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JEAN CONTRUCCI |
Rendez-vous Au Moulin Du DiableAux éditions JCLATTESVisitez leur site |
2870Lectures depuisLe samedi 22 Mars 2014
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Une lecture de |
4° de couverture : Octobre 1908. En plein jour, dans le jardin du Pharo dominant le Vieux-Port, le petit Paul, deux ans, vient d’être enlevé par une mystérieuse dame en noir dissimulée par ses voiles de deuil. C’est le début d’une affaire retentissante qui met Marseille et ses policiers en transe : l’enfant kidnappé est le fils de l’un des plus gros entrepreneurs de la ville, Marius Gauffridy. Vengeance professionnelle ? Enlèvement crapuleux ? Drame familial ? Dans le milieu où l’homme d’affaires règne en redoutable prédateur, tous les coups semblent permis, toutes les hypothèses plausibles.Raoul Signoret, célèbre reporter du Petit Provençal, va se retrouver plus que jamais impliqué dans la résolution de ce dossier épineux.
* * * Après deux ans d’absence Raoul Signoret nous revient plus en forme que jamais et c’est avec un plaisir immense que nous retrouvons le reporter du Petit Provençal et toute sa sympathique famille, à commencer par son oncle, le tellurique commissaire Eugène Baruteau, dans l’affaire complexe d’un enlèvement d’enfant.Et Raoul va se voir impliqué de manière personnelle dans ce drame, car c’est lui qui sera choisi pour servir d’intermédiaire entre les ravisseurs et le père de l’enfant, lui, qui ira au « Rendez-vous au Moulin du Diable ». Quel nom ! Un nom qui prête aux pires suppositions. Mais n’en disons pas plus pour ne pas dévoiler toutes les péripéties de ce roman riche en rebondissements et retournements de situations.En retrouvant Raoul Signoret nous retrouvons tous les ingrédients que nous aimons et qui font le succès de cette série. Suspens, humour, bonne humeur et bonne chère ! Sans oublier les têtes de chapitres, comme au « bon vieux temps des romans feuilletons ». Citons par exemple le premier chapitre qui s’ouvre ainsi : « Où, par un jour d’automne ensoleillé, l’apparition d’une femme en grand deuil annonce le malheur et la désolation. » Voilà qui fait venir l’eau à la bouche !Une intrigue prenante et mystérieuse à souhait, avec ce qu’il faut de temps forts et de passages plus « calmes », avec des personnages hauts en couleurs campés avec justesse, et des personnages secondaires qu’on connaît et nous font sourire, comme le vieux journaliste Escarguel qui cherche à caser ses poèmes incroyables, poèmes que Jean Contrucci recueille au cours de ses recherches dans les vieux journaux, ainsi que les évènements d’époque qu’il place avec doigté dans son roman, ce qui ajoute au charme sans détruire le rythme de son récit.On l’aura compris ce nouvel épisode des Nouveaux Mystères de Marseille est une nouvelle réussite et on peut dire que c’est le meilleur de la série.Surtout M. Contrucci, ne vous arrêtez pas et continuez à nous régaler avec d’autres nouveaux mystères.
Voilà plus de deux ans que le lecteur était sans nouvelles du sémillant Rouletabille du Vieux-Port, de sa charmante épouse, de leurs deux bambins, de l’oncle Eugène et de sa bienveillante femme. Raoul Signoret aurait-il quitté les abords de la calanque du Lacydon, préférant s’exiler dans des terres ensoleillées ? Faisant fi de ses responsabilités, aurait-il décidé d’abandonner la Nouvelle Massalía aux kalachnikovs qui perturbent les nuits d’un tac-tac insécurisant ? Que nenni ! A la moindre embrouille, notre reporter-détective bondit hors de la somnolence où le plongent les rimes d’Escarguel. Et dans ce cas d’espèce, qui le conduira jusqu’au Moulin Du Diable, il aura fort à faire pour démasquer les kidnappeurs du fils de Marius Gauffridy qui au final ne seront pas ceux que l’on croyait.
