exerçassent un pouvoir plus direct et plus vivant dans les cœurs. Ce que auquel Louise Colet aspirait. A noter cette réflexion lancée lors d'une discussion : Mais qui est-ce qui croit aux journaux ? L'on serait tenté de dire déjà ? et cela n'a pas changé.

Une histoire de soldat, qui suit ce texte, a paru sensiblement à la même période, au milieu des années 1850. Un roman gigogne qui débute dans un salon littéraire auquel participe l'auteur, puis qui continue son petit chemin par déclinaisons. L'histoire principale, qui elle-même en enchâsse une autre, est celle narrée à deux amis qui se sustentent par une serveuse de l'auberge.

Madeleine, originaire de Saint-Julien près de Lons-le-Saunier, est partie de son village pour suivre son fiancé Pierre qui est soldat. A l'origine, elle fréquente Joseph, un être un peu mièvre et qui se montre avaricieux comme son père. Elle pense l'aimer et ils doivent convoler ensemble. Seulement la conscription passe par là et il est tiré au sort. Jour de malchance pensent-ils. Pierre qui aime en secret Madeleine se propose de le remplacer et de rejoindre l'armée. Joseph se montre sous son mauvais jour et Madeleine se rend bientôt compte qu'elle est attirée par Pierre. Alors n'écoutant que son cœur elle décide de le suivre dans ses différents casernements, jusqu'en Algérie, trouvant toujours un emploi près de l'élu de son cœur. C'est ainsi qu'elle s'occupe à des travaux de couture ou garde des enfants chez des dames de la bourgeoisie et devient même cantinière sur le front algérien. Elle doit se marier avec Pierre mais il faut attendre six ans pour qu'il soit libéré de ses obligations militaires. C'est ainsi qu'après l'Algérie elle continue de suivre Pierre dans ses déplacements et se retrouve dans une grande ville de province. C'est alors que nait un récit dans le récit, une histoire d'amour contrariée à laquelle elle assiste impuissante.

Dans ce mini-roman, Louise Colet évoque Rouget de l'Isle et comment il en vint à composer la Marseillaise. Elle met également en contre-point les différences entre gens de la bourgeoisie et les paysans dont les priorités sont divergentes. Ainsi, lorsque l'un des deux amis qui se reposent dans l'auberge demande à Madeleine si elle a déjà entendu parler de Rouget de l'Isle, originaire de Lons-le-Saunier, elle rétorque : Jamais. Nous autres travailleurs nous n'avons pas le temps de nous occuper des choses d'agrément. Et par extension Louise Colet ajoute : Les choses d'agrément, pour le peuple, surtout pour le paysan, sont la musique, la poésie, l'art tout entier dans ses détails ou son ensemble, dans ses ébauches ou sa grandeur. Deux mondes qui se côtoient mais n'ont pas les mêmes préoccupations. Louise Colet souligne les différences de comportement de deux mondes. Tandis que dans les salons littéraires, hommes et femmes parlent, conversent, bavardent, bavassent, accessoirement philosophent, tout en dégustant sucreries et liqueurs, en deux petites touches, en deux phrases Louise Colet montre Madeleine relater son expérience sans rester inactive. Elle tricote !

Cela changera par la suite avec la diffusion plus intense des journaux, des magazines, l'invention de la radio puis de la télévision. Mais à cette époque, le petit peuple n'avait pas accès à la culture, et le roman populaire dit roman de gare fit beaucoup pour réduire les barrières. Réduire seulement car lorsque l'on voit la politique culturelle actuelle, on peut se poser des questions sur l'édification d'un nouveau mur. Mais ceci est une autre histoire comme aurait écrit Rudyard Kipling.

Louise Colet était tombée dans l'oubli, et il est bon de retrouver quelques-uns de ses textes, ne serait-ce que pour mieux appréhender la conception de l'amour, du point de vue féminin au XIXème siècle.

Joseph Vebret signe une préface très intéressante, riche d'enseignement, et qui nous montre Louise Colet en femme forte qui ne se laisse pas marcher sur les pieds par les hommes, au contraire et qui sait arriver à ses fins, autant par la grâce de son physique que par son talent qui sera reconnu à plusieurs reprises.

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