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JEAN CONTRUCCI |
Le Spectre De La Rue Saint-jacquesAux éditions JCLATTESVisitez leur site |
3423Lectures depuisLe jeudi 2 Novembre 2006
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Une lecture de |
Des expositions coloniales furent organisées entre 1866 et 1948 à travers l'Europe. Elles se fixaient pour tâche de présenter les différentes facettes des colonies grâce à la reconstitution des monuments d'Afrique, d'Asie ou d'Océanie. Cette présentation, aussi minutieuse que spectaculaire, se doublait d'une mise en situation d'habitants des colonies, invités sur le continent à la force des baïonnettes. En 1906, du 15 avril au 15 novembre, à Marseille se déroula la première Exposition coloniale réalisée en France. La cinquantaine de palais et pavillons, qui la composait, s'étendait du parc Chanot à l'actuel stade vélodrome et attira 1 800 000 visiteurs. Chacun put admirer, entre autres, les reconstitutions, du palais de l'Algérie, du palais de la Tunisie, de celui de Madagascar ou de la Cochinch… et quelques pousses-pousses Annamites. Bien sûr la presse fut priée d'agiter la louange et l'encensoir… mais le fut-elle vraiment ? En ce temps-là, il n'était nul besoin de loi pour souligner les aspects positifs de la colonisation C'est dans ce contexte que se déroule la cinquième aventure de Raoul Signoret, chroniqueur judiciaire du Petit Provençal, Rouletabille du Vieux Port et de l'Anse Maldormé… A Saint-Julien, non loin de Marseille, dans le parc de la propriété la « Mitidja » est retrouvé un cadavre de femme... vieux de dix ans ! Eugène Baruteau, chef de la police, soupçonne, Honoré Castellain, propriétaire de la «Mitidja » d'être l'auteur du meurtre, mais il ne peut rien contre ce riche colon qui prospère en Algérie En bon journaliste judiciaire, Raoul Signoret se rend sur les lieux pour tenter d'en apprendre plus au sujet de ce cadavre. Il constate très vite que le mur d'enceinte de la propriété a été refait depuis quelques années. N'importe qui aurait donc pu enterrer ce cadavre… Mais l'affaire rebondit très vite : le carrier qui a rebâti le mur est victime d'un attentat à la nitroglycérine ! Malheureusement, au Petit Provençal tous les reporters sont priés de couvrir l'exposition coloniale et Raoul Signoret n'a d'autre choix que de délaisser l'affaire de la « Mitidja »… durant un court laps de temps seulement, puisqu'à la suite d'un article peu élogieux sur la nature des « bienfaits » du colonialisme, son rédacteur en chef le met à pied. Avec ce cinquième tome des Nouveaux Mystères de Marseille, Jean Contrucci, se penche sur la période coloniale et par voie de conséquence sur les séquelles de celle-ci. A mille lieux des tendances actuelles du polar, pétri de désespoir, Contrucci opte pour le noir de l'espérance. Un noir qui ne met pas au cœur de son projet la résignation, mais la perspective non pas seulement de résister mais d'aller de l'avant. A son rédacteur en chef qui lui vante les mérites de la colonisation -la modernité de cette époque- Raoul Signoret réplique : « un journal socialiste devrait se faire un devoir d'informer ses lecteurs sur la réalité de la politique coloniale française » . A Honoré Castellain qui lui reproche de « réciter un catéchisme », de nier les réalités économiques, il soutient : « l'histoire récente de la France, je crois la connaître moins mal que vous ne le supposez. Évidemment, ce n'est pas l'histoire officielle dont la République nous bourre le crâne et dont on nous propose l'image idyllique en ce moment, à l'Exposition coloniale de Marseille. C'est à l'histoire des hommes, celle de leurs malheurs et de leurs souffrances que je m'attache. » Quant au spiritisme - distraction favorite des bourgeois de la Belle Epoque et qui est en ce début de siècle ce que sont aujourd'hui certains reportages télé- Raoul Signoret le traite comme il se doit, en faisant appel à un illusionniste et en n'accordant de réalité qu'à la cuisine de sa tante. Tous ces éléments, et quelques autres, font du Spectre de la rue Saint-Jacques, un polar revigorant et débordant d'optimisme et l'on ne peut que s'écrier, avec René Barone : « ce livre, comme ceux qui le précédent, est un vrai régal de lecture et déjà on a envie de dire : A quand le prochain ? »
