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JEAN-FRANCOIS COATMEUR |
Une écharde Au CœurAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1834Lectures depuisLe dimanche 13 Juin 2010
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Une lecture de |
Disculpé par un non-lieu, le quadragénaire Gwen Malinec est libre après deux ans et demi de prison. Il reste en contact avec sa compagne Nicole, qui s’occupe de leur fille Justine. Il est préférable que Gwen ne revoit pas Antoine, 17 ans, fils adoptif de Nicole, à cause de qui il fut incarcéré. C’est dans la maison de sa défunte mère, à Pouldavid près de Douarnenez, que Gwen va s’installer avec son chien Argo. Alors qu’il approche de sa destination, une ombre fantomatique surgit dans la nuit. Ayant été agressée alors qu’elle se baignait dans une crique voisine, une jeune femme cherche du secours. Gwen accepte d’héberger Mara, 28 ans. Sa première version des faits apparaît douteuse. En effet, elle oublie volontairement de préciser qu’elle se trouvait cette nuit-là avec son amant Yvan. Gendre d’un puissant élu local, celui-ci n’est pas intervenu. Croyant que Mara s’est noyée, il laisse toutefois un ultime message sur son répondeur. Ayant été averti qu’Antoine a fait une fugue, Gwen pousse Mara à lui confier la vraie version de sa mésaventure. Elle possède peu de renseignements sur Yvan, sauf qu’il est vaguement prof de dessin. Ce n’est pas lui qui l’a agressé dans l’eau, Mara en est certaine. Elle finit par admettre avoir été contactée par un inconnu, afin de piéger son amant. À la fois, elle fut contrainte d’accepter car on menaçait son fils hospitalisé, et elle ne pouvait refuser la jolie somme promise. Ce qui n’explique pas pourquoi c’est elle qui a été victime d’une agression. Par son ancien instituteur, Gwen envisage l’éventualité qu’Yvan soit un de ses ex-copains de classe. Mais il ne trouve aucune trace de lui dans les annuaires. Si Yvan n’apprécie guère ses beaux-parents, il s’entend bien avec sa belle-sœur. Celle-ci laisse entendre qu’Anne-Claire, l’épouse d’Yvan, pourrait être intime avec Ludo, le chauffeur de son beau-père. Un indice semble confirmer la chose. Septuagénaire, Guillaume fut le voisin et l’ami de Gwen. Aujourd’hui en maison de retraite, il réclame avec insistance que Gwen et Nicole lui rendent visite. Son état frisant le délire inquiète le couple, qui ne comprend pas sa manière de les rejeter. On est toujours sans nouvelle du jeune Antoine. À l’occasion d’une fête familiale, Yvan marque sa différence avec l’état d’esprit bourgeois des parents de son épouse. De retour à Pouldavid, Gwen cherche à rencontrer le beau-père d’Yvan, absent à cause des élections qui approchent. Gwen renoue avec spn copain d’enfance Yvan, lui révélant tout ce qu’il sait au sujet de Mara. À l’abri chez Gwen, elle ne risque sans doute rien. Pourtant, Gwen sent une menace autour d’eux. Néanmoins, il ne se méfie pas assez quand, par un subterfuge, on l’éloigne de sa maison… Il ne viendrait à l’idée de personne de contester la qualité supérieure d’un roman de Jean-François Coatmeur. Ses suspenses se savourent pour plusieurs raisons. La densité de l’intrigue constitue évidemment le premier atout. Il le démontre une fois de plus ici. Grâce à des personnages complexes aux secrets inexprimés, grâce à des situations gardant une large part d’ombre, le lecteur avance sur un chemin incertain. L’auteur est le seul maître du labyrinthe où il nous a entraînés. Toutefois, il ne suffit pas d’être bon scénariste, la littérature policière n’en manque pas. Ce qui envoûte chez Coatmeur, c’est la précision de l’écriture, la volupté du vocabulaire, la phrase qui décrit en quelques mots, le soin du détail essentiel ou furtif, le décor subtilement installé, la scène qui situe aisément tel protagoniste. Tout ceci, qui nous permet de visualiser l’histoire, ne comporte pas la moindre lourdeur. Au contraire, le récit intense reste fluide en permanence. C’est un réel bonheur de lecture, tout simplement. Soulignons que “Une écharde au cœur” se passe principalement à Pouldavid, où Coatmeur est né en 1925.
