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Femmes En ColèreAux éditions IN8Visitez leur site |
1372Lectures depuisLe lundi 14 Octobre 2013
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Quatre nouvelles signées Didier DAENINCKX, Marc VILLARD, Marcus MALTE et Dominique SYLVAIN. Un carré d'as gagnant ! Sous un coffret qui se déplie comme un porte-carte, véritable objet de collection, quatre nouvelles consacrées aux femmes en colère. Trois auteurs, trois hommes, une femme, mais une femme en colère vaut bien trois mâles. Alors commençons par les auteurs masculins, par ordre alphabétique :
Didier Daeninckx : La sueur d'une vie. 24 pages. Santa-Maria de Cicero, paisible commune ibérique rythmée par les nombreux et coûteux travaux engagés par le maire et qui vident les caisses de la cité. La monarchie est au plus mal et la télévision ne manque pas de rappeler les dérives de Juan Carlos et sa famille. Au stade El Sardinero de Santander doit se produire la coqueluche espagnole clone de Justin Bieber et drainer toutes les gamines énamourées. Tout va bien, vous pouvez dormir tranquille. Sauf une dizaine de vieilles femmes qui s'intéressent de près à la Nova Caixa, la caisse d'épargne espagnole qui réalise des travaux au cas où il y aurait encore quelques personnes pour placer l'argent difficilement économisé et annihiler l'effet néfaste des voitures bélier. Or justement, ces dix femmes, âgées entre soixante-treize et quatre-vingt dix ans, voire plus, ont une réclamation à émettre auprès du directeur de la caisse. Comme à son habitude, Didier Daeninckx lève le voile, montre les plaies de la société et gratte aussi bien les hommes politiques que la finance.
Marcus Malte : Tamara, suite et fin. 32 pages. En tout homme sommeille un cochon. Et Tamara prend ce dicton au pied de la lettre en pendant par les pieds deux hommes, des jumeaux, les égorgeant, récupérant leur sang dans des bassines, brûlant leurs poils et hachant leur chair pour les transformer en saucisses et autres charcutailles. Car elle leur en veut Tamara et ne leur pardonne pas les saloperies qu'elle a endurées par leur faute. Tamara est née le 1er mai 1946 à Saint-Laurent du Maroni, en Guyane, France. Elle y tient à cette précision. France. Le plus grand département français. Comme elle le souligne : à ma connaissance les indigènes n'ont supplié personne de venir les coloniser. A ma connaissance il n'existe pas encore d'instrument pour mesurer le degré d'appartenance à la nation. Mais qu'est-ce qui a bien pu enrager autant Tamara pour qu'elle soit réduite à transformer son hangar en abattoir et elle en charcutière. Marcus Malte signe là un texte poignant mettant en avant ce racisme pernicieux tapi dans les campagnes où la couleur de peau indispose les habitants qui n'aiment pas les étrangers. Or sorti du village tout le monde est étranger, même les villageois des communes environnantes.
Marc Villard : Kebab Palace. 40 pages. Il neige sur Ritsheim, et pour Cécile, marcher pieds nus, le long de la rambarde de la quatre-voies, c'est un vrai chemin de croix. D'autant que la veille, Cécile s'est une fois de plus, malgré ses nombreuses mais inefficaces résolutions, biturée puis est tombée dans un coma éthylique et emmenée au poste de police. Sa fille Lulu, Lucienne dans la vie civile et âgée de seize ans est venue la chercher et a payé la note du cafetier malgré le manque d'argent criant pour leur suffire à survivre. Lulu a quitté l'école car elle veut travailler, mais elle est trop jeune. Il ne lui reste que sa clarinette, et la pension envoyée par son père. Elles vivent dans un mobile-home, non loin de la cité asiatique. Et justement elles découvrent une jeune fille étendue dans la boue, les bras liés dans le dos, des cordes lui cisaillant les seins, et un couteau planté non loin du nombril. Elle ne peuvent plus rien pour elle. Alors elles rentrent et Cécile continue sa cure de désintoxication en buvant pastis pur, vin blanc d'Alsace, bières et autres liquides qui l'emmènent dans les toilettes. Au Kebab Palace, Lulu remarque dans l'arrière-salle une exposition de photographies, d'asiatiques nues, menottées, ficelées. Il parait, d'après le patron et le photographe, qu'elles sont d'accord. Mais alors pourquoi la jeune morte figure sur une de ces photos ? Marc Villard entretient envers les faibles, les déshérités, les perdants de la vie une affection et une empathie qui se ressent dans pratiquement tous ses livres, recueils de nouvelles ou romans. Il les décrit comme ils sont, avec une tendresse bourrue. Je ne dévoilerai pas l'épilogue, mais pendant un certain temps j'ai pensé que le photographe était Romain Slocombe.
