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PAUL CLEAVE |
Un Employé ModèleAux éditions SONATINEVisitez leur site |
2526Lectures depuisLe dimanche 15 Aout 2010
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Une lecture de |
En Nouvelle-Zélande. Âgé d’une trentaine d’années, Joe Middleton est un brave garçon. Célibataire pas gay, doté d’une mère radoteuse et insistante, il habite avec ses deux poissons rouges, Cornichon et Jéhovah. Joe est agent d’entretien au commissariat de Christchurch. On l’a engagé quatre ans plus tôt, à cause de son handicap mental. L’inspecteur Schroder, le commissaire Stevens, tout le monde apprécie ici Joe-le-Lent. Surtout sa collègue, la grassouillette Sally, jeune femme pieuse dont la famille a été marquée par le décès prématuré de son jeune frère Martin. Sally est à la fois protectrice et attirée par Joe. Actuellement, la police de Christchurch est monopolisée par la traque d’un tueur en série, auteur de sept meurtres. En réalité, il n’en a commis que six, le meurtre de Daniela Walker étant l’œuvre d’un copieur. Joe est bien placé pour le savoir, puisque c’est lui, le tueur surnommé Le Boucher de Christchurch. Bien qu’il joue les attardés, Joe s’estime assez intelligent. Il ne pense pas être un illuminé ou un pervers : “Je ne suis qu’un type normal. Un Joe moyen. Avec un hobby. Je ne suis pas un psychopathe. Je n’entends pas de voix. Je ne tue pas pour Dieu ou Satan, ou le chien du voisin. Je ne suis même pas religieux. Je tue pour moi. C’est aussi simple que ça (…) En tuer une par moi, ce n’est pas grand-chose. C’est juste une question de perspective.” Se posant des questions sur le cas Daniela Walker, Joe profite d’avoir accès au dossier pour l’étudier. Il visite l’appartement de cette victime. Il remarque un détail, un simple stylo. En bonne logique, seul un flic a eu accès au lieu du crime. Donc, il doit chercher l’assassin parmi eux. Parmi les 94 enquêteurs concernés, Joe en cerne une dizaine, et fouille : “Je compulse un vieil agenda de bureau, et je vois la même chose. Il n’y a pas la moindre note disant : tuer pute ce soir, acheter du lait.” Après avoir épié un policier gay et son ami, Joe renonce à les buter. Il s’avoue prendre un grand plaisir à enquêter. “Est-ce la conséquence du vide habituel de mon existence ? Dois-je résoudre un meurtre pour enfin m’amuser ? Et voilà la nouvelle qui tue — je m’amuse terriblement !”. Pourtant, la suite est bien moins joyeuse. Dans un club du Strip, quartier chaud de Christchurch, Joe rencontre la jeune architecte Melissa, nouvelle en ville. Au cœur de la nuit, il l’entraîne dans un parc désert afin de poursuivre sa série criminelle. Mais Melissa renverse la situation, menaçant Joe de son propre Glock. Elle se dit fétichiste de l’univers policier. Ayant compris qu’il est le tueur recherché, Melissa l’attache, le torture. Elle finit par l’abandonner, blessé mais libre. Joe parvient à retourner chez lui. Il appelle Sally (qui tenta d’être infirmière) pour l’aider et le soigner. Après une semaine de repos, Joe est sûr de tenir la bonne piste. Confirmée par le témoignage d’une prostituée, qu’il élimine. “…une fois que son corps est tombé sur le béton froid avec un petit bruit sourd, je remets les 2000 dollars dans la poche de ma veste. J’essuie le couteau sur sa minijupe et je remonte en voiture. Toujours gentleman jusqu’au bout.” Hélas pour Joe, Melissa rôde de plus en plus près de lui. Et Sally s’intéresse aussi à des détails cachés de sa vie… Notre ami Joe Middleton est un personnage bien sympathique ! Sa conception du bien et du mal est, admettons-le, légèrement différente du commun. Si l’envie de tuer le prend, il n’éprouve toutefois aucune haine envers ses victimes. Il joue avec la police, même pas capable de détecter le cadavre qu’il a laissé depuis longtemps dans un coffre de voiture. Tout ça n’est qu’un bon moyen d’éviter une vie trop routinière, finalement. Et puis, Joe a des qualités : simulant le handicap mental, son talent de comédien est indéniable. En outre, il aime sa maman, les vieux chauffeurs de bus — et les animaux au point de sauver un chat (avant de vouloir le tuer, il est vrai). On aura compris que cette histoire est délicieusement amorale, menée par un héros qui n’est pas animé par un froid cynisme, mais par un état d’esprit plus subtil. Fluide, le récit enjoué nous offre de multiples rebondissements, plutôt souriants que dramatiques. Ce qui alimente un suspense très excitant. Bienvenue dans le petit monde de Joe Middleton ! |
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