Marseille, avril 1906. Dans le parc de la propriété « la Mitidja » est retrouvé un cadavre... vieux de dix ans ! Quelques jours plus tard, un employé des lieux meurt brutalement après avoir reçu des lettres de menaces. Honoré Castellain, propriétaire et premier suspect, est soupçonné mais aussitôt relâché. En chasse d’informations pour la rubrique judiciaire du Petit Provençal, Raoul Signoret se passionne pour l’affaire, aidé de son fidèle oncle Eugène Baruteau, chef de la police. Il retrouve avec émotion son premier camarade d’école, Edouard Castellain, qui lui confie des informations de première main sur les sinistres évènements survenus au domaine paternel. Mis à pied pour son refus de chanter les louanges de la politique coloniale, Raoul devient libre pour l’enquête... Celle-ci l’entraînera, avec sa femme la pétillante Cécile, d’Alger la blanche aux séances de spiritisme : un cerbère meurtrier et un fantôme inquiétant sont au rendez vous. Après l’Enigme de la Blancarde, La faute de l’abbé Richaud, le Secret du Docteur Danglars et Double crime dans la rue Bleue, Jean Contrucci, critique littéraire à La Provence, nous conte un nouveau mystère de Marseille, élucidé par le désormais mythique tandem Signoret-Baruteau La pub de Lattès (voir marque-page ci-contre) dit : Du mystère, de l’humour et de la castagne ! Et elle a parfaitement raison, la pub des éditions Lattès. Il y a tout cela et beaucoup plus, dans le dernier roman de Jean Contrucci, cinquième tome des Nouveaux Mystères de Marseille, où il continue, toujours avec le même brio, à nous régaler avec des histoires merveilleusement contées. Il nous régale avec des intrigues embrouillées à souhait. A l’époque, il n’y avait pas des Experts qui, avec un brin d’ADN, peuvent dire à qui appartient un cadavre. Alors, à l’époque, on ne pouvait faire que des suppositions et Raoul et Baruteau se perdent en conjectures. Qui est ce cadavre découvert dans la propriété du riche Castellain ? Sa soeur, qu’il aurait fait disparaître pour garder tout l’héritage ? Ou quelqu’un d’autre ? Mais qui ? Et qui a écrit la lettre anonyme qui a mis la police sur la piste de ce squelette ? Et qui a fait sauter le carrier qui a travaillé au domaine ? Les deux affaires sont-elles liées ? Sans oublier les séances de spiristisme où apparaissent de bien étranges fantômes. Il nous régale grâce l’humour qui baigne tout le roman qu’on lit avec, bien souvent, un sourire aux lèvres. Il faut lire le dialogue du chapitre 10, où Raoul propose à Cécile de partir en voyage à Alger ! Quel délice ! Et les joutes verbales entre Raoul et Baruteau ! Je ne vous dit que ça ! Et les clins d’oeil : un des personnages se nomme Danbrone ! Cela ne vous dit rien ? Il nous régale aussi avec les petits plats que mitonne Thérèse Baruteau : Ah ! la recette des alouettes sans tête ! Il nous vient l’eau à la bouche ! Sans oublier celle de la soupe au pistou ! Il nous régale par l’évocation de cette époque qui trouve un écho à des préoccupations contemporaines, comme ici, la conquête coloniale ou bien par des détails historiques qu’il glisse avec adresse au cours du récit et l’enrichit sans en détruire le rythme. Comme vous l’avez compris, ce livre, comme ceux qui le précédent, est un vrai régal de lecture et déjà on a envie de dire : A quand le prochain ? |
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