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COLLECTIF |
Blonde(s)Aux éditions TERRE DE BRUMEVisitez leur site |
1386Lectures depuisLe mardi 2 Janvier 2013
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Une lecture de |
recueil de nouvelles signées Jean-Bernard Pouy, Dominique Chapey, Anne-Céline Dartevel & Olivier Roux Le format a changé, l’emballage est modifié, la formule aussi, mais l’idée première reste. Le treizième recueil issu du concours organisé par La Noiraude/La Fureur du Noir se compose cette année non point de cinq auteurs chevronnés et cinq débutants ayant brillamment franchis le cap des sélections, mais d’une figure de proue à laquelle sont accrochées trois armoiries. Si l’on vous dit, abruptement, comme ça sans prévenir, sans prendre de précautions oratoires, le mot Blonde, à quoi pensez-vous ? A une cigarette, longtemps synonyme de luxe ? A une bière fraîche et mousseuse ? A une jeune femme écervelée ? Quoique dans ce cas particulier, il faut avancer sur la pointe des pieds, car certaines se teignent en blondes afin de ressembler à une star de cinéma, afin d’affirmer leur côté un peu fofolle, et que d’autres préfèrent abandonner leur couleur naturelle pour devenir brune, rousse, châtain, sans oublier les autres couleurs vives de l’arc-en-ciel. Chacun d’entre nous peut tourner son regard vers l’image qui le tente, à la rigueur pour les gourmands les images, et encore dans ma déclinaison j’omis de citer les bovidés d’Aquitaine, les céréales de la Beauce, le sable des plages bretonnes, la grosse blonde paresseuse qui n’est autre qu’une laitue… Et lorsque l’on demande à un écrivain confirmé, ou en devenir, de se pencher sur le sujet, sans qu’il se prenne immédiatement pour un épigone de la tour de Pise, et d’exprimer son point de vue, voici ce que cela donne :
Profonde de Jean-Bernard POUY. Fernandel, en réalité il se nomme Ariel, mais on l’a surnommé ainsi parce qu’il se promène depuis quelques semaines le long des chemins de la Bretagne dite profonde avec Louise, une magnifique Blonde d’Aquitaine, qui lui sert de passeport ou de sauf-conduit. Car en ces temps troublés, Ariel alias Fernandel n’a pas trouvé meilleur moyen de se déplacer sans attirer le regard circonspect des autochtones, et des membres de l’Agrocorp qui se déplacent en 4X4, ou encore des cochons en liberté devenus des animaux carnassiers. Faut avouer que les nourritures que l’être humain leur a données à manger depuis quelques décennies a favorisé leur comportement cannibale. Mais Ariel ne se promène pas ainsi au hasard. Il recherche des membres de son groupe, les décroissants comme on les appelle, des réfractaires qui refusent les pesticides, les engrais nocifs. Car dans ce groupe quelqu’un a trahi, alors Ariel recherche, marchant au pas de son bovin placide qui se régale entre les rails d’herbe non polluée. Le premier à décéder c’est Gwen, qui s’est réfugié dans une gare désaffectée. Ceci n’est pas une nouvelle de science-fiction, juste d’anticipation, une projection de ce que pourrait être la vie rurale bretonne en 2014, les conflits entre gros agriculteurs qui recherchent le profit, au détriment de la santé, et ceux qui essaient le retour à la nature propre. Et ce temps n’est pas loin, puisque ceci se passe en 2014.
Terminal Atlantique de Dominique CHAPPEY. Ils étaient trois, Disney, Blonde et le narrateur. Trois adolescents prolongés qui vivent dans une cité portuaire, pas pire que les autres, pas mieux non. Ils ont trouvé une solution facile pour se faire de l’argent de poche, piller des conteneurs qui sont débarqués des immenses navires en provenance des pays d’Orient. Disney, il a été surnommé ainsi parce qu’en réalité il se prénomme Sidney, seul rapport avec son père qu’il ne connait pas, sa mère ayant fauté une fois avec un Australien de passage. Le défaut de Disney, c’est sortir en n’importe quelle circonstance des blagues pourries. Blonde, c’est un mutique, et parfois Disney lui porte sur les nerfs. Comme Britannicus d’ailleurs, la pièce de théâtre diffusée sur France-Culture, et que tous trois écoutent, subissent, car le lecteur de CD est mort, et qu’ils ne captent qu’une seule station de radio. Blonde, c’est un cas, et il veut mieux ne pas se moquer de lui, même s’il n’est pas tout à fait comme tout le monde. Quant au narrateur, il est là entre eux deux, et cogite au nouveau pillage auquel ils vont procéder. Une plongée dans la vie nocturne du port du Havre, même si le nom n’est jamais dévoilé, avec le mystère de la nuit et des docks. Une histoire intéressante et son auteur possède déjà du métier.
Suicide blonde d’Anne-Cécile Dartevel. De Los Angeles à Tijuana en passant par Cinnecita, le parcours d’une comédienne mariée à un acteur qui se voit consacré au cinéma dans un film, Suicide blonde, aux côtés de la star du moment, adulée du public et qui fait chavirer bien des cœurs. Mais il n’est jamais bon de quitter son mari pour tourner un film et le laisser dans les bras d’une autre. Une histoire qui se déroule dans les années 50.
Banco d’Olivier Roux Lucas est coiffeur à Aix-en-Provence, Le Coiffeur attitré des blondes de la cité. Mais Lucas possède une activité annexe, sous l’alias de la Blonde. De temps à autre il doit éliminer quelques cheveux blancs, blonds ou bruns, des chauves aussi cela dépend des contrats qu’on lui propose. Et son prochain boulot est de s’occuper d’un conseiller général, lequel une fois mort pourra s’attirer la reconnaissance de ses concitoyens. Un personnage public est plus souvent encensé décédé que vivant !
Telle la petite poule qui accompagne ses poussins, leur montrant quelles graines picorer, ou plutôt telle la locomotive entraînant dans son sillage quelques wagons (métaphore plus judicieuse le concernant) Jean-Bernard Pouy est toujours disponible pour se muer en chef de file et donner un gage de qualité aux recueils dans lesquels il figure. |
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