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ALINE BAUDU |
Les épluchuresAux éditions SKAVisitez leur site |
401Lectures depuisLe vendredi 12 Mars 2021
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Une lecture de |
suivi de Chez Gino. Collection Mélanges. Editions SKA. Parution 31 décembre 2020. 14 pages. 2,99€. ISBN : 9791023408461 Les vieux ne meurent pasIls s'endorment un jour et dorment trop longtempsIls se tiennent la mainIls ont peur de se perdre et se perdent pourtantEt l'autre reste là Jacques Brel En réalité, ceux que l’on appelle seniors sont des vétérans de la vie… En voici deux exemples. Les épluchures : Arrivés, péniblement, à la retraite, ils font et refont les mêmes gestes qu’au début de leur union. Pas tous, évidemment, ou du moins pas aussi souvent, mais la routine s’est installée. Elle épluche les légumes et place les détritus dans un récipient. Lui, comme avant se confine dans son jardin. Il bêche, sème, sarcle, bine, récolte. Et la vie s’écoule sans incidents notables, jusqu’au jour où il se rend compte que les travaux ménagers et culinaires dont sa femme était chargée, selon une routine bien établie, ne sont plus réglés comme auparavant. Elle a la mémoire qui flanche, pourtant elle ne s’appelle pas Jeanne Moreau, et tout va à vau-l’eau.
Chez Gino : Ce soir on sort Mémé. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu Lou, sa petite-fille. Alors elle va en famille au restaurant, Chez Gino. Oh, ce n’est pas le plus sélect des établissements de la ville, elle aurait préféré autre chose, mais quand on est en chaise roulante, il faut bien s’adapter. Les vieux doivent s’accommoder des petits désordres du quotidien, aux inconvénients liés à la santé en perdition. Ils ont déjà tant vécu qu’ils peuvent encore faire un effort, même sur la nourriture.
La vie au quotidien, avec ses hauts et ses bas, surtout ses bas, lorsqu’on avance en âge. Aline Baudu décrit avec sensibilité, tendresse, justesse, les petits faits qui régissent un parcours qui touche au but. Un but, une fin, que l’on ne s’est pas fixé mais qui est inexorable. Et lorsque l’on est arrivé à l’âge des personnages qu’Aline Baudu met en scène, on est frappé par le regard incisif et affectif qu’elle porte sur ces « petits vieux » et l’on se demande si nous ne sommes pas le reflet de ceux et celles qui deviennent, malgré eux, des « héros » du quotidien. On compare, et à peu de choses près, on se sent solidaire de ceux qu’elle prend pour figurer sur la photo des souvenirs. Photo déjà un peu jaunie, et qui sera placée sur une étagère puis dans un tiroir. Et pour paraphraser Adolphe Dumas (aucune parenté avec Alexandre Dumas) dans Le camp des croisés : Je sortirai de la vie, mais quel que soit mon sort J'aurai montré, du moins, comme un vieillard en sort » Et arrivé à cet âge pas encore canonique mais presque, on peut toujours rire de soi et se permettre un kakemphaton. Tant que la mémoire sollicitée reste disponible. |
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