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RENE CAPLAN |
Les Nuiteux 1&2Aux éditions LES PRESSES DU MIDIVisitez leur site |
161Lectures depuisLe mardi 6 Septembre 2011
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Une lecture de |
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Avec la collaboration de Myriam Collet. Tout le monde s’accorde à affirmer que les séries télévisées françaises édulcorent la vie au quotidien dans les commissariats et que les méthodes décrites ne reflètent pas les méthodes employées. N’ayant aucune idée préconçue sur ce genre d’allégations, n’étant pas un habitué de ce genre d’endroit, ce que par ailleurs je ne déplore aucunement, je me faisais donc une joie anticipée en supposant que j’allais en apprendre un peu plus grâce à cet ouvrage. Un recueil de nouvelles empruntant à la réalité, écrites par un fonctionnaire de police et homme de terrain qui plus est, ne pouvait, pensais-je naïvement, qu’enfin ma soif de savoir allait être étanchée. Sans plus tergiverser, je dois avouer, à mon grand regret, que je n’en sors pas plus savant qu’avant sur cette branche de la Fonction Publique, mais que cette lecture m’a inspiré quelques doutes quant à la rédaction et la retranscription des interventions sur les documents adéquats. L’auteur donne l’impression de vouloir défendre à tout prix le bien-fondé de son travail, ce que nous ne mettons pas en doute, mais sans objectivité. Intéressons-nous tout d’abord au travail sur le terrain de ces hommes et femmes qui veillent sur la sécurité de leurs concitoyens. Les hommes de la brigade de nuit, des policiers municipaux si j’ai bien compris, et ceux de la brigade anti-criminalité ont théoriquement des tâches différentes à accomplir qui leur sont dévolues en fonction de la gravité des incidents qui leur sont signalés. Mais parfois ils peuvent travailler main dans la main d’une façon concomitante. Vols de voiture, incendies de poubelles ou de véhicules, cambrioleurs en action, réunion de dealers ou de consommateurs de produits illicites. Bref, au moindre appel, les patrouilles à bord de véhicules sérigraphiés peuvent à tout moment se rendre sur le lieu où se déroule l’incident. Cela peut être un homme retranché dans son appartement et qui devenu atteint de démence, veut se suicider et attaque les policiers venus sur place le calmer. Mais le plus souvent il s’agit de tentatives de vol à la roulotte, de début d’incendie de poubelles, de réunion d’individus peu recommandables. Alors voici nos patrouilleurs qui n’écoutant que leur courage se rendent ipso facto à l’endroit qui leur est signalé, et débute alors une folle course poursuite : « Ali, apercevant le véhicule qui tentait de lui couper la route, sauta par-dessus le portail. René stoppa juste devant, se mit au point mort, serra le frein à main, ouvrit la portière et se précipita derrière Ali en franchissant à son tour la propriété ». On se rend compte en lisant ces quelques lignes, que malgré l’urgence de la situation, il faut respecter les consignes et ne pas commettre d’impairs. Les policiers sont également de grands sportifs, et à tous les coups rattrapent les délinquants dans une course « pédestre » qui se calcule en dizaine de mètres, voire en plusieurs centaines. Puis de sprinters ils se transforment en rugbymen, plaquant l’individu au sol afin de le menotter. Même le bonhomme est à l’arrêt. Car l’on sait qu’il est plus facile de maîtriser quelqu’un en position horizontale qu’en position verticale. Pathétique. Mais parfois les situations sont moins dangereuses et lorsque l’affaire est résolue elle peut prêter à sourire. Ainsi lors d’animaux échappés d’une ferme et divagant sur la chaussée, risquant de provoquer un accident. Un poney Shetland s’étant enfui de son enclos, les policiers furent délégués à ramener l’animal épris de liberté à son domicile. Plus tard ce fut une chèvre, appartenant peut-être à monsieur Seguin, qui elle aussi fit la belle. Seulement il faut toujours respecter la procédure et ne pas confier ce travail à n’importe qui. « Le chef de poste, connaissant René pour son habilité à interpeller les animaux, lui confia, en compagnie de Christophe, cette mission ». Habilité étant à prendre dans le sens d’habile, d’apte, et non dans celui de posséder une habilitation à présenter à l’animal signifiant que le représentant de la loi est en droit de le remettre à ses propriétaires. Plus tendancieux, ce passage extrait d’une autre affaire évoquée dans ce recueil : « Après avoir procédé à une palpation de sécurité, les deux voleurs furent conduits au commissariat ». Personnellement j’aurais écrit Après avoir subi, mais après tout ce sont peut-être les voleurs qui se sont palpés eux-mêmes afin que les policiers ne soient pas confrontés à une affaire de mœurs. Les gens sont tellement procéduriers de nos jours ! Comme vous l’aurez compris, je n’ai pas été emballé par ce recueil de nouvelles, chacune d’elles se résumant sur trois pages environ. Il manque ce petit quelque chose qui procure la sympathie, voire l’empathie entre le lecteur et l’auteur. Ici, le lecteur a l’impression d’être plongé dans le déchiffrage d’un procès-verbal. Un peu plus de chaleur, de sensibilité, pourquoi pas d’émotivité et de souplesse dans la rédaction, dans la narration, auraient apporté ce petit plus qui différencie un rapport circonstancié d’une historiette, même si elle a été vécue. Ces chroniques se déroulent entre 1995 et décembre 2006, et décrivent le labeur quotidien et nocturne d’officiers de police dans un commissariat d’une ville du Sud de la France. |