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ROBIN COOK |
Vices Privés, Vertus PubliquesAux éditions RIVAGES NOIRS |
2869Lectures depuisLe mardi 6 Aout 2013
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Une lecture de |
1967. Un an avant mai 68 et sa révolution estudiantine et prolétarienne. Révolution qui ne secoue pas uniquement la France mais d’autres pays européens et également certains campus des Etats-Unis. 1967. Deux ans avant cette fameuse année érotique chère à Serge Gainsbourg. Le début du déferlement d’ouvertures de sex-shops, de la parution de livres, symbiose de l’érotisme et du pornographique, du tournage de films audacieux préparant l’arrivée sur le marché de films dits classés X, du déclin de la censure (en ce qui concerne les choses du sexe) et du bouleversement radical dans les mœurs. 1967. L’espoir pour l’ouvrier de l’utopique louche de caviar dans sa gamelle, en quête d’une ascension sociale, alors que le bourgeois s’encanaille en fumant des Gauloises trop fortes pour ses petites bronches. L’Angleterre se trouve plongée en pleine crise d’adolescence, de croissance. La pudique Albion retrousse ses jupes et donne une bouffée d’air frais à des dessous mités. Lydia, héroïne pervertie, névrosée et schizophrène, elle l’avoue, a trouvé le joint : lorsque sa mère lui coupe les vivres vestimentaires, elle se déloque et pose pour des photos d’art (doux euphémisme) en compagnie de dockers membrus et frustres. Si seulement elle y trouvait son plaisir. Que nenni ! Ces séances la laissent irritée ! Elle est envahie du dégoût d’elle-même et de la société en particulier. Un qui n’apprécie guère ces séances photographiques et rémunératrices, quoique, c’est John Odion, millionnaire en quête d’amour charnel et sentimental, tandis que les deux cousins de la Belle hébétée se frottent les mains, principalement Viper, eux qui commercent dans le graveleux authentique et le sado-maso libidineux et sénile. Pour la mère de Lydia, Lady Quench, qui améliore son ordinaire en organisant des visites dominicales du domaine familial à des touristes balisés, c’est dur d’avoir élevé des enfants d’une telle engeance. Alors que Lydia vend ses charmes, ou ce qu’il en reste, sa sœur Béatrice milite au Parti Communiste. Shocking ! Les autres personnages qui gravitent dans ce roman, Mendip le cousin associé de Viper et homosexuel, Farlock, tout le contraire du valet inspiré du personnage de Wodehouse l’inimitable Jeeves, qui se conduit en domestique exécrable et ivrogne, ou encore sir Andrew, légume cloué dans son fauteuil, plus raide et moins pensant que le roseau, et autres personnages imbus d’eux-mêmes, pourris de l’intérieur et à l’extérieur guère plus avenant, tous ces personnages semblent sortir d’une galerie de monstres. Des monstres pas forcément physiquement, mais mentalement sûrement. Peinture au vitriol d’une certaine catégorie de Britanniques, d’une société en pleine décadence, Vice privés, vertus publiques montre les lézardes dans l’édifice puritain au cours des années 60. Mais de cette dégradation morale ne jaillit pas le rayon de soleil régénérateur. C’est la purulence qui suinte. Le personnage de Lydia focalise tout l’avilissement et le désespoir qui tenaillent les jeunes héritiers en mal de vivre. Les autres ne vivent pas, ils survivent. Bizarrement, ce roman, noir, est une bouffée de fraîcheur surtout après avoir lu J’étais Dora Suarez. |
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