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SYLVIE COHEN |
La Splendeur Des égarésAux éditions LES CHEMINS DU HASARD |
1247Lectures depuisLe jeudi 28 Juin 2018
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Une lecture de |
Parution le 1er mars 2018. 178 pages. 16,50€. ISBN : 979-1097547042 Les adolescents ont une vie qui ne ressemble pas à celle des adultes… La foule s’agglutine sur la place del Popolo, en ce 14 août 2000, à l’occasion du Jubilé lors des XVe journées mondiales de la jeunesse. Nathan Durer, journaliste, déambule tranquillement et bientôt il est le spectateur d’un incident dramatique. Un adolescent vient de s’immoler, et il ne peut s’interposer et étouffer les flammes, étant trop loin de la victime. Nathan Durer est dans la ville papale à l’invitation de son ami Adam Kesh et alors qu’il prend un pot à l’hôtel en sa compagnie, un homme est près d’eux, buvant plus que de raison. William, un gynécologue, vient de perdre son fils et attend Helena, sa femme, qui est complètement effondrée. Son ex-femme. Malgré les rapports de police, et l’autopsie qui démontre clairement l’identité du gamin, Helena n’accepte pas l’idée que le suicidé soit son fils. Elle le cherche partout, et s’abrutit à l’alcool. Elle est désespérée et Nathan tente de lui remonter le moral. Mais elle sait bien le faire, seule, à coups de boissons éthyliques. Quant à William, il cuve sur son lit, Adam l’ayant pris en charge. Considérant qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire, Adam Kesh et Nathan Durer décident de passer la main.
Un an plus tard. Helena et Nathan vivent dans la même ville, Portville, sur la Méditerranée. Parfois Helena téléphone à Nathan, elle parle d’un certain Franck Wallace, joueur de poker. Elle est toujours à la recherche de son fils, elle annonce qu’elle va être hospitalisée. Nathan écoute. C’est tout. Pour lui la vie continue et les échanges s’espacent.
Nathan a divorcé depuis des années, mais une chose est sacrée. Recevoir ses enfants, un garçon et une fille. Il ne les voit pas assez souvent à son goût, mais il est obligé de se plier à leur désir d’indépendance. Marie qui vit une histoire d’amour contrariée. A seize ans. Son copain vient de la laisser tomber au profit d’une autre qui sûrement ne lui arrive pas à la cheville. Nathan ne peut que compatir. Et un matin Marie est retrouvée sur la plage. Petit dauphin échoué, noyé. Et Nathan est noyé par le chagrin. Alors il se rend compte qu’il possède un point commun avec Helena. Ils ont perdus tous les deux un enfant dans des conditions presque similaires. Un accident pour Marie, paraît-il. A moins que… Non il ne s’agit pas d’un meurtre. Peut-être autre chose. Ne pas mettre de mot, cela fait encore plus de mal. Alors il décide de retrouver Helena et il accumule les témoignages de personnes l’ayant connue. La quête n’est pas aisée, mais Nathan est pugnace. Wallace, le joueur de poker, lui délivre des informations. Et péniblement Nathan gratte, voyage, récolte des témoignages. A Miséricorde, une petite bourgade du Nord-est de la France où William exerce ses talents de gynécologue. Et autres pratiques… Son cabinet ne désemplit pas. Nathan croit avoir retrouvé Helena, mais est-ci bien elle ? N’est-ce pas un fantôme qu’il poursuit ? Une quête bouleversante à la recherche du temps perdu, d’une fille perdue, d’un fils perdu. De la genèse de l’enfance d’Helena. Peut-être.
Sylvie Cohen tisse son histoire comme on tisse un carré de soie, mais les couleurs ne sont pas chatoyantes. C’est sombre, très sombre. Et ce carré de soie que l’on voudrait doux au toucher est parfois râpeux. Il accroche les sentiments. Il est quelque peu effrangé, effiloché. Une trame consistante qui est servie par une écriture éfaufilée, et qui serait ravaudée à gros points, à coups de poings, comme pour mieux cogner l’esprit du lecteur, lui asséner une réalité dont on ne trouve la juste précision que lorsqu’on y est directement confrontée. Le désarroi d’un père, celui d’une mère en filigrane, Helena laissant peu à peu la place à Nathan. Un livre fort, poignant, servi par un texte torturé.
L’illusion est la religion de l’espoir pour ceux qui n’ont plus rien.
Il est plus facile de se confier à des inconnus, on y puise toujours un réconfort, on sait qu’on ne les reverra jamais.
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