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ANTOINE CHAINAS |
2030, L’odyssée De La PoisseAux éditions BALEINEVisitez leur site |
2306Lectures depuisLe samedi 11 Septembre 2010
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Une lecture de |
Dans le monde de 2030, les humains côtoient les Omnimorphes. Tel est le nom de ces créatures issues du clonage, disposant de cette faculté d’incarnation qui permet de les utiliser pour tous services. Sous le contrôle de la société Omnicron Inc., les Omnimorphes n’éprouvent aucun sentiment, ni états d’âmes, ni volonté de possession. Cela vient du fait que ces êtres fantomatiques ne possèdent pas de Souvenirs. L’Hygiène Génétique veille à ce qu’ils garde cette insensibilité, qui les éloigne de l’homo sapiens sapiens. Certes, Omnicron Inc. peut leur fournir des Souvenirs fabriqués, mais il sont dépersonnalisés. Parfois, il peut se produire des anomalies, comme dans le cas de Georgie, un Omnimorphe de génération 00037 vivant à Paris. Celui-ci est habité d’un souvenir personnel, qui ne doit rien à ses abus d’alcool virtuel. Sans doute Georgie reste-t-il aussi indifférent que ses congénères, mais cette anormalité échappant à sa programmation le perturbe. En 2030, la place du livre-papier est quasi-inexistante. À part des nostalgiques et un certain nombre d’Omnimorphes, les librairies n’attirent plus. Toutefois, celle de Selmer subsiste. Georgie a sympathisé avec le vieil homme. Selmer lui a révélé qu’il fut autrefois, en 2014, un des treize pionniers de l’expérimentation des Omnimorphes. Les scientifiques, dont faisaient partie Selmer et le père génétique de Georgie, furent vite dépassés par l’exploitation commerciale de leurs recherches. Omnicron Inc. développa l’incarnation osmotique, capacité pour les clones de se laisser pénétrer psychiquement par des humains. “Le patrimoine commun à l’humanité entière ¯ les gènes mitochondriaux ¯ trouva une résonance particulière chez des êtres sans Histoire ; des orphelins créés de toutes pièces et vierges de personnalité. Exsangues. Des ectoplasmes…” Pour Selmer, les Omnimorphes possèdent néanmoins une existence bien réelle. Il semble qu’un tueur en série élimine depuis quelques temps des Omnimorphes. Ce qui ne suscite guère que des conversations de bistrot, bien peu de réactions concrètes. Bientôt, Georgie comprend la menace : “Il réalisa que ces meurtres n’étaient pas le fait d’un déséquilibré isolé, mais de plusieurs personnes agissant en concertation. Une entreprise organisée. Et il réalisa que la prochaine cible, c’était lui.” Les agents des forces de l’ordre envoyés par Omnicron Inc. sont des clones dégénérés de nouvelle génération, des clones de clones. Quel rapport Le Poulpe a-t-il avec tout ça ? Âgé de soixante-dix ans, toujours en couple avec une Chéryl désormais un peu flétrie, à peine plus vaillant que son ami bistrotier Gérard, le vieux Gabriel Lecouvreur oublie ses douleurs pour intervenir dans cette affaire. Il comprend que le rôle de Selmer, moins usé qu’il ne l’affirme, est capital dans l’évolution psychique de Georgie et de ses semblables. Protéger l’Omnimorphe à l’aide des moyens techniques de Selmer, Gabriel veut bien tenter l’expérience. Mais que faire pour contrer les humaines “équipes tactiques” qui prennent le relais des agents d’Omnicron Inc.?… Le Poulpe étant un personnage contemporain, témoin actif des dérives de notre époque, intervenant autour de thèmes actuels, cet épisode risque de dérouter les lecteurs peu adeptes de science-fiction. Il est donc préférable de lire ce roman tel un “polar futuriste”. Dans les années 1950-60, on imaginait l’invasion prochaine de robots humanoïdes. Désormais, les manipulations génétiques mal contrôlées nous font craindre la prolifération de créatures aux génomes proches des nôtres. Entre ces deux versions, le “progrès” nous a imposé un monde qui n’est plus qu’une entreprise commerciale planétaire. Au lieu de nous inquiéter, faisons confiance aux dirigeants internationaux. Ils savent gérer avec autant de compétence l’éthique scientifique que les milieux financiers. Les aventures du Poulpe septuagénaire, rebelle aux implants électroniques d’identification, encore généreux quand il s’agit de donner des coups, s’avèrent distrayantes. |
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