la vengeance volée de Irène CHAUVY


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IRENE CHAUVY

La Vengeance Volée


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Le samedi 7 Septembre 2013

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Irène CHAUVY




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Dans les années 1860, sous le règne de Napoléon III. Âgé de vingt-huit ans, blessé à la bataille de Solferino, Hadrien Allonfleur est capitaine dans l'escadron des cent-gardes. Son père fut naguère ruiné par une douteuse affaire de spéculation. Le principal responsable de cette opération financière à l'issue dramatique était le colonel Maxime de Villeneuve, Hadrien le sait. Faisant désormais partie de l'entourage impérial, cet homme est protégé par son statut. Habitant un appartement rue de Bretagne, Hadrien est peu astreint à la discipline militaire. Depuis trois ans, Hadrien est enquêteur officieux pour un conseiller de l'Empereur. Il est assisté par Amboise Martefon, ancien inspecteur de la Sûreté.

Ce retraité apporte son expérience au fougueux Hadrien. “Le rôle de Martefon était de me modérer et de me former aux pratiques de la Sûreté. De ce côté-là, c'était un fiasco complet. Je suis rétif à tout changement de méthode.” Si l'ex-policier est parfois bougon, les deux hommes se complètent plutôt bien. Toutefois, Martefon masque quelques secrets, peut-être touchant la famille d'Hadrien. Ils sont réunis pour résoudre, aussi discrètement que possible, un double crime. D'abord, le valet Lucien Vermont a été assassiné au Palais des Tuileries, juste à côté des appartements de l'Impératrice Eugénie. Aucune effraction n'a été constatée. Inquiétant, alors que la sécurité des lieux est maximale.

Puis c'est la femme de chambre Yvette Delarue qui a été tuée à son tour, et mutilée. Elle était employée chez la princesse Mathilde, rue de Courcelles. Deux meurtres commis selon la même méthode, donc par un seul coupable, comme le confirmera le Docteur Bevior, médecin légiste. Nièce de Napoléon, cousine de l'actuel Empereur, la princesse Mathilde reste un personnage influent du régime. “Réglez-moi cette affaire pour Pâques” a exigé Napoléon III, ce qui laisse peu de temps au duo d'enquêteurs. Les interrogatoires, chez la princesse comme aux Tuileries, offrent peu d'indices. Hadrien est sévèrement agressé un soir où il rentre à son immeuble. Est-ce en lien avec ces crimes ou avec son défunt père ?

Hadrien et Martefon tiennent un piste. Les deux victimes étaient originaires de Dijon. Le duo prend bientôt le train pour la Bourgogne. Le commissaire Chamy, un sudiste expatrié à Dijon, collabore volontiers. En réalité, Lucien Vermont se nommait Alphonse Celtier. Il connut quelques déboires par ici. Avec son pedigree, on peut se demander comment il fut employé ensuite au Palais des Tuileries. La comtesse Victoire de Vestris, qui employa Yvette, est fort courtoise, mais apporte peu d'éléments. Les investigations d'Hadrien et de Martefon vont se poursuivre à Paris. Un troisième meurtre obscurcit encore l'affaire, ce qui rend plus incertaines leurs hypothèses. Le Tonnerre rouge qui joua le rôle d'exécuteur est plus exotique que prévu, il est vrai...

Époque et contexte font penser aux romans d’Émile Gaboriau (1832-1873), un des pères de la littérature policière. On est davantage dans la tradition du “roman de mystère”, que dans une enquête policière ordinaire. Le double meurtre énigmatique, affaire privée ou concernant la cour, telle est la question sachant que l'Empereur fut un souverain contesté. L'autoritarisme du régime a cédé la place a plus de libéralisme. L'effet de la modernisation de Paris par Haussmann et de l'essor économique, c'est la prédominance des affairistes, issus de la bourgeoisie et de l'aristocratie. Comme en tous temps, les allées du pouvoir sont peuplées d'opportunistes, voire de comploteurs.

Un aspect de cette intrigue touche de près Hadrien Allonfleur, le héros. Les “secrets de famille” ont toujours existé, peut-être plus tortueux encore en ce siècle-là. Les clés de l'affaire impliquent donc autant les crimes que les enquêteurs. La petite dualité entre ces derniers est, évidemment, la bienvenue. Écrire un “polar historique”, ce n'est pas faire étalage d'érudition, Irène Chauvy l'a bien compris. Elle réussit à créer une vraie harmonie entre cas criminel à résoudre (c'est ce qui prime) et descriptions d'ambiance crédibles. On est rapidement convaincu par ce bon suspense.

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