PIERRE COLIN

Arnault Le Breiz était plutôt musicien dans l’âme, possédant une bonne formation de pianiste classique. Mais, après avoir été affecté dans une unité de police aux missions délicates, les vicissitudes de la vie l’ont amené à rempiler. S’il est désormais commissaire à Quimper, il reste en contact avec Arnoz, son seul ami dans les forces de l’ordre. Arnoz connut lui aussi un parcours particulier, avant de devenir commandant d’un groupe secret de la police. Le Breiz est avant tout à Quimper dans le cadre de l’opération Cap Noir, visant une mystérieuse organisation.

Le soir de la Saint-Sylvestre, Le Breiz intervient pour faire cesser une rixe entre des SDF. L’un de ces marginaux est une jeune femme rousse cultivée, qui ne tarde pas à intriguer le policier. En réalité, cette Joséphine Le Liec est auteur de polars, sous le pseudo de Mèle Glungel. Bien que ses livres connaissent un vif succès, elle tient à conserver un certain anonymat, y compris vis-à-vis de son éditrice brestoise. Cette femme attirante a des choses à cacher, Le Breiz en est sûr. Il va rôder du côté d’Audierne, où Mèle Glungel a hérité de son oncle le manoir de Myrddyn. Elle n’occupe pas cette sombre bâtisse, qui n’est pas pour autant abandonnée. Un gardien et ses chiens veillent sur le manoir.

La phase active de l’opération Cap Noir est bientôt lancée, tout étant piloté par Arnoz. Le Breiz s’installe discrètement dans une villa de la région d’Audierne. Il passe du temps à observer le manoir de Myrddyn. Ces lieux abritent le QG d’un groupe ayant élaboré l’incroyable projet d’un canal des deux baies, entre celles d’Audierne et de Douarnenez. L’affaire masque de vastes magouilles financières, évidemment. Pilloër, chef de cette bande, profiterait du manoir pour séquestrer des femmes et organiser des orgies. Le policier se demande quel rôle joue ses voisins Viviane et Tujen, des écolos amicaux. Avec le rebelle Richard, militant de comités citoyens, ils semblent alliés aux comploteurs…

Un policier à la fois admirateur de l’œuvre du compositeur Henry Purcell et capable de mener des missions dangereuses, voilà un héros peu banal. Romantique autant qu’homme d’action, il devra sauver la belle romancière qui l’a charmé. Côtiers ou campagnards, les sauvages décors du Cap Sizun sont propices à toutes les aventures. L’auteur s’inscrit dans une tradition poétique, dont il se sert pour illustrer ce sympathique polar. Il ne cherche pas à nous embrouiller avec une intrigue complexe, préférant un bon petit suspense fluide. Les personnages sont caractéristiques, et le tempo s’accélère lorsque monte la tension. Un roman agréablement distrayant.