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Julien CAPRON




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

En couple avec Perrine, actuellement enceinte, Léandre Batz est âgé de trente-neuf ans. C’est un journaliste d’investigation assez désabusé. L’immédiateté spectaculaire remplace les sujets de fond, ce qui le navre et c’est pourquoi il gagne mal sa vie. Son frère Robin, de cinq ans son cadet, a été plus avisé en se lançant dans l’informatique, en imaginant une application qui lui a apporté la fortune. Pas forcément le bonheur, car il a divorcé de son épouse Manon. L’invention de Robin, c’est l’appli pour smartphones eVal.

Ça centralise toutes les opinions dans tous les domaines, en France et dans le monde. En particulier sur les êtres humains : nous voilà tous jugés et notés par des inconnus maniant cette appli. La nOte est le principal marqueur social, améliorant ou dégradant les réputations. Selon Robin Batz, le système est hautement sécurisé et sans faille. C’est en partie vrai, mais ça n’empêche pas les dérapages par des notations injustifiées.

Le problème s’est produit pour Olivia Muller, quadragénaire brune, une des figures de la Comédie-Française. Elle vient de se voir refuser le droit à l’adoption : sa nOte est trop basse. Même les autorités se basent sur les données d’eVal ! La comédienne se confie à Léandre Batz. Voilà un sujet qui l’excite diablement. D’autant que son frère Robin est l’initiateur d’eVal. Tous deux sont devenus étrangers l’un à l’autre, avec une certaine dose d’hostilité. Pour Léandre, Robin n’est pas loin d’incarner le pire de notre époque.

Le journaliste s’avoue peu compétent en la matière. Mais les arcanes informatiques sont la spécialité d’une de ses amies, Sixtine de Montaigu, dite Sixt, splendide blonde âgée de vingt-quatre ans. Léandre convainc Sixt de tenter une intrusion dans le système eVal, mais ils sont tout de suite repérés, refoulés et identifiés. Léandre ne peut espérer que son frère soit coopératif pour accéder aux données d’Olivia Muller, il le sait d’avance.

Cette nOte ne vient-elle pas d’une affaire survenue au sein de la Comédie-Française ? Le cas de Guillemette Silva, trente ans de carrière dans cette institution, fut étudié par un comité auquel appartenait Olivia Muller. Complot interne et trahison ? La vérité est bien plus simple, mais elle est censée rester entre Guillemette et Olivia. C’est en se plongeant dans l’ambiance du théâtre que Sixt a des chances de comprendre ce qui se passe. Des complications se présentent pour Robin. Les entreprises faisant de gros bénéfices attirent les convoitises, et surtout les coups bas. Pour riposter, le pragmatisme s’impose.

Léandre et Perrine ne sont pas exempts de sérieux tracas, eux non plus. Néanmoins, le journaliste interroge des gens ayant connu Olivia. Tel son ancien mari, prof et écrivain, ou un comédien ayant débuté en même temps qu’elle, ainsi que l’ex-agent de l’artiste, au temps où son potentiel lui aurait permis de devenir star de cinéma. Léandre et Sixt collectent les éléments pour cerner le caractère d’Olivia, envisager de vieilles rancœurs…

(Extrait) “J’admets que ma vision était encore un peu complexe et abstraite à ce stade. Il me restait en tout cas du travail pour en détailler l’application dans le cas d’Olivia. Je n’en avais pas moins acquis les certitudes suivantes : la chronologie de la baisse de la nOte d’Olivia ne pouvait être due au hasard ; le dépôt d’un dossier d’adoption était en soi un événement trop confidentiel et restreint pour entraîner un bashing dont personne ne voyait par ailleurs le motif, c’était donc bien d’une affaire relative au comité et à la Comédie Française que tout était parti. Et j’étais certaine que cela avait à voir avec l’âme des lieux, qui étaient tout entier dévolus à la production de sens, comme nous l’avons dit. C’était donc à un échec dans cette production ou, selon ma théorie, à une confusion dont l’art signifie et celle dont le réel signifie, que l’attaque sur la nOte devait être due. Certes, je n’avais pas encore de preuve et il était toujours possible que mon imaginaire, disons philosophique, commette à son tour la faute de se plaquer sur la réalité.”