Si, tel ce cavalier, qui surgit hors de la nuit, Raoul Signoret terrasse les malfaisants, démasque les imposteurs et ressuscite le passé, Jean Contrucci anéantit l’ennui des interminables nuits d’hiver et rafraichit les moiteurs harassantes des étés caniculaires, de sa plume toujours allègre, affutée à la bonne humeur et trempée dans l’encre légère de son imagination que nourrit sa passion pour Marseille
S'il est un crime qui soulève l'indignation du peuple dans son ensemble, toutes opinions politiques, religieuses ou morales confondues, c'est bien l'enlèvement d'un enfant. Alors qu'elle vient de s'installer sur un banc du parc du Pharo la jeune nourrice d'un non moins jeune bambin âgé de deux ans environ, est abordée par une dame vêtue de noir et dont le visage est dissimulé par une voilette. Depuis la naissance du minot Bernadette Arnoux s'occupe ainsi du Petit Paul, le fils du riche entrepreneur de Marseille, Marius Gauffridy, lui portant plus d'affection que sa propre mère qui ressemble à une asperge trop cuite. Donc Bernadette n'est pas en face d'une vision et la dame lui annonce qu'elle doit rentrer immédiatement car son patron vient de se blesser. Et afin que la soubrette-nourrice accourt au plus vite au secours du sieur Gauffridy, elle lui propose de l'emmener avec sa calèche en compagnie de Petit Paul. Seulement arrivée sur place, non seulement Gauffridy est en bonne santé mais la dame prévenante s'esbigne avec le gamin. Naturellement Bernadette, qui n'est plus très chouette, est effondrée. Le sieur Marius Gauffridy, qui parti de rien de son arrière-pays, s'est construit un empire florissant dans diverses branches du métier du bâtiment. Mais il est resté un homme frustre, irascible, pensant qu'avec de l'argent tout s'achète et que les billets de banque peuvent aplanir toutes les difficultés. Evidemment la police et les journalistes sont avertis. Eugène Baruteau, le responsable de la sûreté marseillaise met ses hommes en chasse, tandis que son neveu, le sémillant Raoul Signoret tel un chien de chasse renifle les pistes. Les appels à témoins produisent leur effet : tout le monde a aperçu la dame noire claudicante et l'enfant dans les bras, ce qui pose tout de même un problème pour les enquêteurs, à moins que cette personne insaisissable soit dotée du don d'ubiquité. Les rumeurs vont bon train, des hypothèses sont avancées, car c'est bien le fils d'un homme en vue qui vient d'être kidnappé. Alors entre vengeance d'un concurrent ou d'un ouvrier, enlèvement crapuleux ou drame familial, les suppositions ne manquent pas. Seul bon point à donner à l'actif de l'entrepreneur qui d'habitude ne prend pas de gants pour mettre à terre ses contestataires, il garde à son service la jeune Bernadette éplorée. Raoul devient l'interlocuteur privilégié entre le père et le ravisseur. En effet Marius Gauffridy lui demande de passer une annonce dans son journal, le Petit Provençal, tandis que le ravisseur lui donne des instructions concernant la rançon par téléphone. Ce qui lui pose un cas de conscience car en aucun cas il doit en avertir les policiers. Or Raoul ne peut se résoudre à mentir par omission à son oncle Eugène, qu'il considère comme son père. Ce serait le trahir et il ne s'en sent ni le courage, ni la volonté. Heureusement Cécile, sa femme infirmière, qui est toujours de bon conseil et l'a aidé dans de précédentes enquêtes, va lui souffler une solution qui devrait ménager tout le monde. Le rapt d'un enfant a depuis longtemps été un thème abondamment traité en littérature populaire et policière. Mais Jean Contrucci l'aborde avec sensibilité et pudeur. Tout ou presque est narré du côté de la famille et des policiers, l'enfant et son ou ses ravisseurs restant dans l'ombre dans une grande partie du roman. Jean Contrucci ne tombe pas dans le pathos ou le misérabilisme qui était l'apanage des grands feuilletonistes du XIXème siècle mais il ne joue pas non plus sur les descriptions de violence parfois nauséabondes dont font preuve nos romanciers actuels qui axent leurs propos sur le sensationnel au détriment de la retenue et de la nuance. Les non-dits sont parfois plus forts dans un récit car ils encouragent le lecteur à établir sa propre opinion et entretenir son imaginaire. Mais l'empreinte des feuilletonistes déjà évoqués est présente, dans cette histoire qui ne se termine pas lorsque Petit Paul (pléonasme qui me fait toujours sourire puisqu'on m'appelait ainsi) est retrouvé. Dans quelle condition et dans quel état, je me retranche derrière le droit de réserve. L'aventure continue et les cadavres sortent du placard, ou du puits, physiquement ou mentalement. Le titre en lui-même évoque le mystère et le récit réserve de nombreux rebondissements. Quant aux têtes de chapitres, qui malheureusement aujourd'hui n'ont plus cours et c'est dommage, elles incitent à prolonger la lecture malgré les aiguilles du réveil qui tournent inexorablement. Je me contenterai de deux exemples : Chapitre : 2 Où l'on vérifie une règle bien établie dans la presse : le malheur des uns fait le bonheur des journalistes. Chapitre 3 : Ou notre héros apprend de la bouche du commissaire central les conditions de l'enlèvement du petit Paul. Cela donne envie de lire la suite, non ? |
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