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GIANRICO CAROFIGLIO |
Les Raisons Du DouteAux éditions SEUILVisitez leur site |
2445Lectures depuisLe jeudi 4 Mars 2010
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Une lecture de |
À Bari, Guido Guerrieri est un avocat quadragénaire à la compétence reconnue. Il est contacté par Fabio Paolicelli, condamné pour trafic de drogue. Au temps de leur adolescence, ce cogneur fasciste était surnommé Fabio Ray-Ban. Guido se souvient d’avoir été agressé par ce type et sa clique de fachos. En prison, Fabio donne sa version. Revenant de vacances au Monténégro avec son épouse et leur fille, sa voiture a été contrôlée. Quarante kilos de cocaïne quasi-pure y étaient cachés. Bien qu’il ait proclamé son innocence, il a été inculpé. On l’a incité à choisir un douteux avocat romain, Maître Macrì. Celui-ci fut incapable de limiter la condamnation de Fabio, et se comporta assez bizarrement. Ne pouvant oublier la violence d’antan de l’accusé, Guido hésite à accepter la défense de Fabio. Ce n’est pas tant l’étude du dossier qui décide l’avocat. Il tombe immédiatement sous le charme de Natsu, l’épouse d’origine italo-japonaise de Fabio. Et il ressent une compassion impuissante pour la mignonne fillette du couple. Natsu n’a rien noté de suspect durant leurs vacances au Monténégro, ce qui n’aide guère Guido. Il contacte son ami policier Carmello Tancredi. Ce dernier confirme que la version de Fabio est plausible, que des cas similaires se sont déjà produits. Il va tenter de chercher d’éventuels indices. L’avocat demande à une de ses relations, juge antimafia à Rome, de s’informer sur l’énigmatique Maître Macrì. À l’issue d’une soirée mondaine, Guido se rapproche de la belle Natsu. Les investigations du policier Tancredi ne sont pas vaines : un suspect mafieux se trouvait sur le même bateau de retour du Monténégro que la famille de Fabio. Hélas, ni Fabio, ni son épouse ne reconnaissent cet homme en photo. Discrètement, Guido et Natsu deviennent amants. L’avocat s’en veut de profiter de la situation, mais c’est un peu sa revanche sur l’ex-cogneur fasciste. Son ami juge antimafia, magistrat désabusé, lui révèle que Maître Macrì a un passé plutôt trouble. N’exerçant pas vraiment, il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’il soit au service de la mafia. Utiliser le rôle de Macrì lors du procès initial pour obtenir la révision en appel, c’est théoriquement possible. Toutefois, s’agissant d’un avocat qui peut se retrancher derrière le secret professionnel, ça reste incertain. À l’audience, Guido rejette donc la transaction pénale pouvant alléger la peine de prison. Il sollicite une modification partielle de l’instruction. Les témoignages de Natsu et de Fabio n’ajoutent rien à la procédure. Guido compte utiliser les infos dénichées par le policier Tancredi pour déstabiliser Maître Macrì… Un roman diablement savoureux, qui ne se résume pas à son intrigue criminelle. D’une belle fluidité, le récit alimente un bon suspense quant au dénouement du procès en appel. La stratégie judiciaire de ce Perry Mason italien n’est pas sans risque pour son client, et pour lui-même. Malgré tout, la tonalité de l’histoire s’avère plutôt souriante. L’avocat pratique une délicieuse autodérision : “Naturellement, je n’avais aucun autre engagement : j’avais livré cette réponse dans le seul dessein de me donner un genre. Que ce soit clair, je mène une vie mondaine tourbillonnante. Je n’ai rien du pauvre type qui passe ses soirées à lire des dossiers à son cabinet, à encaisser des coups de poings au gymnase, ou tout au plus à aller au cinéma en solitaire en s’efforçant de ne pas penser à sa fiancée qui l’a quitté.” S’il ne parvient pas à être mari et père, il réussit quand même à être l’amant de l’épouse de son client. Il faut aussi apprécier les portraits de personnages annexes, comme ce libraire insomniaque ouvrant sa boutique la nuit, ce juge qui cherchait la Justice et qui a rencontré la Loi, ou ce collègue avocat extériorisant ses fantasmes érotiques. La narration enjouée rend ce roman fort réjouissant. |
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