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PHILIPPE CARRESE |
Trois Jours D'engatseAux éditions PRESSE POCKETVisitez leur site |
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Une lecture de |
En deux jours deux habitants de la cité Frais-Vallon meurent dans un accident de la circulation. D'abord il y a eu Miloud, dont la mob a mangé la pile centrale d'un pont, un camion poubelle lui a coupé la route. Puis madame Mostagonacci s'est fait écraser au passage clouté de l'angle de la rue Colbert, par un automobiliste qui a déclaré ne pas l'avoir aperçue, à cause de l'obscurité et qui de toute manière est fonctionnaire de police. Deux morts coup sur coup et l'univers de Bernard Rossi, un maçon, chancelle. Il est vrai qu'il les connaissait bien : Miloud c'était un minot de la cité, un peu turbulent mais brave ; madame Mostagonacci c'était sa voisine du dessus, une petite vieille originaire de Corse, chez qui il prenait le café tous les matins. Arrivé au domicile de son patron, monsieur Sénéchal, un artisan maçon qui au bout de vingt ans de galère semble être arrivé, il assiste au suicide de ce dernier. Un coup de fusil de chasse en pleine tête. Monsieur Sénéchal était sous le coup d'un contrôle fiscal. Alors Bernard Rossi perd les pédales. Il localise le chauffard qui a tué sa voisine, un certain Jo, le piste et « agacé » par son comportement au volant, l'accidente. Malgré la panique qui le saisit face à la safrane défoncée de monsieur Jo, Bernard cède à la curiosité et s'empare du revolver et de la serviette qui traînent à l'intérieur de la voiture de fonction. De retour à son domicile il dresse l'inventaire de la sacoche. Les documents, qu'elle contient, désignent un z'élu de la municipalité comme propriétaire. Pourquoi décide-t-il de restituer les documents ? Et pourquoi conserve-t-il un petit carnet d'adresses ? Probablement parce que la vie est faite d'actes irraisonnés. Que contient ce carnet d'adresse ? Des adresses compromettantes puisque quelques heures plus tard une horde de tueurs le prend en chasse. Trois jours d'engatse nous immerge dans la ville de Marseille et la plongée est d'autant plus réussie que P. Carrese a choisi d'adopter le registre de langue local, avec sa syntaxe particulière. Ce choix ( une innovation à l'époque où fut publié ce livre)n'est pas sans conséquences : plus besoin d'imaginer la cité, elle s'étale devant nous et sa présence en devient palpable à tel point qu'on sent ses odeurs, qu'on entend ses gens. La folle cavale de Bernard Rossi nous conduira du monde des quartiers Nord fait, certes, de violence, de misère, de combines et d'embrouilles mais aussi de souffrances, d'amitiés, de respect et de solidarité, jusqu'à l'univers trouble de la politique, jusqu'à la frontière diffuse et fragile de la politique et du grand banditisme, où les règles sont édictées par l'argent. Au bilan, sous un emballage truculent et déconnant se dissimule un pessimisme dense quant à l'avenir de la ville rongée par la saloperie. Heureusement que l'auteur nous avait prévenus « ce roman est une pure fiction, un point, c'est tout. Zou… » |