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MICHAEL CRICHTON |
Agent TroubleAux éditions POCKETVisitez leur site |
1977Lectures depuisLe mardi 7 Septembre 2016
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Une lecture de |
Au milieu des années 1960, la tension est extrême entre Israël, auquel les États-Unis ont apporté leur soutien, et les pays arabes voisins, plutôt aidés par la Russie soviétique. D’un bord comme de l’autre, le trafic d’armes bat son plein. Quand un pays d’Europe modernise sa défense militaire et vend son armement, ça s’agite dans le milieu de l’espionnage. Des agents sont éliminés d’Égypte au Portugal, en passant par le Danemark. Georges Liseau, chirurgien réputé exerçant à Nice, est à la tête du groupe des Associés, cinq dirigeants qui suppriment les adversaires des pays arabes. Liseau vient d’engager Ernst Brauer, un tueur allemand élégant, imperturbable et méticuleux. Sa première mission consiste à achever une des cibles, hospitalisé après avoir été raté de peu. Envoyé par les Américains, l’espion Morgan n’est pas pressé de quitter Londres pour Nice. Âgé de trente-sept ans, natif de New York, Roger Carr est avocat pour un cabinet basé aux États-Unis. Séduisant, fils de bonne famille, c’est un aimable dilettante doté d’un bon carnet d’adresses. C’est pourquoi un ami gouverneur l’a chargé d’acheter pour lui une villa dans la région niçoise. Voilà comment Roger Carr, qui ressemble un peu à l’espion Morgan, débarque de l’avion à l’aéroport de Nice. Peu après l’atterrissage, une explosion se produit sur l’appareil, causant des morts et des blessés. Ne se sentant guère concerné, Roger Carr ne tarde pas à s’installer au Negresco. Dans l’aérogare, Liseau et Brauer font erreur sur la personne, le prenant pour Morgan. Au consulat américain, Ralph Gorman ne comprend pas que leur agent secret ne prenne pas immédiatement contact avec lui, comme prévu. Il est pourtant urgent de s’attaquer au docteur Liseau et à ses amis, les Associés. Roger Carr ne comprend rien aux messages que lui adresse Gorman. Sa première journée à Nice aura été bien fatigante. Dès le lendemain, Roger Carr est visé par une mitraillade en pleine rue. Interrogé par le capitaine Vascard, de la police française, qui soupçonne une affaire trouble d’espionnage, Carr regagne bien vite sa chambre au Negresco. Où l’attend un inconnu, qui évoque une tractation à laquelle l’Américain ne comprend rien. L’homme en question est bientôt enlevé et torturé par Liseau. Roger Carr fait la connaissance d’une danseuse, Anne Crittenden, belle et spirituelle Australienne de vingt-neuf ans. Ensemble, ils font du tourisme dans la région. L’achat d’une villa progresse, car un Italien vend la sienne, qui correspondrait au goût du client, le gouverneur. Roger Carr est assez habile pour en négocier avec ce Perrani le prix à la baisse. Carr reçoit un paquet contenant un doigt coupé : là, il s’inquiète quand même. Quand il contacte, enfin, le consulat américain, Ralph Gorman réalise qu’il n’est probablement pas le vrai Morgan. Ce qui n’arrange pas son projet visant Liseau et son réseau pro-Arabes. Lorsque Roger Carr évite de peu un kidnapping, le policier Vascard serait d’avis qu’il quitte au plus tôt la France. Mais l’Américain a l’intention de courtiser plus longtemps Anne. Son séjour sur la Riviera va entraîner pour lui d’autres désagréments multiples… “Les choses parurent s’arranger le lendemain matin. Un grand soleil illuminait sa chambre, et il se sentit normal, presque heureux. Bien sûr, les sous-vêtements et les bas de Suzanne traînaient toujours par terre mais, cela mis à part, il aurait presque pu croire que tout ce qui s’était passé la veille, depuis la bombe dans l’avion jusqu’à la fille nue au pistolet, n’était qu’un horrible malentendu. Oui, il ne pouvait s’agir que d’une méprise, décida-t-il. Et pendant qu’il se rasait et s’habillait, il ne pensa qu’au petit-déjeuner en se demandant s’il pourrait se faire servir des œufs au bacon décents.” Michael Crichton (1942-2008) fut l’auteur de “Jurassic Park” (1990) et de quelques autres best-sellers, souvent transposés au cinéma. Au début de sa carrière, de 1966 à 1972, il signa plusieurs romans sous pseudonymes. Cet “Agent trouble” parut en 1967, sous le nom de John Lange. Déjà, Crichton montre cette précision narrative que l’on notera plus tard dans ses livres. La ville de Nice (des années 1960) est décrite avec crédibilité, le Festival de Cannes et le Grand Prix de Monaco sont évoqués, de même que les peintres célèbres (Picasso, Matisse, Léger…) ayant séjourné sur la Côte d’Azur. On fera même étape à Vence, à l’illustre auberge La Colombe d’Or de Saint-Paul. Quant à Roger Carr, héros de cette histoire, c’est le play-boy américain typique de ce temps-là. Sa désinvolture frise la naïveté, ce qui le rend plutôt sympathique. Des années 1950 jusqu’à la décennie 1970, sont publiés des quantités astronomiques de romans d’espionnage, dans tous les pays occidentaux. La majorité s’appuient sur de vraies problèmes internationaux, avec le jeu d’influences de la Guerre Froide entre Américains, Russes et, dans une moindre mesure, Européens. Dans la quasi-totalité de ces romans d’aventure, l’action est simpliste, binaire : les bons contre les méchants. Impliqué dans la lutte secrète entre espions, ou victime de circonstances dues au hasard, le personnage principal est évidemment héroïque, intrépide, courageux, vainqueur. Plus il traverse des péripéties chaotiques et surprenantes, plus les lecteurs se passionnent. Comparer cette intrigue avec les James Bond, de Ian Fleming ? Oui, pourquoi pas. Il s’agit d’une comédie d’espionnage très réussie, fort distrayante, pour un agréable moment de lecture. |