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HERVE COMMERE |
J’attraperai Ta MortAux éditions POCKETVisitez leur site |
1238Lectures depuisLe jeudi 23 Novembre 2012
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Une lecture de |
Âgé d’à peine trente ans au début des années 2000, Paul Serinen n’organise que des affaires magistrales, des coups d’anthologie. Détourner un camion contenant six mille sacs à main en croco d’une marque de luxe, livrer la marchandise à un receleur de Rotterdam, ça a demandé une grosse préparation, mais le succès est au rendez-vous. Il ne lui reste plus qu’à passer trois semaines à Jersey, le temps d’ouvrir un compte dans une banque off-shore. S’il projette déjà une prochaine opération aussi ambitieuse, la prudence est de mise. Après une période de doute entre paranoïa et errance, Paul Serinen finit par acquérir une maison à Étretat. La nouvelle affaire nécessite des comparses, à manipuler telles des marionnettes. Il s’agit de s’emparer d’une vingtaine d’instruments de musique, de coûteux violons qui vont bientôt rejoindre le stock du receleur de Rotterdam. Jolie réussite. C’est à Courchevel que débute l’affaire suivante. Serinen y fait la connaissance de la belle Mathilde, qui y séjourne avec son frère Thomas. Leur père n’est autre que le plus important diamantaire d’Anvers, M.Verpratt. Il faut de la discrétion autant que de l’astuce pour braquer Thomas quelques semaines plus tard. Il revient de voyage avec le Magnolia, le plus gros diamant du monde. Toutefois, même si le coup est magnifique,le receleur de Rotterdam met doublement en garde Serinen. D’abord, le diamant est invendable. Surtout, Verpraat a mis un contrat sur la tête du cerveau de ce vol. Tant pis, il vaut mieux dissimuler le joyau. Tandis qu’il va se lancer dans une autre opération, Paul Serinen est arrêté par la police. C’est un jeune couple, Alice et Matthieu, qui rachète la maison d’Étretat ayant appartenu à Serinen. Ils sympathisent vite avec des voisins de leur génération, qui s’installent peu après eux. Pourtant, au retour de leurs vacances, Matthieu s’aperçoit qu’il y a un problème. De gros travaux sur la maison ont été effectués durant leur absence. Et le couple d’amis voisins a brutalement disparu, cédant leurs biens à des inconnus. Bien que ça déplaise à Alice, Matthieu cherche la trace de l’ancien propriétaire, Serinen, dont il rencontrera les parents. Quant au couple disparu, il n’existe aucun signe qu’ils aient existé. Tout ça perturbant trop Alice et Matthieu, ils partent s’installer au Québec. Les années passant, ils y fondent leur famille. Néanmoins, Matthieu n’en a pas terminé avec ce périlleux mystère… Hervé Commère s’est fait connaître avec “Les ronds dans l’eau” (Fleuve Noir, 2011) et publie chez le même éditeur à l’automne 2012 “Le deuxième homme”. C’est son premier titre datant de 2009 qui est réédité chez Pocket. Pourquoi lui attribuer un Coup de cœur ? Parce que c’est une bonne surprise : dans ce roman relativement court, 158 pages, l’ambiance offre une véritable densité. Qui ne se dément pas quand intervient le deuxième narrateur. Alors qu’il n’y a rien de commun entre un as du grand banditisme et un animateur sportif sans problème. Sauf, bien sûr, une maison à Étretat, région chère à Arsène Lupin. Indice d’une construction bien pensée, la continuité équilibrée du suspense sur les deux principales parties est donc l’atout majeur. Un aspect malin à souligner, le lecteur dispose de davantage d’éléments que Matthieu lorsqu’il mène sa petite enquête. Non pas qu’il s’agisse d’un roman d’une absolue perfection. L’essentiel reste que l’auteur parvient à nous captiver du début à la fin. Voilà effectivement ce que l’on demande à un bon polar.