Dominique Sylvain : Disparitions. 32 pages. Je sais, vous allez me reprocher de ne pas connaitre mon alphabet, puisque je place Dominique Sylvain en dernière position, après le V de Villard. C'est normal parce que Dominique est une jeune femme fort avenante, au joli sourire et il me fallait bien lui donner une place d'honneur. Comme un dessert frais après un bon repas. Cédric et Elsa s'aimaient d'amour tendre mais ne pouvaient avoir d'enfant. Cela commence comme un conte de fée sauf que la fée n'avait pour baguette magique que celle du mari. Et ils avaient été obligé d'avoir recours à une mère porteuse. Seulement Issara, la mère de substitution et Cédric avaient donné un coup de canif dans la procuration. Depuis ils vivent à Bangkok, avec leur enfant, et Elsa frustrée est bien décidée à les rejoindre car même si le ventre d'Issara a porté pendant neuf mois le résultat de la rencontre de ses ovules avec les spermatozoïdes de Cédric, cet enfant est le sien. Et puis elle aime toujours Cédric qu'Issara lui a volé par la même occasion. Dominique Sylvain se penche sur le douloureux problème de ces mères porteuses, ces mères par substitution qui enfantent afin de rendre service à un couple dont le seul désir est de pouvoir se dire qu'ils seront un jour des parents comme les autres. Seulement il existe toujours des problèmes qui se dressent, et ce n'est pas forcément une question de morale.
Quatre beaux textes écrits par des auteurs pour qui l'humanisme n'est pas un vain mot, et que les troubles d'une société en déliquescence ne laissent pas indifférents. Ces quatre livrets peuvent être également achetés séparément au pris de 4,00€ chacun, mais il serait dommage de faire l'impasse sur le coffret.
C'est dans un coffret à la présentation soignée, que Marc Villard a réuni quatre auteurs de prestige pour “Femmes en colère” (Atelier In8). Il contient quatre livrets, présentant des nouvelles de quinze à vingt pages. Des textes où s'expriment le talent incontesté de grands noms du roman noir. En effet, ces quatre-là ont mérité une brassée de Prix littéraires, souvent décidés par des publics de lecteurs. Qu'on en juge : Didier Daeninck a été récompensé par le Grand prix de Littérature policière et le Prix Paul Vaillant-Couturier pour Meurtres pour Mémoire, le Trophée 813 pour Le géant inachevé, le Prix Mystère de la critique pour Play-back, le Prix Louis Guilloux pour Zapping, et quelques autres distinctions. Marc Villard a, entres autres, reçu le Prix Michel Lebrun pour Démons ordinaires. Dominique Sylvain a reçu le Prix Sang d'Encre pour Vox, le prix Michel Lebrun pour Strad, le Grand prix des lectrices de Elle pour Passage du Désir et le Prix du meilleur polar français (du magazine Lire) pour Guerre sale. Marcus Malte a été récompensé par le Prix Polar dans la ville pour La part des chiens, Le Prix Mystère de la critique pour Les harmoniques, et une bonne dizaine de Prix pour Garden of Love (dont Prix Sang d'Encre, prix Michel Lebrun, Grand prix des lectrices de Elle, Prix des lecteurs Quais du Polar...) Voici quelques mots sur les quatre nouvelles de ce coffret... Didier Daeninckx : La sueur d'une vie À Santa-Maria de Cicero, plusieurs femmes pénètrent dans la Nova Caixa, la caisse d’épargne espagnole puis se barricadent dans le bureau du directeur de l’agence régionale. Et là, chacune passe en revue sa vie de misère, bafouée par, entre autres, les placements pourris de la Caisse. La plus jeune des révoltées a 75 ans et faire sauter son tee-shirt ne lui pose pas problème. L'auteur dénonce les ravages humains que produisent les mécanismes du capitalisme financier, avec suspense et humour. Marc Villard : Kebab Palace Cécile survit avec sa fille Lulu dans un mobile home à Ritsheim, une bourgade alsacienne. La neige brouille le paysage et la cité asiatique qui leur fait face. Elles découvrent, à deux pas, le cadavre martyrisé d’une jeune chinoise qui bouleverse l’adolescente. Sa mère, alcoolique au dernier degré, décide de tendre un piège au tueur. C’est peut-être une erreur. Une histoire basée sur une tendre relation mère-fille, qui seule triomphera de la misère et de la désespérance d'une banlieue pourrie, où règnent prostitution, alcoolisme et trafics en tous genres. Cécile et Lulu peinent à renverser leur sort, et même lorsqu'elles veulent se rebeller dans un sursaut volontaire, le destin reste implacable. Dominique Sylvain : Disparitions Elsa et Cédric ont pris leur décision en commun : enfanter par procuration. La mère porteuse se nomme Issara et l’enfant vivra. Mais aujourd’hui, Elsa marche dans les rues de Bangkok, le cerveau en feu, en quête de son enfant et peut-être aussi de son amour trahi. Cette soif de vengeance butera sur le réel. Bien différent de ce qu’elle pouvait imaginer. Elsa prête à toute pour retrouver son enfant, le fruit de sa chair né du ventre d'une autre. Elle est rageuse, déterminée, au cœur d'une histoire actuelle, puisque la société s'interroge de la gestion pour autrui. Marcus Malte : Tamara, suite et fin Tamara est une Guyanaise née en 1946. Elle hérite d’une maison en métropole et se lance dans l’élevage de cochons. Elle est donc noire, étrangère au village et travaille comme un homme. Elle ne passe pas inaperçue. Certains cerveaux malades ne le supportent pas. Sa seule amie, une gamine, doit se battre pour la fréquenter. Un matin, Tamara décide d’en finir avec l’oppression agricole. Splendide personnalité se dévoile dans la violence, des hommes envers les femmes, et violence de la vengeance, proportionnée. |
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