Un groupe de rock se forme par des rencontres. C’est ce qu’explique Alban, racontant l’itinéraire des membres de “Last Exit to Brest”. Cet agent de sécurité, un colosse de 45 ans, est devenu leur manager. Il a l’air d’une brute, mais Alban est un poète qui préfère les mecs. Il a été l’amant de Gabriel, pianiste de jazz assassiné. Le QG du groupe, c’est le bar Le Larsen. Charlène, la chanteuse, manque de grâce mais pas de voix. L’obèse Loïc, le bassiste, co-patron du bistrot, est l’heureux compagnon de la belle Bertille. Yann est autant photographe que guitariste. Le mutique Bertrand est leur batteur. Malgré un médiocre pedigree, Denis est le fédérateur qui a permis au groupe de progresser, d’abord sous le nom de “DJ and Co”. La presse locale a relaté quelques faits divers. Les rockers de “Last Exit…” ne sont pas totalement étrangers aux crimes évoqués. Le meurtre de Gabriel concerne Alban, bien qu’innocent. Un détective privé enquête, sans préciser son but réel. Quand un cadavre est retrouvé dans les eaux de l’Elorn, on ne tarde pas à arrêter Denis. Le musicien n’est sans doute pas le principal responsable de ce mortel lynchage. Ty Josse, le frère de Bertille, a récemment touché le pactole. Ce qui n’impressionne guère le groupe de rock, qu’il admire. Ex-flic, le détective connaît bien Zadikian, caïd brestois dangereux. Avec ses porte-flingues, le truand menace les musiciens... A Brest, comme ailleurs, la vie culturelle et musicale est centrée autour de certains bars, semblables au Larsen. Il y règne une intensité artistique, même si on y crée peu. Cet univers sert de décor à ce noir puzzle, bel exemple de “Rock’n’polar”. L’atmosphère très crédible est, évidemment, un atout majeur. Dans un premier temps, Alban nous livre l’historique du groupe, grâce à de savoureux portraits – entre grande tendresse et ironie légère. Toutefois, la mort rôde, via des articles de presse. La face B, 2e partie du récit, restitue l’enchaînement des faits. Peut-être manque-t-il une bonne dose de cynisme ? Bien maîtrisée, l’intrigue est aussi sinueuse que captivante. (Prix du Goéland Masqué 2007, Penmarc’h)
|
Autres titres de claude bathany
Country Blues |