Vers le milieu du 20e siècle, une grande question interpella les esprits : dans un avenir plus ou moins proche, les robots humanoïdes allaient-ils remplacer les êtres vivants ? Perdrait-on le contrôle de ces machines ? Non, ce que l’on avait fabriqué, on pourrait le détruire, l’annihiler. Quant à cette télévision qui allait bien vite entrer dans tous les foyers, il suffirait de l’éteindre pour ne pas dépendre des infos qu’elle distillait. Notre intellect serait donc toujours plus fort que ces inventions qualifiées de modernes. Des ordinateurs furent capables de battre certains champions internationaux de jeux d’échecs, mais cela ne semblait qu’anecdotique. La miniaturisation d’appareils permit leur commercialisation auprès du grand public. Tout ça devenait individuel et portable, pratique et facile. Mais pas question d’admettre un risque d’addiction. Non, non, on maîtrisait la chose !

Rester en contact, être toujours connecté, formidable avancée pour beaucoup d’entre nous. Et puis, ces réseaux sociaux où l’on peut plus ou moins anonymement donner son opinion sur tout et son contraire, magnifique progrès. Dès que les médias brandissent leur slogan favori, "polémique sur…" tel ou tel sujet, on réagit en donnant un avis définitif, teinté d’une subjectivité partisane, niant toute contradiction. Sur les pages personnelles comme sur les forums, davantage d’invectives que d’arguments sensés. On ne connaît rien ou quasiment au thème traité, mais on s’exprime, négativement la plupart du temps. Quant aux "applications", il n’est pas faux qu’elles simplifient des démarches, des prises de rendez-vous, l’obtention de renseignements, des achats ou des locations, entre autres. Simple et rapide. Addictif, toujours pas puisque c’est juste un outil utile, répond-on.

Jusqu’à quel point ces utilisations ordinaires envahissent-elles nos vies privées ? On pense à ceux qui, naguère, affirmaient que la publicité ne les influençait pas, mais qui achetaient les produits en question. L’impact est d’autant plus permanent, qu’une idée de normalité s’est installée dans nos comportements, par rapport à ces appareils. On se fiche totalement de gêner autrui en téléphonant n’importe où dans l’espace public, voire d’être dangereux au volant en conversant avec son portable. On poste sur les réseaux des photos familiales ou même intimes, sans se soucier des conséquences. Explosés, la confidentialité et le mur de la vie privée. Être réticent, ça vous classe parmi les rétrogrades, les asociaux. Puisqu’on vous dit que c’est ainsi qu’il faut faire, que les fonctions de ces appareils nous sont nécessaires !

La prochaine étape est-elle celle que décrit Julien Capron ? Le moindre quidam sera-t-il noté selon son image publique, sa présence sur les réseaux sociaux ? Va-t-on devoir se soumettre au jugement collectif, via des applications dédiées ? Ça existe concernant des célébrités, quand la population commente avec humour ou sans pitié leurs faits et gestes. Cela nous guette-t-il tous ? C’est à craindre. Mentions judiciaires (parfois mensongères) et origines ethniques ou options religieuses sont déjà tolérées dans certains pays. On ira plus loin, c’est sûr, dans une déshumanisation par l’affichage de nos "profils". Pourtant, malgré les logiciels et les algorithmes sophistiqués, beaucoup d’infos sont modérément fiables, à vérifier par soi-même quand c’est possible. C’est une sorte de robotisation à encadrer. La liberté d’expression n’autorise pas calomnies et diffamations.

Ce "polar d’anticipation" précède probablement la réalité de demain, d’un futur qui est sans doute déjà en place. C’est évidemment un suspense, avec son intrigue. Soulignons la forme narrative choisie par l’auteur, un chassé-croisé de témoignages par chacun des protagonistes. Non pas un puzzle, plutôt une prise de parole en mode kaléidoscope, par Léandre, Sixt, Robin, Olivia, etc. On avance dans une enquête tâtonnante, entre les vies concrètes et numérisées, sans négliger un côté plus personnalisé pour eux. Car ce sont encore les humains qui manipulent les machines, même s’agissant d’Internet et d’excès néfastes que ça peut engendrer. Un roman vif qui ne manque pas d’originalité, soulevant quelques interrogations bienvenues. À n’en pas douter, il y aura une suite, tant mieux !

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