Collection Spécial Suspense Alors qu’il revient à son domicile à Coulaines près du Mans, après deux ans et demi d’absence, Gwen ne se sent pas à l’aise de même que sa femme Nicole qui accueille ce retour avec détachement. Sa petite fille Justine le reconnait à peine. Seul Argo le chien lui montre des signes de joie manifestes à le revoir. Quant à Antoine, le fils que Nicole a adopté lors de son précédent mariage, il n’est pas là. Si Gwen vient de passer deux ans et demi en prison, c’est justement à cause d’Antoine qui à l’époque n’avait que quinze ans. L’homme et l’enfant ne se sont jamais vraiment bien entendus. Gwen ancien médecin militaire se montrant trop sévère, trop rigoureux envers l’enfant qui n’avait jamais accepté le remariage de Nicole. Nicole lui apprend aussi que Guillaume, leur voisin septuagénaire, et parrain d’Antoine, suite à des problèmes de santé, a préféré finir sa vie dans une maison de retraite. Gwen, n’ayant plus rien à espérer à Coulaines auprès de sa femme Nicole, tous deux envisageant le divorce, décide de s’installer dans la maison familiale héritée de ses parents à Pouldavid, près de Douarnenez. Arrivé non loin de chez lui, accompagné du fidèle Argo, Gwen aperçoit dans ses phares une jeune femme enveloppée dans des vêtements de récupération. Mara explique qu’elle avait eue envie de se baigner, il était vingt deux heures passées, dans une petite crique, qu’on avait tenté de la noyer, qu’elle avait réussi à mettre son agresseur en fuite mais qu’elle n’avait pas retrouvé sur la plage ses effets ni son sac contenant ses clés. Elle ne pouvait donc plus utiliser sa voiture garée en haut de la falaise et s’était résignée à faire du stop, mouillée, habillée de son seul maillot de bain et d’une tenue empruntée à un épouvantail. Gwen sent que Mara ne lui dit pas l’exacte vérité mais il l’emmène toutefois chez lui et lui propose l’hébergement. Mara ne peut pas ou ne veut pas retourner chez elle, et surtout elle est affolée à l’idée d’effectuer une déclaration auprès de la police. Peu à peu le lendemain elle rectifie le tir et dévoile une autre version moins édulcorée. Gwen a du mal à démêler le vrai du faux mais peu à peu il apprivoise son hôtesse. Elle raconte alors une histoire qui semble encore plus invraisemblable que sa première fable, pourtant les accents de sincérité de Mara font fléchir Gwen. Il décide de l’héberger autant qu’elle voudra et récupère dans la voiture de la jeune femme son sac et les clés de son appartement. Mara consent à dévoiler qu’en réalité elle avait rendez-vous avec son amant, dont elle ne connait que le prénom, Yvan, et n’en établit qu’une description assez vague. Gwen lui se refuse à se confier, préférant garder pour lui ses secrets. Par exemple la disparition d’Antoine et l’anxiété de Nicole, les divagations de Guillaume qui demande sa présence puis se montre désagréable comme pris de folie lorsque Gwen se rend à son chevet. Deux êtres que le destin a malmené, renfermés sur eux-mêmes mais qui peu à peu vont apprendre à se connaître, et à s’apprécier, déjouant les pièges qu’un inconnu glisse sous leurs pas, leur vie étant en danger au fur et à mesure que Gwen avec obstination remonte le filet de cette énigme qui s’avère une machination diabolique, tels sont les deux personnages principaux que Jean-François Coatmeur met en scène avec son habilité habituelle. Il tisse sa toile avec malignité, dévoilant peu à peu, comme avec réticence, les pans de la toile et le lecteur est subjugué, grillant d’impatience, tournant les pages avec fébrilité, pressé de voir affiché le mot épilogue. Qui est double d’ailleurs. Jean-François Coatmeur, natif de Pouldavid sur mer et Breton dans l’âme n’a que rarement transporté ses lecteurs en dehors de sa Bretagne. Il trouve dans cette région les plus beaux thèmes de ses romans et ceci depuis 1963, date à laquelle parait son premier ouvrage au Masque Chantage sur une ombre. Maître incontesté du suspense, Jean-François Coatmeur n’a en rien perdu de son efficacité dans la trame de ses intrigues pour notre plus grand plaisir. |
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