La couverture du Lapin Borgne m’avait intriguée. Un joli lapin assis sur ses fesses, devant un mur rouge sale. Au sol, un parquet, un peu vieux. Et, en travers de son mignon museau poilu, un bandeau de pirate. La lecture m’a éclairée sur chacun de ces éléments qui tous, à un degré divers, contribuent au mystère. Le lapin, c’est celui de Kasper, un petit voisin de David. Dans la petite et paisible ville de Dalen, où le jeune étudiant est venu passer ses vacances loin de Stockholm, tout le monde sait que les parents de Kasper se battent sans cesse. Le lapin est la seule consolation du petit garçon, avec lequel il entretient un lien étrange de double vue. En dehors de cet étrange petit voisin, moins incident qu’il n’y paraît, David retrouve Lukas, un ami d’enfance, qui, par désœuvrement s’est mis dans une situation intenable. Il doit trop d’argent à son dealer. Alors, il entraîne son groupe d’amis dans une série de cambriolages. Forcément, dès le début, dans le climat lourd de cet été suédois, on sent que le pire va arriver. Les détours qui conduisent à la tragédie –je ne spoile pas, l’avant-propos est explicite- paraissent parfois longs, mais il y a de l’intérêt à se laisser guider au rythme de Carlsson. L’on sent que ce jeune auteur a lu Stephen King et que sa lenteur n’est pas que Nordique. Il y a, de propos délibéré, le lent voyage dans la psyché douloureuse de David. La bande occupe une maison cachée dans les sapins au bord d’un lac. David est le seul à la voir passer du blanc au rouge, puis au marron, comme du sang qui sécherait. Dans l’âme de ce jeune homme, c’est juste la condensation des vapeurs d’un drame à venir. Ce roman n’est ni vraiment un thriller, ni tout à fait un policier. C’est tout ça et aussi un roman d’initiation. Ce « Lapin Borgne » est prometteur. C’est la première traduction d’un jeune auteur qui semble rencontrer beaucoup de succès dans son pays. Tant mieux si on nous on propose d’autres.
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