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YVON COQUIL |
DocksAux éditions EDITIONS DU BARBU |
3279Lectures depuisLe mardi 26 Mai 2009
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Une lecture de |
À Brest, Novy Dardoup est enquêteur pour la Société d’Assurance Mutuelle. Il est un peu le protégé de Chapot, le patron. Sans doute parce que Dardoup fut le meilleur ami de son fils Pierre. Celui-ci, engagé dans l’activisme anar, est mort lors d’un braquage. Dardoup reste fidèle à sa mémoire. Divorcé, l’enquêteur loge au dernier étage du bar Le Maltais, chez ses amis Mathieu et Chantal. Le patron du bistrot est le champion du traficotage, des “tombés du camion”. Petites combines permettant à Dardoup d’être toujours sapé en costard haut de gamme, et de changer de véhicule dès que sa voiture tombe en panne. Dardoup a aussi la fâcheuse habitude de faire la tournée nocturne des bars, d’avoir des réveils éthyliques pénibles. Lorsque se produit un incendie sur le Port de commerce, Dardoup est vite alerté. Mais les flics dirigés par Le Gall l’écartent du sinistre. Et Chapot, son patron, lui apprend que la SAM laisse la police officielle s’occuper de l’affaire. Il est vrai qu’une victime a été découverte dans les décombres. Ce Penhors était un courtier respecté du Port de co’. La curiosité de Dardoup l’amène à rôder autour des lieux incendiés. Une Porsche est cachée, bien à l’abri. Surtout, il remarque des tags qui peuvent lui offrir une piste. Peu après, Dardoup reçoit un coup de téléphone anonyme menaçant. Il se demande si l’appel ne viendrait pas de Le Gall. Selon la rumeur, le policier et Penhors étaient proches. Les contrôles de plus en plus radicaux organisés chaque mois par Le Gall dans le secteur du Port gênent Mathieu et ses amis traficoteurs. Même si Chapot le fait monter en grade pour l’acheter, Dardoup continue son enquête parallèle. Alors qu’il a identifié le tagueur Bonzo, ce dernier est découvert noyé. Difficile de croire au hasard. Son pote Enzo, présent aussi la nuit de l’incendie, devrait sûrement se méfier. Selon le vieux docker Gaonac’h, Le Gall fricote du louche avec le nommé Louvois, responsable logistique de la société Chic and Chicken. Après avoir été tabassé, Dardoup s’en est remis. Voilà qu’il retrouve son logement saccagé. Quand il décide d’affronter Le Gall chez lui, Dardoup vient au secours d’une jeune femme ligotée qui a été maltraitée. Même si le couple se réfugie dans une planque idéale, le danger se précise… Les ambiances portuaires pluvieuses constituent de parfaits décors pour romans noirs. Passionné de culture polar, Yvon Coquil exploite ce climat grisâtre avec une belle réussite. Il met en scène un enquêteur d’assurances aux allures de détective privé traditionnel. Sans cacher la référence à Sam Spade, héros des romans de Dashiell Hammett, incarné au cinéma par Humphrey Bogart. Comme tout privé qui se respecte, Dardoup subit quelques douloureuses mésaventures. Mais les durs à cuire ne renoncent jamais. Voilà qui pourrait servir de base à un très bon scénario de film. En noir et blanc, de préférence. L’auteur nous présente quelques scènes de la vie brestoise, pleines d’authenticité : “Il s’était formé là, à la longue, par sédimentations successives, une petite bande qui regroupait des fonctionnaires catégorie intellos et quelques ouvriers du port déserteurs de cantines. On y tapait du poing sur la table pour affirmer l’urgence de refaire le monde. On y bouffait, selon le menu du jour, du curé, du bourgeois ou du militaire, qu’on faisait descendre avec un Côtes-du-Rhône. (…) On se remontait le moral, on respectait les douleurs muettes. Un peu de baume sur les blessures entre deux calembours, histoire d’affubler la triste réalité d’un nez rouge le temps du repas.” Le roman noir est aussi un témoignage, Coquil ne l’ignore pas. Ce deuxième roman confirme le qualité déjà remarquée dans “Black Poher” (Prix du Goéland Masqué 2008). |
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