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THOMAS H. COOK |
Les Feuilles MortesAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
Lectures depuis Le vendredi 6 Septembre 2008
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Une lecture de |
Le lieu : Les personnages : Autant dire qu’Eric Moore connaît une existence paisible, au milieu des siens… sur laquelle les fantômes du passé n’ont que très peu de prises… jusqu’au jour où… Et d’autres personnages vont faire irruption dans la vie bienheureuse d’Eric : les enquêteurs…
Wesley, une petite ville de la côte Est des Etats-Unis, en automne. Eric Moore y possède une boutique de photographe. Il est marié à Meredith, prof d’anglais. Leur fils Keith est âgé de quinze ans. Ils vivent dans une maison très agréable, entourée d’arbres (dont un remarquable érable du Japon). Frère d’Eric, Warren Moore est célibataire, peintre en bâtiment, un peu trop porté sur l’alcool. Leur père, qui géra si mal leur parcours familial, termine sa vie en maison de retraite. Ce funeste soir, l’ombrageux Keith a fait du baby-sitting. Il a gardé la petite Amy, huit ans, fille du marchand de primeurs Vince Giordano. Dès le lendemain, l’alerte est lancée : Amy a disparu. Keith affirme ne pas s’être absenté, n’avoir rien noté de spécial jusqu’à ce qu’il parte de chez les Giordano. Certes, il est rentré tardivement chez ses parents, après une promenade nocturne. S’il mesure les conséquences de cette disparition, Eric attend un peu avant de contacter son avocat, Leo Brock. Meredith est plus sensible à la tension causée par l’affaire: “Quoi qu’il arrive, il faut qu’on sorte indemnes de cette épreuve”. Face à la police, Keith semble relativement indifférent. Le tempérament passif d’Eric explique probablement le caractère introverti de son fils. L’oncle Warren ayant conduit Keith chez les Giordano, il est aussi soupçonnable. Il est normal que le père d’Amy montre son animosité contre Keith et la famille Moore. Mais d’autres clients d’Eric commencent à se méfier de son fils et de lui. Même si la police a trouvé un indice près du château d’eau, l’enquête n’avance guère. Le meilleur suspect reste Keith, sans qu’aucun élément ne l’accuse formellement. Il y a bien des mégots devant la fenêtre d’Amy, mais ils ne prouvent rien. Nerveuse, Meredith considère son beau-frère Warren comme un jaloux, un raté. Leur fils aurait-il hérité de son caractère de perdant, ce qui pourrait expliquer cet enlèvement ? Le marasme règne chez les Moore. Peut-être le psy de l’école, ami proche de Meredith, aiderait-il Keith a libérer sa parole ? Vince Giordano croit toujours que l’adolescent sait où se trouve Amy. La police perquisitionne chez Eric, emportant l’ordinateur de Keith pour analyse. Plus tard, l’inspecteur Peak ne cache pas à Eric qu’ils y ont découvert des indices, pas vraiment accusateurs mais fort troublants. Trop longtemps superficielle, la relation entre Keith et Eric n’exprime qu’un échec. Pensant que son père pose un regard négatif sur lui, l’ado mal dans sa peau aurait envisagé une fugue. Selon leur avocat, l’enquête policière semble moins désigner Keith. Pourtant, rien n’est encore résolu… Heureuses ou moins chanceuses, nos vies sont un cumul de petites erreurs, de légers mensonges, d’éventuels malentendus, parfois de désagréables préjugés. Ce qui impacte peu nos existences, car nous absorbons et assumons tout ça. Sauf quand intervient une grave situation de crise. S’impose alors une remise en question personnelle, voire familiale. On s’aperçoit que les images illustrant nos vie ne montre qu’incomplètement la vérité. Suspect aux yeux des autres, vous-même devenez soupçonneux à tous égards : “Le soupçon est un acide. Il ronge tout ce qu’il touche. Il s’attaque à la surface des choses en y laissant une marque indélébile (…) Il détruit la confiance niveau par niveau. Et creuse toujours plus profond.” Voilà ce qui vient perturber de manière définitive la vie du tranquille Eric Moore, suite à la disparition de cet enfant. Non seulement, il se pose des questions sur son fils, mais aussi sur son propre père. Car le décès de sa mère, après la mort prématurée de sa sœur, garde un certain mystère. Le comportement de son épouse n’aide guère Eric, non plus. Tous les personnages créés ici par Thomas H.Cook sont d’une parfaite crédibilité, dans leur vécu et dans leurs réactions. Y compris des rôles annexes tels que l’employé gay Neil ou le fleuriste ami de Keith. L’histoire est retracée avec justesse et humanité, racontée par celui qui est le moins préparé à affronter le drame, Eric. S’identifier à lui est naturel, grâce aux multiples détails suggérés par l’auteur. Un roman fascinant. |
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