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PHILIPPE BRADFER |
Les Noirceurs De L'aubeAux éditions LUCE WILQUINVisitez leur site |
1789Lectures depuisLe mercredi 24 Octobre 2007
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Une lecture de |
En Champagne-Ardenne, cinq lieux de mémoire sont profanés la même nuit, visant la communauté Juive. Les inscriptions ne laissent aucun doute, c’est la signature de fanatiques néo-nazis. La date de ces saccages est aussi symbolique. Ce ne sont pas les premiers cas, mais cette opération apparaît mieux préparée. A Reims, le commissaire Lartigue s’occupe de l’affaire. Certains détails sont plutôt des références au pétainisme qu’à l’idéologie hitlérienne. Le policier sent planer la menace d’une nouvelle peste brune. Un curieux article de presse confirme son impression. Le jeune Martin reste traumatisé par l’accident mortel dont a été victime sa sœur deux mois plus tôt. Il culpabilise de n’avoir su la protéger. Une illustration du livre “l’Apocalypse” le trouble : c’est l’image du Bien contre le Mal. Autour de lui, plusieurs personnes auraient besoin qu’on les libère d’êtres malfaisants. Il se lie aussi d’amitié avec des SDF, fédérés par l’humaniste Abélard. Ce dernier devine la souffrance de Martin. Il craint que la haine l’aveugle. Bientôt, la police doit enquêter sur deux meurtres, des hommes étranglés de façon similaire. Connu des RG, Régis est le meneur d’une bande de néo-nazis. Il est introuvable, ainsi que trois de ses amis. Gilles appartient à ce groupe. Le jeune homme obéit à d’autres motivations. Son idéal patriotique est hérité de la mémoire familiale, confinant au passéisme obscur. Un de ses anciens professeurs s’est interrogé à son sujet. Abélard mobilise son monde pour une manifestation contre le racisme. Martin est avec eux. Pourtant, cette mission qui l’habite le pousse à agir concrètement. La police sait qu’une nouvelle vague de profanations va se produire... Hélas, la nébuleuse des nostalgiques du nazisme n’est ni un fantasme, ni une invention littéraire. Prônant la supériorité raciale, des groupuscules actifs sèment une propagande larvée, minant les démocraties. Parfois, ils vont jusqu’à la provocation violente. Nationaliste par tradition, Gilles est l’exemple du militant ne mesurant pas les dangers de l’extrémisme. S’imaginant justicier, Martin pense supprimer les agents du Mal, haine contre haine. Lorsqu’on traite un thème fort comme celui-ci, il est difficile de ne pas sembler schématique, voire moralisateur. Néanmoins, c’est un authentique et captivant suspense noir que nous propose l’auteur. La tension monte tandis que l’enquête progresse, jusqu’à l’inévitable affrontement. Un roman haletant et tourmenté, avec d’utiles rappels historiques. |