|
|
LUCIENNE CLUYTENS |
La Mort En GuêpièreAux éditions RAVET-ANCEAU - POLARS EN NORD |
1606Lectures depuisLe dimanche 7 Septembre 2014
|
Une lecture de |
Parution le 18 novembre 2011. 258 pages. 11,00€. La guêpière, le frelon aujourd'hui... Se retrouver à la baille, un soir de cuite, cela peut arriver. Se noyer par la même occasion, aussi. Mais laisser vierges de toutes empreintes, le volant de son véhicule et les poignées des portières, c'est vraiment dépasser les bornes. Le cadavre retrouvé dans les eaux de la Deûle n'a pas apprécié ce bain de minuit. Il s'agit de Magnard, un jeune loup aux dents longues qui fêtait sa toute nouvelle promotion à CPT (Crédit pour Tous), en compagnie de quelques collègues. Vaillant et Ponçon n'ont pas participé aux libations, frustrés de s'être laissés distancés alors que la place leur était promise par voie de ricochet. Un avancement qui tombe à l'eau. Ils se sont vaguement réconfortés dans un autre bar et éméchés ils sont rentrés chez eux. A près de 1 heure du matin pour Vaillant qui ne l'était guère mais a réussi à faire croire à sa femme Marie-Noëlle qu'il n'était que 23h15. Enfin c'est ce qu'il pense car subrepticement elle a consulté son réveil. Le capitaine Marc Flahaut de la PJ de Lille hérite de ce dossier à peine rentré du Québec où il a passé quelques jours en compagnie de son amie, restée elle sur place. Normalement ce sont les agents de la Sûreté qui devaient démêler tout ça mais ils sont débordés, manque récurrent d'effectifs. Tout naturellement il entame son enquête en se rendant sur place, recueillant le témoignage de la vieille dame qui a signalé la présence inhabituelle d'une voiture sur les berges de la Deûle, un endroit calme et guère fréquenté. Outre le manque d'empreintes, des fils de tissu, provenant probablement d'un costume bleu, ont été relevés sur la banquette par la Scientifique. Puis il interroge les deux principaux intéressés, les bénéficiaires de cette mort, les sieurs Vaillant et Ponçon, ainsi que leurs femmes. Marie-Noëlle se contente de réciter la leçon apprise concernant l'heure de rentrée ainsi que sur quelques petits détails. Elle a travaillé comme enseignante avant son mariage mais depuis son mari préfère qu'elle reste à la maison à élever leurs trois enfants. Toutefois elle s'est dégottée une petite occupation. Elle donne des cours d'alphabétisation à Lambersart à des personnes en difficulté, des adultes principalement. Elle y a fait la connaissance de Nassima, fille d'émigrés, la trentaine avancée, qui la prend sous sa coupe. Or Nassima, qui travaille dans une boîte d'informatique connait bien les cadres de CPT car elle est amenée à installer des logiciels sur les ordinateurs. Et elle surprend certaines conversations qui l'interloquent. Flahaut fait la connaissance de Nassima et c'est un peu grâce à elle qu'il va continuer son enquête, en marge car non seulement d'autres affaires le requièrent mais de plus il en est dessaisi au profit de la Sûreté qui a récupéré son effectif. Si le lecteur se doute dès le départ de l'identité du ou des meurtriers de Magnard, l'intérêt du roman se porte non seulement sur la façon de procéder et les circonstances de découvertes des preuves mais également sur les à-côtés. L'ambition démesurée d'un jeune cadre dynamique qui veut tout révolutionner, afin d'obtenir de l'avancement en marchant sur les pieds de ces collègues. Mais aussi sur cette antinomie comportementale entre deux femmes, Nassima et Marie-Noëlle. Nassima est une femme libérée, émancipée mais en proie au doute et au stress, se rongeant les ongles à longueur de temps. Marie-Noëlle est soumise au diktat de son mari, un peu nunuche, simple et naïve. Et Nassima va la bousculer, lui insufflant le goût d'écrire des textes afin de lui permettre de se rendre compte qu'elle est capable de s'extérioriser, de sortir d'une léthargie peut-être confortable mais guère enthousiasmante. Des nouvelles gentiment érotiques qui comblent un vide charnel. Et comme Marie-Noëlle n'est guère délurée Nassima va même jusqu'à l'emmener dans un commerce de vente de lingeries fines et coquines. Ce qui justifie le titre de ce roman qui à l'origine devait s'appeler La guêpière de velours rouge. Ce qui eut été pas mal non plus. Elles représentent les deux facettes sociales qui vont à l'encontre des idées reçues. Mais certains événements éclairent aussi les débordements des cités et surtout l'origine de certaines de ces manifestations dont la genèse n'est pas souvent imputables à des énergumènes ciblés par les rumeurs malsaines. Un roman plus profond qu'il y parait, engagé, et mettant en lumière des idées préconçues qu'il faudrait parfois évacuer. Nous sommes dans le cadre d'un roman humain, humaniste même, qui peut déranger des intégristes confits dans leurs convictions, loin de l'humour qui se déploie avec saveur dans un autre roman de Lucienne Cluytens : Miss Lily-Ann. Et souvenez-vous que souvent les apparences sont trompeuses. |
Autres titres de |