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GERARD BOURSIER |
L'affaire Du Bois BleuAux éditions NOIR DELIREVisitez leur site |
5389Lectures depuisLe mercredi 3 Janvier 2007
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Une lecture de |
L’affaire du Bois Bleu n’était qu’un crime local, un tragique faits divers. Une simple enquête bien menée aurait permis de trouver assez vite la vérité. L’inverse se produisit. On donna à ce meurtre et à son contexte des proportions exagérées. On orienta l’enquête, uniquement à charge. Même la presse nationale l’évoqua largement. Les faits : M.Segrétin, employé de la Société Générale à La Guerche, disparaît le 2 novembre 1965 au soir. Deux jours plus tard, son cadavre est découvert calciné dans sa 2 CV de fonction, à l’orée du Bois Bleu. Sa serviette contenant de l’argent a été volée. On interroge la population de cette petite ville située entre Nevers et Bourges. Très rapidement, le commissaire A. soupçonne Monique Case, qui tient avec son mari une boutique de photographe. Le comportement (trop ?) libre de la jeune femme lui paraît suspect. On ne badine pas avec la moralité, à l’époque. N’ayant pas la moindre preuve concrète, les policiers font courir des bruits sur Monique Case, attisent les commérages et les rumeurs, influencent les improbables témoignages, laissent filtrer des infos pour les journaux. L’intéressée nie avec une conviction qui trouble certains enquêteurs. Mais la police a choisi sa coupable : Monique la diabolique, qui collectionne les amants. Le gendarme Jules Barrault, qui participa aux premières constatations, est accusé d’être son complice. Certes, ils sont proches, et leurs emplois du temps méritent vérification. Bien que rien de précis ne les accuse, ils sont pourtant inculpés et mis en prison préventive. Heureusement, la juge d’instruction est intègre et juste. La compétence de Mlle Chouvelon tranche avec la position bornée du commissaire A. Elle ne croit guère aux détails scandaleux et scabreux accablant Monique Case. Ces témoignages fantasmés, elle va les réduire à néant. Elle reconstitue exactement les faits et les emplois du temps. Une nouvelle équipe d’enquêteurs découvrent enfin une piste sérieuse. Mais, pour Monique Case, le mal est fait… Cette affaire est aujourd’hui oubliée du grand public, mais pas de ses protagonistes. Elle illustre parfaitement les risques d’erreurs judiciaires ; nul n’est à l’abri. Par chance, la juge fut plus inspirée (et plus psychologue) que le commissaire. Qu’un policier trop sûr de son hypothèse fabrique ou suscite des indices semble impensable. On voudrait espérer que, quarante ans plus tard, ce genre de cas ne se reproduira plus, mais on se souvient d’Outreau. Documents à l’appui, Gérard Boursier retrace avec justesse cette curieuse histoire vraie. C’est digne d’un roman noir à suspense ! |