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THIERRY CRIFO |
L'effet CarabinAux éditions LA BRANCHEVisitez leur site |
2359Lectures depuisLe mardi 22 Octobre 2008
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Une lecture de |
Le “toubib”, c’est seulement son surnom. Jadis, il tenta vaguement des études de médecine. Et puis, passer pour un médecin offre un certain prestige. Sauf quand on lui demande d’aider le client d’un restaurant huppé faisant un infarctus. En réalité, le toubib est depuis toujours un flambeur. Plutôt moins veinard qu’un autre. Il participe cette nuit-là, une partie de poker avec des amis. Plus un nouveau venu – Marco, dit Clooney – dont il aurait dû se méfier. Il a la baraka, ce frimeur. Il rétame sec le toubib, qui n’aura que quatre jours pour trouver les 5000 Euros perdus. Dette de jeu, dette d’honneur. Clooney n’étant pas un plaisantin, il faudra raquer. Sans un sou, le toubib traverse Paris à pied en cette fin de nuit. C’est pas si beau une ville la nuit, dans ces conditions. Même pour une petite fraude au ticket de bus, c’est raté. Carrefour Trudaine, le toubib croit percevoir les ébats sexuels d’un couple. Non, ce sont les gémissements d’une jeune Africaine ensanglantée. Elle a été violée et poignardée. Le toubib essaie de stopper l’hémorragie, et appelle les secours. Bien qu’il soit resté près d’elle dans l’ambulance, la victime décède avant d’arriver aux urgences. Témoin, le toubib est interrogé au commissariat. Forcément suspecté par le policier de service, car il est fiché de longue date. Il a eu une jeunesse houleuse, le toubib. Après un peu de prison, il a vécu de combines pour alimenter son vice, le jeu. Assez sage, quand même, pour conserver l’appartement dont il a hérité. Le toubib flashe sur une petite brune du commissariat, une policière qu’il n’ose pas aborder ensuite. Il ne voit aucune solution pour se procurer les 5000 Euros... Dans les rues de Paris, ambiance nocturne contrastée, teintée de mélancolie et de drame. L’errance d’un perdant, qui sait que le hasard bénéfique n’existe pas. Au cœur de la nuit citadine, on n’échappe ni à la poisse, ni au sombre destin qui attend les malchanceux. Une lueur d’espoir s’éteint vite. On retrouve là les thèmes chers à l’auteur, inspirés par la mythologie noire des années 1950 et 60. Ses personnages ne sont pas des archétypes, car il sait les nuancer, les humaniser. Soulignons encore l’écriture de Thierry Crifo, qui cultive une tonalité et un style personnels. Ce plaisir du mot, ce soin de la forme narrative, sont aussi de beaux atouts. Un roman court extrêmement agréable ! |