Petit voyou deviendra grand ! Petit malfrat, Paul Serinen a décidé de passer à la vitesse supérieure et pour cela il braque, en douceur, un camion de marchandises qui doit se rendre vers Strasbourg. Une fois le conducteur bâillonné et ligoté, il prend sa place et incurve son trajet, se dirigeant vers Rotterdam où l’attend Mario, son receleur. Mario est un spécialiste de trafics en tout genre, drogues, putes, voitures, racket. Serinen lui apporte sur un plateau six mille sacs de luxe fabriqués dans le sud Manche, à Juilley exactement, non loin du Mont Saint-Michel (Petite précision qui n’est pas importante mais qui permet de connaître le nom du fabricant, si toutefois cela vous intéresse. Quoique l’info soit donnée dans le roman, et comme je ne perçois aucune rémunération liée à la publicité, vous comprendrez aisément que je m’abstiens de vous en dévoiler la marque). Ce coup de maître sans effusion de sang lui permet d’empocher un joli petit pactole. Et d’envisager l’avenir avec sérénité, quoi qu’il lui faille bien six mois pour s’en remettre. Il a brouillé les pistes derrière lui, ne laissant aucune trace de ses virées. Il achète une petite maison à Etretat, et pense déjà son prochain exploit. Pour cela il recrute trois personnes qui vont l’aider à le réaliser, trois personnes apparemment sans histoire, qu’il a croisées au cours de ses pérégrinations, et qu’il contacte indirectement. Après avoir acheté en Espagne des téléphones portables, il en glisse un dans la voiture de chacun de ses nouveaux contacts, leur explique via le téléphone qu’il aura besoin d’eux, qu’ils sauront où, quand, comment en lisant les petites annonces de Libération, et il n’a plus qu’a attendre l’occasion rêvée. Celle-ci se présente sous la forme d’une tournée musicale dont les musiciens se déplacent à bord d’un car. Encore une réussite, pas le moindre couac, et il peut envisager un troisième plan dans la douceur et la virginité des neiges éternelles de Courchevel, avec en ligne de mire la couche d’une jeune fille de bonne famille dont le père est diamantaire et surtout une pierre précieuse. Mais il s’est montré trop gourmand. Le diamant n’est pas revendable alors il décide de l’enfouir dans la chape de béton qui servira de terrasse à sa véranda.
Ce roman, court et pourtant dense, est scindé en trois parties narrées par trois personnages différents qui prolongent l’histoire. Celle-ci se déroule d’avril 2002 jusqu’en janvier 2015, mais l’auteur se montre particulièrement machiavélique, allant de l’avant tranquillement pour revenir brusquement en arrière afin de lever quelques voiles, de fournir quelques explications, puis la marche en avant reprend. Un roman prenant, sans esbroufe, sans digressions superflues, sans scènes de violence inutiles, sans tous ces artifices à la mode. Comme dans les romans de Maurice Leblanc où l’ingéniosité primait. D’ailleurs j’ai relevé au moins trois références à Arsène Lupin. Paul Sérinen, qui renvoie au Prince Paul Sernine, un alias utilisé par le gentleman cambrioleur dans les nouvelles composant le recueil Les huit coups de l’horloge. Et Paul Sernine et Paul Serinen sont tous deux des anagrammes d’Arsène Lupin. Ensuite Serinen achète une maison à Etretat haut lieu des aventures lupiniennes et petite ville dans laquelle vécu Maurice Leblanc, son créateur. Enfin, page 119, les passagers empruntent le vol 813, 813 qui nous renvoie au roman éponyme. Un roman duquel on ressort apaisé, qui lave l’esprit encombré des scènes violentes vécues lors des précédentes lectures, prêt à lire un nouvel ouvrage de l’auteur. Et pourquoi pas, Le deuxième homme qui vient de paraître au Fleuve Noir. Hervé Commère s’inscrit entre Philippe Bouin et Pierre Lemaître, tout en possédant son propre univers, laissant planer insidieusement le doute sur la suite de l’intrigue. Il distille le suspense à la façon de Boileau-Narcejac, et ce n’est pas un mince compliment. |
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